Lors d’une course de cyclisme sur piste le dernier week-end de juin, Hugo Pommelet faisait partie du peloton de tête. Mais le Calédonien a fait une lourde chute. Si lourde, qu’il a eu une commotion cérébrale et a été contraint de déclarer forfait. Sur avis médical, il devait rester au moins 14 jours loin de sa selle. Mais qu’importe les blessures, le natif du Caillou a tout juste tenu une semaine. “Après la chute, j’avais du mal à me concentrer mais je ne pensais qu’à pédaler, qu’au moment où je pourrais remonter sur mon vélo”, explique le jeune homme de 17 ans.
Un empressement qui peut se comprendre. Hugo Pommelet a entamé, début juillet, les stages de préparation, avec, en ligne de mire, les championnats nationaux et internationaux qui débutent dans quelques semaines. “Alors il faut vraiment assurer”, glisse l’intéressé.
De Nouméa à Hyères
En 2019, à tout juste 16 ans, Hugo Pommelet participe aux championnats de France de cyclisme sur piste, à l’initiative de son entraîneur calédonien, Gérard Salaün. Et pour sa toute première course dans l’Hexagone, le jeune coureur explose le record. “Je n’y croyais pas du tout, je ne pensais pas avoir le niveau”, confie Hugo, qui malgré cet exploit, va terminer à la quatrième place de la compétition. “Même si j’ai eu une médaille en chocolat, ça reste une médaille. Et c’est grâce à cette course que j’ai pu me faire remarquer dans l'Hexagone.”
Grâce à cette performance, il est détecté par le pôle France jeunes ultramarins de la Fédération Française de cyclisme. La structure d’excellence du projet de performance de la FFC destinée aux jeunes talents originaires des Outre-mer est basée à Hyères, dans le département du Var. Pressenti pour intégrer le programme dès la rentrée, le jeune homme est ravi. Mais pour Sandrine Pommelet, sa maman, “cette décision devait être prise après mûre réflexion et je voulais être sûre que ça venait de lui”. Et son entrée parmi l'équipe sportive est reportée d’un an.
En mai 2020, lorsqu’il arrive enfin de Nouméa, Hugo Pommelet est à 22 000 kilomètres des siens. Il se rend très vite compte qu’il n’a pas le même niveau que ses concurrents. “En Nouvelle-Calédonie, j’étais habitué à courir 70 km. Ici, c’est minimum 110 km rien qu'à l'entraînement. Et c’est encore bien loin de la distance que je parcours pendant un championnat”, explique le jeune coureur cycliste. Mais le défi est à la hauteur du jeune calédonien, qui s’adapte rapidement à un nouvel environnement.
“C’est en arrivant ici que j’ai vraiment découvert l’univers du vélo et que ça m’a vraiment plu”.
“Je rêve de courir une étape du Tour du France”
Avant de se consacrer à la Petite reine, Hugo Pommelet s’est essayé à la natation et au triathlon. Mais son grand amour, c’est le vélo. “J’ai toujours été très sportif mais j’étais moins bon en natation qu’en vélo. Et quand il a fallu faire un choix, ça a été très vite”, résume-t-il. “Si je pouvais passer des journées entières à faire du vélo, honnêtement, ça ne me dérangerait pas”.
Et bien évidemment, comme pour tout fan de vélo qui se respecte, LA compétition phare, c’est le Tour de France. Dès que le peloton s’élance à travers les cols et les dénivelés du territoire hexagonal, Hugo, lui, est branché derrière ses écrans. “Pendant le Tour de France, je passe des heures devant ma télé à regarder les courses. Je les suis toutes, en direct”.
Une assiduité à toute épreuve qui lui permet de scruter les performances de ses modèles dans la discipline. À commencer par le Belge Mathieu Van der Poel, même s’il avoue que “la montagne, c’est pas [s]on truc”. Hugo a toujours un œil sur le Danois Kasper Asgreen, le Slovaque Peter Sagan et “bien évidemment” sur le frenchie Julian Alaphilippe.
Une affaire de famille
Une passion partagée par sa famille restée sur le Caillou, qui, malgré le décalage horaire, parvient à suivre les courses cyclistes. “Ils se tiennent toujours au courant”, indique le Cagou. Souvent, c’est avec son père, par téléphone, qu’il revient sur la dernière étape du Tour et commente les courses. “Mon père pédale, mon grand-père aussi. Le vélo, chez moi, c’est vraiment une affaire de famille”, assume le coureur. Il n’a que 5 ans quand il reçoit sa première bicyclette et que sa grand-mère maternelle lui offre sa toute première licence en club. “J’ai tout de suite accroché”, se souvient le jeune homme.
Et aujourd’hui encore, sa famille reste à ses côtés et lui apporte un soutien indéfectible. “Pendant un moment, Hugo préférait aller voir ses copains plutôt que d’aller à l'entraînement. Il se reposait un peu trop sur ses lauriers”, confie la maman. “Quand il a eu la possibilité de quitter la Nouvelle-Calédonie pour intégrer le pôle ultramarin, on a dû avoir une discussion pour s’assurer qu’il prendrait tout au sérieux”. L’investissement personnel et le coût financier étaient tels que la décision aurait un impact sur la vie de toute la famille.
“Aujourd’hui, je vois des vidéos de lui qui s’entraîne même par 3,4 degrés… Je découvre un autre Hugo, un Hugo qui a envie d’aller loin. Je suis fière de mon fils”.
Au mois de juillet, Hugo Pommelet va suivre les stages intensifs d’entraînement en vue des championnats nationaux et internationaux de cyclisme sur piste. Prochaine échéance : le championnat d'Europe Juniors-Espoirs, qui aura lieu du 17 au 22 août à Apeldoorn, aux Pays-Bas.