La SNCF trouve ses talents Outre-mer

"C’est impressionnant au début, mais après, ça va !" Le TGV vient de passer à 160 km/h. Yoan Julia est à deux mètres à peine de la voie ferrée reliant Paris à Lyon puis Marseille, il n’a pas bougé un sourcil. Quelques secondes auparavant, un énorme bruit de klaxon l’a prévenu de l’arrivée du train. "On a placé un annonceur. C’est quelqu’un qui regarde les voies pour moi, pendant que je travaille, et qui me signale si un train arrive. Il faut avoir confiance en lui", rigole-t-il.
 
Le jeune Guadeloupéen de 27 ans peut alors reprendre le travail. Outils à la main, d’un geste sûr, il s'affaire autour d'une petite boîte électrique grise située le long de la voie 1. "Elle contrôle le courant qu’il y a sur les voies. Je vérifie son état, s’il n’y a pas d’eau, le serrage..., explique-t-il, concentré. Et puis je prends la tension de la ligne. En Guadeloupe, il n’y a pas du tout ça, j’ai tout appris ici, c’est comme une remise à zéro." (Glissez votre souris sur la photo ci-dessous et écoutez Yoan Julia.)

 

90 postes à pourvoir cette année

En Guadeloupe, Yoan venait d’achever une mission d’électricien. Il recherchait un emploi lorsqu’il a été informé d’une session de recrutement de la SNCF. Après l’Île de La Réunion en 2013, l’entreprise publique est allée, l’an passé, à la rencontre d’Antillais et de Guyanais. Le rendez-vous est donné au Gosier, en Guadeloupe. Son bac pro électrotechnique en poche, il se rend à cette session d’embauche : "Ma mère m’a beaucoup poussé à passer le concours, au moins pour essayer. Donc j’ai tenté ma chance, et j’ai réussi ! Il y avait beaucoup de candidats.  Il fallait bien montrer qu’on était motivé. J’étais vraiment très content quand ils m’ont annoncé que c’était bon. J’ai appelé ma mère tout de suite."

Pourquoi la SNCF recrute Outre-mer ?

Si la SNCF se déplace pour recruter, c’est parce que les travaux engagés jusqu’à 2020 sont faramineux (il s’agit, même s’il fonctionne encore, de remplacer l’ensemble du système d’aiguillage datant de 1937). Et parce que les ressources recherchées sont "un peu compliquées à trouver", admet Arnaud Dupont, directeur adjoint et responsable RH de l’établissement InfraPôle Paris Sud-Est, dont dépend l’employé guadeloupéen. "Alors on ne s’interdit pas d’aller voir partout, confie-t-il. Mais on n’a pas d’objectif, de nombre à faire. J’ai 90 personnes à recruter cette année, et si on en fait une bonne partie dans les DOM, alors tant mieux !" Les profils recherchés : électriciens, génie civil, chaudronnier soudeur… "Des gens qui iront intervenir sur toute l’infrastructure ferroviaire", résume Arnaud Dupont. Mais surtout, "des personnes qui aiment la technique, qui s’investissent et qui aiment travailler dans une entreprise publique". (Glissez votre souris sur la photo ci-dessous et écoutez Arnaud Dupont.)

 

"On nous donne notre chance !"

Le 2 juillet 2014, Yoan Julia entrait donc officiellement à la SNCF comme agent SE (Service électrique) pour s’occuper de toutes les installations électriques, sur les voies et aux abords des rails. Aujourd’hui, il donne entière satisfaction.  "Ça se passe très bien, assure-t-il, sourire aux lèvres. A peine arrivés, on nous a appelés. On était très entourés, on nous a dit de ne pas hésiter si on avait besoin d’aide. Ici, dans mon équipe, ça s’est bien passé avec mes collègues et avec mon chef. Ils étaient très présents. Ça m’a beaucoup aidé." Le Guadeloupéen est aujourd’hui parfaitement intégré à son équipe. Il pose des questions, beaucoup de questions, "pour apprendre, dit-il. Et il faut apprendre vite !"

Car s’il se voit bien, à l’avenir, monter en grade à la SNCF, Yoan n’en est aujourd’hui qu’à l’apprentissage. "Les formations peuvent aller de six mois à trois ans, précise Arnaud Dupont, le responsable RH. Pour Yoan, sa formation va durer deux ans. Nous allons le former à toutes les techniques de signalisation électrique pour les postes d’aiguillage. Il y a aussi des mises en pratique dans les équipes."
 
"Je suis très motivé, ajoute le jeune électricien. C’est bien d’aller recruter Outre-mer. On fait aussi partie de la France. On nous donne notre chance !" Aujourd’hui, Yoan, qui venait pour la première fois dans l’Hexagone, s’est constitué un petit groupe d’amis, formé surtout par d’autres Guadeloupéens recrutés par la SNCF. "Ça m’a beaucoup aidé à m’adapter, à m’insérer". Et même si ça famille lui manque naturellement, il n’est pas question pour lui de quitter la région parisienne et son poste à Créteil : "En plus l’été approche, donc ça va aller !".
 

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