L'édition 2020 du rapport de l'Observatoire des inégalités pointe des difficultés particulières pour les territoires d'Outre-mer qui compteraient au moins 950 000 personnes pauvres. La Réunion et la Martinique sont particulièrement touchées, mais il manque encore des données d'ensemble.
La récession économique liée à la crise sanitaire n'aura sans doute pas amélioré la situation en 2020, mais les chiffres de l'année 2018 donnés dans le rapport annuel de l'Observatoire des inégalités sont déjà très éloquents. Publié le 26 novembre, il montre que la France comptabilisait au moins 5,3 millions de personnes pauvres, c'est à dire vivant sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian, soit 8,3 % de la population.
Et l'Observatoire d'ajouter face à la difficulté d'identifier précisément les personnes concernées : "le nombre de pauvres est certainement supérieur d’au moins un million par rapport aux données officielles de la pauvreté." Fin 2020, on pourrait compter entre 800 000 et 900 000 nouveaux chômeurs et la CAF recense d'ores et déjà environ 400 000 nouveaux bénéficiaires du RSA.
Avec respectivement 25% et 18,8% de leur population sous le seuil de pauvreté, La Réunion et la Martinique se situent en première et deuxième positions des régions où la pauvreté est la plus élevée. "Autrement dit, à La Réunion, un quart des habitants (soit près de 220 000 personnes) vivent avec moins de 867 euros par mois", note le rapport. En Martinique, cela concerne environ 60 000 personnes.
Problème : pour Mayotte et la Guyane, "probablement dans des situations encore plus dramatiques", les chiffres existants ne sont donnés que pour le seuil à 60%. Mais si l'on prend ce seuil, le taux de pauvreté passe à 33% pour la Martinique et 77% pour Mayotte, et représente 950 000 personnes dans tous les territoires ultramarins. Pour la Guyane et la Guadeloupe, il se situe respectivement à 53% et 34%.
Hervé Guéry, économiste et directeur du Centre d’observation et de mesure des des politiques sociales, explique pourquoi le traitement des donnée sur la pauvreté en Outre-mer peut manquer de pertinence. Il est interrogé par Kessi Weishaupt :
Hervé Guéry note aussi les spécifités de chaque territoire : "Si vous prenez la Guyane ou si vous prenez Mayotte, on a des effets liés aux phénomènes migratoires avec une population qui arrive, sans ressource, et se retrouvent rapidement dans une situation de pauvreté qui s'ajoutent à la part de pauvreté de ces territoires."
Et l'Observatoire d'ajouter face à la difficulté d'identifier précisément les personnes concernées : "le nombre de pauvres est certainement supérieur d’au moins un million par rapport aux données officielles de la pauvreté." Fin 2020, on pourrait compter entre 800 000 et 900 000 nouveaux chômeurs et la CAF recense d'ores et déjà environ 400 000 nouveaux bénéficiaires du RSA.
Des chiffres importants...
Cette pauvreté est particulièrement notable dans les territoires d'Outre-mer et les données, qui n'étaient jusqu'alors pas prises en compte par l'Insee dans ses calculs à l'échelle nationale, pourraient faire remonter les chiffres de la pauvreté en France.Avec respectivement 25% et 18,8% de leur population sous le seuil de pauvreté, La Réunion et la Martinique se situent en première et deuxième positions des régions où la pauvreté est la plus élevée. "Autrement dit, à La Réunion, un quart des habitants (soit près de 220 000 personnes) vivent avec moins de 867 euros par mois", note le rapport. En Martinique, cela concerne environ 60 000 personnes.
Les niveaux de pauvreté ultramarins sont à des années-lumière des taux affichés par les Pays de la Loire ou la Bretagne, par exemple, où les taux oscillent autour de 6 %, c’est-à-dire un niveau quatre fois moins élevé qu’à La Réunion.
...mais incomplets
L'Observatoire a choisi de ne garder que les données qui sont calculées sur le seuil de pauvreté fixé à 50% du niveau médian, et non à 60% comme le fait l'Insee. "Le seuil de pauvreté de 60 %, qui dépasse légèrement les 1 000 euros mensuels pour une personne seule, prend en compte des situations sociales très hétérogènes", explique-t-on dans le rapport. Un "mélange de situations sociales très différentes" qui "entretient la confusion".Problème : pour Mayotte et la Guyane, "probablement dans des situations encore plus dramatiques", les chiffres existants ne sont donnés que pour le seuil à 60%. Mais si l'on prend ce seuil, le taux de pauvreté passe à 33% pour la Martinique et 77% pour Mayotte, et représente 950 000 personnes dans tous les territoires ultramarins. Pour la Guyane et la Guadeloupe, il se situe respectivement à 53% et 34%.
Hervé Guéry, économiste et directeur du Centre d’observation et de mesure des des politiques sociales, explique pourquoi le traitement des donnée sur la pauvreté en Outre-mer peut manquer de pertinence. Il est interrogé par Kessi Weishaupt :
Neuf communes réunionnaises parmi les plus pauvres
L'Observatoire recense également les communes les plus pauvres parmi les villes de plus de 20 000 habitants. Cinq communes de La Réunion sont en tête de ce classement : Le Port, Saint-Benoît, Saint-Louis, Saint-André et Saint-Joseph, avec des taux de pauvreté de 46% et 47%. "Des niveaux de pauvreté trois fois plus élevés que la moyenne nationale (14 % en 2017)", souligne le rapport. Au total, neuf communes réunionnaises font partie du classement. Avec 49 000 personnes pauvres, le chef-lieu de l'île, Saint-Denis, arrive huitième au classement des personnes qui comptent le plus de personnes pauvres.Comment expliquer cette pauvreté accrue ?
Pour l'économiste Hervé Guéry, plusieurs éléments expliquent la pauvreté particulière dans les Outre-mer. L'un deux est la prégnance des familles monoparentales dans les Outre-mer, les ménages les plus pauvres aujourd'hui en France. "À Fort-de-France, on a quelques quartiers où 70% des familles sont en situation de mono-parentalité", explique-t-il.Hervé Guéry note aussi les spécifités de chaque territoire : "Si vous prenez la Guyane ou si vous prenez Mayotte, on a des effets liés aux phénomènes migratoires avec une population qui arrive, sans ressource, et se retrouvent rapidement dans une situation de pauvreté qui s'ajoutent à la part de pauvreté de ces territoires."