Le nickel classé minerai critique par les États-Unis [pourquoi c'est positif pour la Nouvelle-Calédonie]

Technicien de l'industrie minière aux Etats-Unis
Toute la chaîne de valeur du nickel va bénéficier de l’intérêt manifesté par les Etats-Unis. De la production des mines jusqu’au produit de qualité batterie, la première économie mondiale a envoyé un signe fort aux pays détenant des ressources en nickel comme la Nouvelle-Calédonie ou l'Australie.

L’Institut géologique américain (US Geological Survey (USGS), comparable au BRGM français, demande que le nickel soit inclus dans la nouvelle liste des minéraux critiques et donc aussi stratégiques. La liste est passée de 35 à 50 depuis la dernière itération en 2018.

L'US Geological Survey (USGS) a proposé d'ajouter le nickel à la nouvelle liste des minéraux critiques. La liste est déterminée par le fait qu'un minéral est essentiel au bien-être de l'économie américaine. En 2020, la Nouvelle-Calédonie était le 4ème producteur mondial du minerai de l’acier et des batteries électriques (Source USGS).

Le nickel, mais aussi le zinc, sont les deux seuls nouveaux ajouts, et chacun reflète une évolution de la méthodologie utilisée pour déterminer si un minéral est essentiel au bien-être de l'économie américaine.

Les États-Unis dépendent des importations de nickel raffiné pour environ la moitié de leur consommation annuelle, selon l'USGS.

L'année dernière, les trois principaux fournisseurs étaient le Canada (42 %), la Norvège (10 %) et la Finlande (9 %).

Les trois principaux fournisseurs de ferronickel (alliage) pour l'acier inoxydable étaient le Brésil, la Nouvelle-Calédonie (SLN-Eramet) et la République Dominicaine.

Ce profil d'approvisionnement, qui ne dépend pas de la Chine ni de la Russie, a maintenu le nickel hors de la liste des minéraux critiques dans le passé.

Le minéral et ses dérivés industriels seront désormais inclus car l'USGS a élargi ses critères de criticité pour aller au-delà de la dépendance commerciale vis-à-vis de l'offre intérieure, en particulier ce que l’Institut géologique américain appelle les "points de défaillance uniques".

On ne compte actuellement qu'une seule mine de nickel en activité aux États-Unis, "Eagle" dans le Michigan, qui exporte des concentrés et les fait raffiner au Canada.

Il n’existe qu’un seul petit producteur de sulfate de nickel pour les batteries électriques, mais uniquement en tant que produit de dernière transformation.

Cette production nationale de nickel, très limitée, a été mise en évidence dans l'examen des chaînes d'approvisionnement critiques mené par l'administration Biden, qui a recommandé d'investir en priorité dans une nouvelle raffinerie de nickel.

Le second constat porte sur l'évolution de l'utilisation du nickel, passant d'un alliage de ferronickel pour la production d'acier inoxydable à un composant chimique essentiel dans les batteries des véhicules électriques et les applications pour la Défense.

C’est la raison pour laquelle le constructeur automobile américain Tesla a passé un important contrat d’achat de nickel intermédiaire à l’usine du Sud (Prony Resources) de la Nouvelle-Calédonie et qu’il entend s’investir dans la croissance vertueuse du site industriel.

La combinaison d'une offre nationale limitée avec la croissance attendue de la demande des fabricants de batteries constitue "un argument convaincant en faveur de l'inclusion du nickel dans la liste des minéraux critiques", a noté l'USGS.

L'examen de la chaîne d'approvisionnement montre que le fait de ne pas avoir suffisamment de nickel de qualité batterie "pose un risque de chaîne d'approvisionnement pour la fabrication de batteries dans le monde, pas seulement aux États-Unis".

Le nickel ne figure pas encore sur la liste des minéraux critiques de l'Union européenne. Cela reflète en partie l’existence d’une base de production en Europe, tant au niveau de l'extraction (Finlande, Grèce) que de la production (Royaume-Uni, Norvège, Finlande.)

Mais c'est peut-être en partie, souligne l’agence Reuters, parce que l'USGS est en avance sur ses pairs européens dans l'analyse des modèles d'approvisionnement mondiaux et des menaces potentielles qui en résultent. Le marché est largement dominé par la Chine et pour les Etats-Unis c’est une menace bien réelle.

Cette semaine, dans son rapport sur le climat, le groupe suisse Glencore a mis en avant le poids des métaux qui ont un rôle à jouer dans la transition énergétique, tels que le cuivre, le cobalt et le nickel, utilisés pour les véhicules électriques et le stockage d'énergie. Glencore est actionnaire à 49 % de l’usine Koniambo-nickel (KNS) en Nouvelle-Calédonie.

LME-Nickel : 20.017 $/tonne +0,34 % le 03/12/2021 à 16:15 GMT  +0,62 % sur 5 jours