Le lamantin Kaï prend ses marques au Parc zoologique de Paris

Kaï, à gauche, est encore en phase d'exploration dans le bassin de la grande serre tropicale
Kaï avait quitté la Guadeloupe en octobre, deux ans après la mort de Junior, l’autre mâle prêté par le zoo de Singapour. C’est au Parc zoologique de Paris qu’il a trouvé refuge, dans un bassin qui accueille trois autres lamantins.
Kaï faisait partie du duo donné par le zoo de Singapour pour inaugurer le programme de réintroduction du lamantin dans le Grand cul-de-sac marin de la Guadeloupe. Son compagnon de voyage, Junior, était décédé il y a deux ans, quelques mois après leur arrivée. Après des soucis de santé qui l'avait obligé à rester dans un bassin de soins intensifs à Blachon, il montrait des besoins physiologiques de contact avec ses congénères.
 

Curieux

C’est le Parc zoologique de Paris qu’il l'a accueilli, dans la grande serre tropicale, dans un bassin d'eau douce qui accueille trois autres lamantins mâles. Et l’adaptation est bonne selon le chef vétérinaire Alexis Lécu : "Kaï se porte bien, ses petits camarades également... Visiblement il était en demande de contact avec les autres. Au début il suivait Tinus partout (le doyen) mais maintenant il papillonne entre les trois ! Depuis son arrivée il y a beaucoup plus d'intéractions : on voit plus de jeux, de recherches, de nages..." Très curieux, Kaï se rapproche souvent de la vitre derrière laquelle les visiteurs l'observent, souvenir de ses premières années à Singapour. "Il est encore dans sa phase observatoire" assure Alexis Lécu.
 

Entraînement médical

En milieu naturel on retrouve des groupes de mâles avec une femelle, cette structure sociale est donc habituelle pour les lamantins. Comme en Guadeloupe, Kaï découvre de nouveaux « enrichissements » mis en place par les soigneurs : il s’agit d'astuces qui permettent de varier la nourriture et la manière de se nourrir. Laitues, choux, carottes, céleri : Kaï, reconnaissable à sa petite cicatrice, mange de tout. Son passage dans la Caraïbe aura été bénéfique : "Il a un grand avantage car un entraînement médical avait été mis en place par l'équipe de Guadeloupe, explique Aléxis Lécu. Donc on arrive à le manipuler, le retourner... On travaille maintenant à la prise de sang et ça déteint positivement sur les autres ! On espère le faire en 2019."
 

Reproduction en captivité

Depuis quelques années, le Parc zoologique de Paris demande le prêt d'une femelle pour tenter la reproduction en captivité. Un travail de longue haleine car le rythme est faible : la gestation des lamantins dure 13 mois, pour une naissance la plupart du temps. Ces petits là pourraient être réintroduits dans la réserve naturelle de l'archipel. Dans le cas où madame viendrait rejoindre ces messieurs, l'un d'eux devra partir "mais pas Kaï" assure le chef vétérinaire. Le jeune mâle de 10 ans a déjà pris suffisamment d'avions dans sa vie de mammifère aquatique !
 

L'Europe et le ministère de la transition énergétique

Si le départ de Kaï a marqué la fin du premier épisode du projet de réintroduction du lamantin dans le Grand cul de sac marin, le programme n’est pas enterré pour autant comme l’explique le chef vétérinaire de la structure gérée par le Muséum national d’histoire naturelle. Alexis Lécu dit "suivre la situation, d'autant que le Muséum fait partie du conseil scientifique d'experts qui donne son avis et se prononce sur ce programme et ses orientations. On espère que les feux verts ministériel et européen vont revenir en 2019 et qu'on va pouvoir aller de l'avant. On est tous là pour démontrer, avec les collègues de Guadeloupe, que ce programme a de l'avenir et qu'il faut le maintenir."