Le 14 juin, grève des mineurs colombiens du nickel : quelles conséquences pour la Nouvelle-Calédonie ?

Métallurgiste grec de Larco dans l'usine de nickel de Larymna
Un préavis de grève a été déposé pour la mine de nickel et l’usine métallurgique South 32 du Cerro Matoso en Colombie. Pour certains, le conflit à venir pourrait relancer le prix du nickel en diminuant l’offre de la production mondiale. Un jour comme les autres au LME de Londres.
À la City de Londres, l’ambiance n’est pas à l’optimisme. Les cours du nickel sont déprimés et stagnent autour des 8 500 dollars. La demande est faible, l’offre toujours aussi abondante ou en tout cas suffisante pour freiner la baisse des stocks mondiaux. Le marché est atone, indifférent à presque tout : « Glencore va continuer Koniambo Nickel au moins jusqu’à la fin de l’année ? Ils se contredisent puisqu’ils annonçaient une décision pour juin, c’est politique non ? Ils attendent de l’aide de votre gouvernement, comme il l’a fait pour la SLN ». C'est l'opinion d’un analyste responsable de la stratégie des investissements sur les métaux d’une grande banque londonienne. Avec la crise, la situation calédonienne est désormais très surveillée par le London Metal Exchange.
 

Le fond de l'air est rouge 

Dans ce contexte, une simple information permettant d’espérer une diminution de l’offre mondiale a pris de l’importance au point de relancer la spéculation. L’appel à la grève, le 14 juin, des mineurs et métallurgistes colombiens du nickel, agite les traders et analystes de la City. Faute de mieux, ils envisagent les conséquences du conflit à venir sur l’offre mondiale. Pour certains, la grève chez BHP Billiton en Colombie aura un effet sensible et positif sur le prix du ferronickel, un alliage qui n’est produit que par 17 producteurs dans le monde, « c’est un petit marché et cette grève pourrait amener certains métallurgistes de l’inox à se tourner vers la Société Le Nickel ou KNS en Nouvelle-Calédonie » commente un autre analyste de la City pour le site d’information du Metal Bulletin, le quotidien de référence du marché des métaux.
 

Spéculation autour d'une grève

À Londres toujours, Robin Bahr, chef des analystes de la Société Générale, est prudent. Il estime que la production colombienne de ferronickel n’est pas assez importante pour que son arrêt provisoire change la donne du marché. "On ne sait pas quelle sera la durée de la grève, ni combien de tonnes de nickel ne seront pas produites, on ne peut rien exclure, il faut juste attendre et voir".

Le complexe métallurgique du Cerro Matoso est une filiale du géant mondial BHP Billiton. Le site minier devrait produire 37 000 tonnes de nickel en 2016, moins que la SLN, mais deux fois plus que KNS. La direction de BHP Billiton n’a pas souhaité répondre à nos questions. L’an dernier, elle avait déjà été confrontée à des grèves pour les salaires et le temps de travail sur son site colombien. Que va t'il se passer cette fois ? La direction de BHP Billiton se fixe pour objectif une réduction drastique de 30% de ses coûts de production et de 18% des emplois pour atteindre un objectif de 8 600 dollars par tonne de nickel sur le site de Cerro Matoso. Les acteurs financiers du LME attendent la date du 14 juin, début du conflit, pour se prononcer. D'ici la, ils vont se renseigner et spéculer.