Le cours du nickel fond et ce n’est pas bon pour la Nouvelle-Calédonie

"Chips" de ferronickel calédonien SLN 25 [Eramet] pour l'acier inoxydable
Le cours du nickel a baissé cette semaine sur le London Metal Exchange (LME), l'enthousiasme des investisseurs au début de l'année sur une forte reprise de la demande chinoise après la fin des restrictions sanitaire ayant été mis à mal par un objectif de croissance prudent du pays.

La Nouvelle-Calédonie est le cinquième producteur mondial de nickel, celui de l’acier inoxydable et celui des batteries électriques. Le Territoire possède trois grandes usines dont une seule produit le métal des batteries.

Usine du Sud (Prony Resources) en Nouvelle-Calédonie. Elle produit le nickel des batteries électriques.

Tensions entre la Chine et les Etats-Unis

Premier consommateur de matières premières au monde, la Chine estime être confrontée à l'hostilité croissante d'une partie du monde occidental et elle doit faire face à une croissance fragile. Aux Etats-Unis, les déclarations se font de plus en plus agressives vis-à-vis de Pékin.

Cette relation de plus en plus acrimonieuse pèse sur le nickel et les métaux industriels, l’hostilité croissante entre les deux premières économies mondiales ne préjuge rien de bon. Les cours sont déprimés. Les prix du nickel et de l'inox restent sous pression, seule note positive, la progression en février des ventes de voitures en Chine.

" Le marché du nickel réagit négativement dans un contexte de bruit de sabre croissant autour des relations sino-américaines", conclut l’analyste Al Monro. Et le cours du nickel fond…

Comme aime à le rappeler l’historien et économiste Philippe Chalmin, "les métaux industriels et le nickel ont besoin de paix commerciale et de croissance pour prospérer." Ce n’est pas vraiment dans l’air du temps.

La Bourse des métaux de Londres (LME) en forte baisse

Le prix du nickel a chuté de plus de 20% depuis le début de l'année, principalement "en raison d'un manque d'optimisme quant aux perspectives de la demande chinoise", explique Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank.

La force de la reprise attendue de la demande en Chine, grand pays consommateur de métaux industriels, a été mise à mal après que ses dirigeants ont annoncé un objectif de croissance modeste de 5% pour 2023, l'un des plus bas depuis des décennies, a rappelé l'AFP.

Cette annonce "a réduit les attentes de mesures de relance supplémentaires pour accélérer la reprise économique", avance Ole Hansen, analyste chez Saxobank.

Thu Lan Nguyen rappelle également que les risques d'approvisionnement en nickel sont loin d'être écartés, la Russie étant un important fournisseur.

"Certains observateurs du marché craignent donc que Moscou ne restreigne les exportations de ce métal en réponse aux sanctions occidentales", ou oriente davantage son commerce vers l'Asie, et notamment la Chine, au détriment de l'Europe et des Etats-Unis.

Plaques ou cathodes de nickel russe de Nornickel (ex-Norilsk)

L'analyste relève aussi qu'un an après les troubles survenus dans les échanges de nickel au LME, "la réputation de la Bourse des métaux de Londres reste ternie, comme en témoigne la baisse considérable des volumes échangés", en chute de 28% l'an dernier par rapport à l'année précédente.

Vers 18H00 GMT sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 22.688 dollars vendredi après avoir reculé à un plus bas depuis novembre, contre 24.597 dollars le vendredi précédent à la clôture. Sur la semaine, le cours du nickel est en baisse de 7,76%.

Cours du nickel au LME de Londres.