La sauteuse en longueur martiniquaise Maëlly Dalmat aborde Paris 2024 sans stress mais déterminée

La Martiniquaise Maëlly Dalmat avec son maillot de club de l'Amiens Université Club.
À 21 ans, elle sait déjà gérer la pression. La Martiniquaise Maëlly Dalmat l'a appris depuis longtemps. Grâce à un entraîneur qui a littéralement transformé et façonné la sauteuse en longueur. De quoi aborder les JO de Paris 2024 dans les meilleures conditions. Même si le défi est de taille.

Le stress ? No stress. Maëlly Dalmat ne connaît pas ce fléau des temps modernes. La Martiniquaise a découvert l'antidote, il y a bien longtemps déjà. "J'ai appris très tôt à gérer la pression. Grâce à mon ancien coach. Il m'a fallu trois ou quatre ans. Aujourd'hui, que ce soit en club ou avec le maillot tricolore, c'est pareil. Je sais rester zen. Alors que sur un concours, la partie mentale est énorme."

Zen, Maëlly. Mais pas détachée pour autant. "À l'échauffement, j'écoute beaucoup de musique. Du rap US, du rap français, du dancehall. Je danse aussi. C'est ma façon à moi de me concentrer. De rentrer dans ma bulle."

La sauteuse en longueur Maëlly Dalmat dans ses œuvres.

Jean-Paul Bourdon, l'homme du déclic

Maëlly Dalmat a aujourd'hui 21 ans. Mais elle a commencé à cultiver sa maturité sportive, il y a plusieurs années. Sous l'impulsion de Jean-Paul Bourdon, son coach et mentor au sein de l'Amiens Université Club. "Jean-Paul m'a donné les bases que je pensais pourtant avoir. Il m'a appris à courir, à sauter. En résumé, il m'a enseigné l'athlétisme." Le pédagogue-formateur lui a aussi montré comment être forte dans la tête. Il surnommait Maëlly, l'extra-terrestre. Dalmat-Bourdon, un tandem magique.

Sauf que Jean-Paul Bourdon s'en est allé. En 2019. À soixante-dix ans. Terrassé par un cancer. "J'ai très mal vécu sa disparition. Je suis restée deux mois sans avoir le moral de retourner à l'entraînement. Puis petit à petit, j'ai appris à vivre avec cette absence." Heureusement, Jorice Bassola, le nouvel entraîneur de Maëlly connaît bien la maison amiénoise. Et pour cause. "Jorice était déjà entraîné par Jean-Paul au sein du club. C'est ce qui fait d'ailleurs notre force. La plupart des athlètes amiénois s'entraînent ensemble. Au Stade Urbain Wallet. On se voit souvent. Nous sommes soudés."

1e sélection chez les grands en 2022

Pour la Martiniquaise, l'année 2022 restera un bon cru. Nouveau titre de championne de France en salle à la longueur. Médaille d'or aux championnats méditerranéens espoirs. Et première sélection en équipe de France A lors des championnats d'Europe à Munich. Malheureusement en Allemagne, Maëlly est sortie dès les qualifications. "Cela demeure pour moi, une bonne sélection. En dépit de mes trois essais manqués. J'ai revu mes sauts avec mon entraîneur. Je sais ce qui n'allait pas. Munich va me servir en tant qu'expérience." 

La petite Dalmat s'est retrouvée au milieu des grands. Des noms. Des palmarès. Souvent impressionnants. Et pourtant le groupe France ne faisait qu'un. "Quelle cohésion au sein de l'équipe. C'était juste fantastique. Les anciens nous ont beaucoup parlé. Il n'y avait pas de clans. J'ai pu échanger longuement avec Kevin Mayer, Pascal Martinot-Lagarde et Mélina Robert-Michon. Même si j'aurais aimé me qualifier pour la finale de la longueur, je suis rentrée plus forte de Munich. Plus riche de toutes ces rencontres."

La Martiniquaise Maëlly Dalmat à l'échauffement en musique.

La génération Paris 2024

Samedi dernier, Maëlly Dalmat était à Nantes. Meeting élite en salle. Tout allait bien. Ou presque. Jusqu'au 5e essai. "Ma cheville a tourné à l'impulsion. J'ai senti que ça craquait." Diagnostic sans appel : entorse à la cheville et inflammation du tendon. Maëlly pourtant se présente sur le sautoir pour son 6e saut. "C'est un peu débile. Mais c'est aussi une façon de montrer qui je suis. Beaucoup d'athlètes dans mon cas, auraient fait comme moi, vous savez." Il n'empêche que trois semaines d'arrêt sont préconisées. La suite de la saison hivernale semble compromise. No pain, no gain ? Si vous le dites.

L'important pour Maëlly est de ne pas mettre sa saison estivale en danger. Des championnats d'Europe espoirs l'attendent. Des Mondiaux. Les Jeux de la Francophonie. Un été bien chargé. Avant la grande année 2024. Les JO de Paris. "Ce sont les JO de ma génération. Tout le monde y pense. On a mis en place un protocole pour être prêts. Prêts au rendez-vous." À la longueur féminine, les minimas olympiques sont fixés à 6 mètres 86. Le record personnel de Maëlly Dalmat ? 6 mètres 61. "Je dois effectivement progresser de 25 centimètres. C'est à la fois monstrueux et envisageable. J'ai un super staff autour de moi : coach, préparateur physique, médecin du sport, kiné. J'y crois. Nous y croyons tous."

La sauteuse en longueur martiniquaise Maëlly Dalmat sous le maillot tricolore.