L’athlète guadeloupéenne Fanny Quenot a peut-être eu plusieurs vies. En tout cas, rien qui ressemble à un apprentissage classique. Cette spécialiste des haies vise pourtant une qualification olympique pour Tokyo. À 30 ans, elle veut déjouer les pronostics.
Il faut dix ans pour construire un champion. Au minimum. Nombre d’entraîneurs tiennent ce discours. Une théorie saine. Et rassurante. Cela permet de travailler dans le temps. De se donner une perspective. Des objectifs. Un but final.
Tout cela est très beau. Mais que se passe-t-il quand vous ne rentrez pas dans ce schéma du long terme ? Prenez Fanny Quenot. Elle a découvert l’athlétisme dès l’âge de 6 ans aux Aigles des Abymes en Guadeloupe. Durant sept saisons, elle évolue sur une piste. Tendres années du sport découverte. Puis sa famille déménage à Deshaies dans la campagne guadeloupéenne. Au revoir l’athlétisme. Place à des sports nature comme le canoë-kayak. Fanny oublie vite qu’elle a couru. À 20 ans, elle part poursuivre ses études à Lyon. La Guadeloupéenne attend encore 3 ans avant de retrouver le chemin des pistes. Mais juste pour voir.
Pour passer à l’échelon suivant, Fanny Quenot doit également trouver un équilibre intérieur. Nous sommes fin 2018. François-Xavier Firpion, le compagnon de Fanny, vient de bénéficier d’une mutation en Guadeloupe. La hurdleuse fait un passage express sur son île pour le réveillon familial de Noël. Deuxième déclic. "Dans l’avion du retour, je n’arrêtais pas de pleurer. J'avais passé un moment formidable avec tous les miens. Et j’allais me retrouver toute seule à Lyon. J’ai compris que je devais rentrer chez moi. Ma stabilité en dépendait."
Fanny lance alors l’opération retour à la maison. Elle contacte Ketty Cham qu’elle connaît bien. Feu vert immédiat de l’entraîneure de Wilhem Belocian. Neuf mois et un déménagement plus tard, Fanny Quenot change de groupe d’entraînement : "J’aime bien le charisme de Ketty. Elle est très sensible aux détails. Une technicienne des haies sur mon île, tout ce qu’il me fallait." Changement d’entraîneur et retour à un climat qu’elle apprécie : "Ah oui, j’avoue que ce retour en Guadeloupe était aussi salutaire à ce niveau-là. Plus besoin d'enfiler une doudoune pour sortir !"
Premier objectif atteint. À l’arrivée de l’été, la Guadeloupéenne n’accuse pas le moindre gramme en supplément bagages. Elle s’envole donc pour l’Hexagone afin de disputer le mini-circuit de compétitions annoncées. Sans trop de repères. Mais sans trop de retard de préparation non plus. Un seul nuage à l’horizon : "En arrivant à l’INSEP, notre camp de base dans l’Hexagone, mon agent m’a appris que tous les programmes de compétition étaient restreints. Covid-19 oblige, il fallait limiter le nombre de participants dans chaque épreuve. Seuls les meilleurs mondiaux étaient souvent retenus. J’ai donc dû faire l’impasse sur beaucoup de meetings."
Heureusement, les Championnats de France élite ont lieu mi-septembre, soit pratiquement à la fin de cette mini-saison si particulière. Fanny Quenot a pris l’habitude d’y briller. Depuis 2016, elle figure systématiquement sur le podium du 100 mètres haies. Le rendez-vous 2020 d’Albi ne déroge pas à la règle. Médaille de bronze pour la Guadeloupéenne. "Je dois avouer qu’après une saison catastrophique sur le plan des chronos, cette troisième place aux France m’a fait du bien. Je me sens relancée."
Car avec un Master en management du sport, le CV de Fanny Quenot intéresse. Depuis mai dernier, la Guadeloupéenne est chargée de communication et des projets sportifs de Pôle Emploi dans son département. "Je m’épanouis complètement dans ce job. J’ai des horaires aménagés qui me permettent de m’entraîner. Et je me vois bien continuer lorsque j’aurai pris ma retraite sportive."
Avant la retraite des pistes, Fanny compte progresser et s’illustrer encore quelques années. Avec bien sûr, un premier objectif majeur à l’été 2021 : "Tokyo ? Les Jeux Olympiques ? s’exclame-t-elle. J’en rêve évidemment ! C’est mon but. Pour cela, je dois d’abord réaliser une solide saison en salle. J’ai prévu sept ou huit sorties. En espérant décrocher une place en équipe de France aux Championnats d’Europe et du Monde en salle en mars 2021. Si je m’exprime bien sur 60 mètres haies cet hiver, tout deviendra possible l’été prochain."
À l’heure où les espoirs de vaccination deviennent concrets, les mesures sanitaires risquent de demeurer pour de nombreux mois encore. Le temps que tout le monde ou presque soit immunisé. D’où la menace réelle que les Jeux Olympiques de Tokyo se déroulent normalement… mais à huis clos. "Si c’est le cas, ça casserait un peu le rêve, reconnaît Fanny Quenot. Mais bon, je pourrai dire à mes enfants que j’ai participé une fois aux JO. Ce n’est pas rien."
Pardon ? La Guadeloupéenne ne s’imagine participer aux JO qu’à une seule reprise ? Et Paris 2024 alors ? "Oups, c’est vrai, corrige-t-elle. Vous avez raison : je veux découvrir les JO au Japon avant l’apothéose de ma carrière à Paris en 2024. Après quoi, je pourrai m’arrêter avec le sentiment du devoir accompli."
Tout cela est très beau. Mais que se passe-t-il quand vous ne rentrez pas dans ce schéma du long terme ? Prenez Fanny Quenot. Elle a découvert l’athlétisme dès l’âge de 6 ans aux Aigles des Abymes en Guadeloupe. Durant sept saisons, elle évolue sur une piste. Tendres années du sport découverte. Puis sa famille déménage à Deshaies dans la campagne guadeloupéenne. Au revoir l’athlétisme. Place à des sports nature comme le canoë-kayak. Fanny oublie vite qu’elle a couru. À 20 ans, elle part poursuivre ses études à Lyon. La Guadeloupéenne attend encore 3 ans avant de retrouver le chemin des pistes. Mais juste pour voir.
Une éclosion tardive mais rapide
À 23 ans lorsque Fanny se réinscrit dans un club d’athlétisme, il n’y a aucun pari caché. Pas la moindre revanche. Juste l’envie de prendre du plaisir à courir : "Dans ma tête, le haut-niveau n’était pas envisageable, sourit-elle. Mais j’avais quand même du pied." Comprenez : des dispositions évidentes pour bien maîtriser techniquement le passage des haies. Les premiers chronos sont modestes. Normal pour une débutante. Mais à peine deux ans plus tard, la Guadeloupéenne atteint déjà le niveau national. Et en 2017, elle devient championne de France élite du 100 mètres haies. "C’est vrai que c’est allé très vite. J’ai ressenti comme un premier déclic. J’ai alors réalisé que je pouvais réaliser quelque chose de grand."Pour passer à l’échelon suivant, Fanny Quenot doit également trouver un équilibre intérieur. Nous sommes fin 2018. François-Xavier Firpion, le compagnon de Fanny, vient de bénéficier d’une mutation en Guadeloupe. La hurdleuse fait un passage express sur son île pour le réveillon familial de Noël. Deuxième déclic. "Dans l’avion du retour, je n’arrêtais pas de pleurer. J'avais passé un moment formidable avec tous les miens. Et j’allais me retrouver toute seule à Lyon. J’ai compris que je devais rentrer chez moi. Ma stabilité en dépendait."
Fanny lance alors l’opération retour à la maison. Elle contacte Ketty Cham qu’elle connaît bien. Feu vert immédiat de l’entraîneure de Wilhem Belocian. Neuf mois et un déménagement plus tard, Fanny Quenot change de groupe d’entraînement : "J’aime bien le charisme de Ketty. Elle est très sensible aux détails. Une technicienne des haies sur mon île, tout ce qu’il me fallait." Changement d’entraîneur et retour à un climat qu’elle apprécie : "Ah oui, j’avoue que ce retour en Guadeloupe était aussi salutaire à ce niveau-là. Plus besoin d'enfiler une doudoune pour sortir !"
Une année 2020 forcément compliquée
Ce retour au bercail annonçait des lendemains qui chantent. Le coronavirus en a décidé autrement. En mars 2020, la Guadeloupe s’installe dans le confinement. Et Fanny Quenot plonge dans l’anxiété : "Les mauvaises nouvelles tombaient les unes après les autres. Pas simple de rester motivée. On ne pouvait s’entraîner qu’une heure par jour. Mais tous les stades étaient fermés ! Il fallait s’adapter à ces conditions uniques. Et surtout ne pas prendre de poids."Premier objectif atteint. À l’arrivée de l’été, la Guadeloupéenne n’accuse pas le moindre gramme en supplément bagages. Elle s’envole donc pour l’Hexagone afin de disputer le mini-circuit de compétitions annoncées. Sans trop de repères. Mais sans trop de retard de préparation non plus. Un seul nuage à l’horizon : "En arrivant à l’INSEP, notre camp de base dans l’Hexagone, mon agent m’a appris que tous les programmes de compétition étaient restreints. Covid-19 oblige, il fallait limiter le nombre de participants dans chaque épreuve. Seuls les meilleurs mondiaux étaient souvent retenus. J’ai donc dû faire l’impasse sur beaucoup de meetings."
Heureusement, les Championnats de France élite ont lieu mi-septembre, soit pratiquement à la fin de cette mini-saison si particulière. Fanny Quenot a pris l’habitude d’y briller. Depuis 2016, elle figure systématiquement sur le podium du 100 mètres haies. Le rendez-vous 2020 d’Albi ne déroge pas à la règle. Médaille de bronze pour la Guadeloupéenne. "Je dois avouer qu’après une saison catastrophique sur le plan des chronos, cette troisième place aux France m’a fait du bien. Je me sens relancée."
La trentenaire qui sait ce qu’elle veut
La hurdleuse assume tout. Ses lacunes techniques, son envie de déplacer des montagnes et… son âge : "À 30 ans, il n’est pas évident d’attirer l’attention des équipementiers qui préfèrent parier sur des jeunes de 20 ans dans l’optique des JO de 2024 et 2028. En revanche côté sponsors, je n’ai pas à me plaindre."Car avec un Master en management du sport, le CV de Fanny Quenot intéresse. Depuis mai dernier, la Guadeloupéenne est chargée de communication et des projets sportifs de Pôle Emploi dans son département. "Je m’épanouis complètement dans ce job. J’ai des horaires aménagés qui me permettent de m’entraîner. Et je me vois bien continuer lorsque j’aurai pris ma retraite sportive."
Avant la retraite des pistes, Fanny compte progresser et s’illustrer encore quelques années. Avec bien sûr, un premier objectif majeur à l’été 2021 : "Tokyo ? Les Jeux Olympiques ? s’exclame-t-elle. J’en rêve évidemment ! C’est mon but. Pour cela, je dois d’abord réaliser une solide saison en salle. J’ai prévu sept ou huit sorties. En espérant décrocher une place en équipe de France aux Championnats d’Europe et du Monde en salle en mars 2021. Si je m’exprime bien sur 60 mètres haies cet hiver, tout deviendra possible l’été prochain."
À l’heure où les espoirs de vaccination deviennent concrets, les mesures sanitaires risquent de demeurer pour de nombreux mois encore. Le temps que tout le monde ou presque soit immunisé. D’où la menace réelle que les Jeux Olympiques de Tokyo se déroulent normalement… mais à huis clos. "Si c’est le cas, ça casserait un peu le rêve, reconnaît Fanny Quenot. Mais bon, je pourrai dire à mes enfants que j’ai participé une fois aux JO. Ce n’est pas rien."
Pardon ? La Guadeloupéenne ne s’imagine participer aux JO qu’à une seule reprise ? Et Paris 2024 alors ? "Oups, c’est vrai, corrige-t-elle. Vous avez raison : je veux découvrir les JO au Japon avant l’apothéose de ma carrière à Paris en 2024. Après quoi, je pourrai m’arrêter avec le sentiment du devoir accompli."