Ne cherchez pas. Ce n'est pas la peine. Vous ne trouverez rien. Ou si peu. Aymeric Priam possède bien un compte Instagram. Avec pas loin de 400 followers déjà recrutés. Mais un seul post à ce jour. Aucune page Facebook à son nom. Aucun tweet à se mettre sous la dent. Le Martiniquais est bel et bien quelqu'un de discret. "C'est un trait de ma personnalité. Je donne tout à ma passion, à l'athlétisme. Je préfère que mes résultats parlent à ma place." Tout en reconnaissant que cette discrétion forcenée peut aussi jouer contre lui. "Le marketing a pris une telle importance aujourd'hui que je devrais quand même faire un effort. Aller contre ma nature. Si je veux trouver des partenaires, par exemple."
La team Priam s'étoffe
Pour briller sur la piste, Aymeric connaît le secret. Il faut savoir se préparer physiquement en dehors. Sur le sable notamment. Voilà ce que lui propose depuis 2021, le Cubain José Santa Cruz. "Il me concocte des séances mémorables en bord de mer. Le décor est idyllique mais le travail se révèle très intense. Tous ces exercices musculaires dans le sable où le corps s'enfonce, permettent ensuite de restituer de la vitesse sur la piste." Ajoutez à cela, le duo d'entraîneurs Marc Priam/Calvin Bryan pour la partie athlétisme. Aymeric est prêt à sprinter vite et bien.
Une équipe choisie. Étoffée. Et résolument basée en Martinique. "Je n'ai aucune envie de quitter mon département. Je rejoins juste l'Hexagone pour les meetings en salle, puis la saison estivale. Et jusqu'à maintenant, tout se passe bien." Si ce n'est peut-être le drame de l'athlétisme français : le manque de moyens. "Il est vrai que je dois payer mes déplacements. La famille, c'est-à-dire Papa/Maman finance intégralement ma passion. À moi de faire en sorte d'avoir les résultats pour devenir un athlète pro-A ou pro-B et de bénéficier ainsi des aides fédérales."
Aymeric et son amour de l'athlé
Aymeric Priam débute l'athlétisme très tôt. "Je devais être en cours préparatoire. Catégorie poussins ou quelque chose comme ça." L'envoûtement pour le sprint est immédiat alors que sa famille freine au maximum. "Mon père a tout essayé pour que je fasse autre chose. Il savait que c'était dur." Le Martiniquais accumule les médailles, les titres nationaux en catégories jeunes. Les blessures également. "Cela a occasionné quelques années compliquées." Le voici désormais chez les seniors. Les élites. Face à des athlètes de renommée mondiale. Mais sans complexe. "Je ne ressens pas de frein mental. Affronter un Jimmy Vicaut me fait vibrer. Tout cela me donne encore plus envie de gagner."
Aymeric a débuté l'athlétisme dès le plus jeune âge. Et depuis lors, son entraîneur principal n'est autre que son père, Marc Priam. "Il est présent à mes séances depuis que je suis tout petit. Notre association fonctionne bien. Je sais qu'il est plus exigeant avec moi mais ça ne me dérange pas." Le duo travaille dur. Sans heurts. Et avec un petit rituel en compétition. "Avant de rentrer en chambre d'appel, mon père me donne ses consignes. Un message très court. Trente secondes. Peut-être une minute. Puis on fait notre check. Oui, un check ! Ça va vous paraître étrange mais quand je participe à un meeting et qu'il n'est pas là, il me manque quelque chose."
Le Martiniquais dans la cour des grands
En 2022, Aymeric Priam a déjà pu goûter aux joies des compétitions internationales seniors. Retenu dans le relais 4 fois 100 tricolore, le Martiniquais s'est envolé pour Munich où se déroulaient les championnats d'Europe. Malheureusement, il n'a pas été retenu dans le quatuor qui a décroché la médaille d'argent. "Aucune frustration. L'expérience reste enrichissante. J'ai pu apprendre en faisant partie de ce relais. C'était une même équipe. Une seule équipe."
Comme toutes les jeunes pousses prometteuses, Aymeric attend 2024 avec excitation. Les JO. À Paris. "C'est le rêve de tout le monde. J'ai du temps pour vraiment me préparer. Et encore une fois, je ne me fixe aucune barrière psychologique." Sur le 100 mètres, les minimas sont à 10 secondes. Pile. Le record personnel du Martiniquais se situe à 10 secondes 31. "Pour progresser de 31 centièmes, je dois être épargné par les blessures. Et continuer à m'entraîner dur. Le reste viendra tout seul."