"Nous devons pouvoir toucher les personnes les plus éloignées du droit, les personnes âgées, précaires, handicapées", assure Claire Hédon. La défenseure des Droits a salué le "succès" de la plateforme digitale anti-discriminations, à l'occasion d'une conférence de presse ce mercredi. Elle a dressé le bilan, un an après son lancement.
À l'origine, Emmanuel Macron a lancé ce site internet après l'agression de Michel Zecler, un producteur de musique martiniquais tabassé dans son studio de musique parisien par trois policiers, en décembre 2020. Pourtant, seuls "5% des appels" concernent un manque de déontologie des forces de sécurité.
7 096 dossiers traités
La plateforme en ligne a principalement été saisie pour "des questions d'emploi, d'accès au logement et aux biens et services". Ainsi, "plus de 50% des appels concernent une discrimination au travail", "liés à l'origine ou au handicap de la victime".
Claire Hédon a affirmé que "7 096 dossiers de faits de discriminations ont été traités" en 2021. Un chiffre "en hausse de 25%" par rapport à 2020, selon la Défenseure des Droits.
Si 60% des médiations aboutissent, d'autres dossiers sont réorientés vers les tribunaux. Lorsque Sofiane* a contacté la plateforme antidiscriminations.fr pour y exposer un problème d'accès au logement du fait de son origine, la médiation a échoué. "Le propriétaire affirmait qu'il ne voulait pas d'un locataire noir", souffle Claire Hédon. "Son attitude délictuelle" a justifié la transmission du dossier "au procureur de la République".
Sophie* a également eu recours à la plateforme numérique, après s'être vue refuser l'accès à un festival du fait de son handicap. Elle a suivi un processus de médiation avec l'organisateur du festival et a finalement obtenu "un remboursement" et un engagement du festival "à travailler sur l'accessibilité pour la prochaine édition", détaille Mme Hédon.
Aller plus loin dans la lutte
Un rapport publié par la Défenseure des Droits et l'Organisation internationale du travail en décembre l'atteste : " Un jeune (de 18 à 34 ans) sur 3 dit avoir été victime de discrimination au travail", mais 4 sur 10 n'ont rien fait pour le dénoncer, souligne Claire Hédon. "Il n'est pas possible de faire porter le poids de la lutte sur les seuls recours des victimes", ajoute Claire Hédon, qui réclame, entre-autres, la mise en place par le gouvernement d'un "Observatoire des discriminations" pour les évaluer.
*Les prénoms ont été modifiés.