Le surendettement en Outre-mer touche plus les femmes, selon une étude de l'IEDOM

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Chaque année, l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM) publie une analyse du surendettement des ménages pour les cinq départements d'Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Mayotte, La Réunion) et pour la collectivité de Saint-Pierre et Miquelon. Les femmes et les personnes en difficultés financières sont les populations les plus touchées.

"Elles sont les plus touchées par la séparation, sont plus isolées et sans emplois", explique en premier lieu Patricia Raux, la coordinatrice des activités grand public au sein de l'IEDOM qui a participé à la rédaction du rapport. Publiée mardi 21 février, cette enquête sur le surendettement des ménages démontre, entre autre, que les femmes forment la plus grande part des surendettés en Outre-mer. Elles sont 63 %, dans les tranches d’âge de 25 à 54 ans, contre 54 % dans l’Hexagone.

Les personnes isolées -souvent des femmes- et dans des situations sociales et financières difficiles sont l'autre part des surendettés dans les DOM : 36% sont au chômage et plus de 19% sans profession ou en congé maladie de longue durée.

"Souvent, ces populations ne pensent pas aux aides disponibles. Elles peuvent faire appel au point conseil budget, aux allocations familiales, aux fonds de solidarité logement pour éviter de s'enfoncer dans les dettes", souligne Patricia Raux.

Plus de crédit à la consommation 

Depuis la fin de la crise covid, les crédits à la consommation ont considérablement augmenté en Outre-mer, notamment aux Antilles. "Une partie de l'endettement [de la population antillaise] est liée à l'augmentation de la souscription aux crédits à la consommation. La Martinique et la Guadeloupe ont retrouvé leur liberté et il y a un effet de surconsommation", indique la coordinatrice de l'IEDOM.

Depuis 2020, la part des dettes à la consommation a progressé de 6 points, atteignant 40% en 2022. "Il y a même une augmentation du dépôt de dossiers faisant l'objet d'un rétablissement personnel [effacement des dettes après consultation du dossier, ndlr] en  janvier 2023 en Guadeloupe, comme un effet de rattrapage" ajoute Patricia Raux. Depuis la fin de la crise sanitaire, les aides de l'État ont été réduites, ce qui peut provoquer dans certains cas un basculement vers l'endettement.

En général, le nombre de dossiers déposés en commission pour une procédure de rétablissement personnel a été en hausse de 5% en 2022. En Guadeloupe, 30% de dossiers en plus ont été déposés, 8% en Martinique. La Réunion est moins concernée par ce phénomène d'après la coordinatrice.

Plus de la moitié des ménages surendettés

En Outre-mer, 55% des ménages sont en situation de surendettement. Ces ménages ne disposent d’aucune capacité de remboursement ou sont en incapacité de faire face à leurs dettes, précise l'enquête de l'IEDOM. De plus, 71% des personnes vivant dans un ménage surendetté vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire. Le phénomène du surendettement se concentre donc sur une population pauvre ou aux ressources limitées, et qui est de ce fait en situation de fragilité financière.

L'endettement global contracté par l'ensemble des ménages surendettés en Outre-mer, en 2022, s'élève à 76,2 millions d'euros (contre 4,3 milliards d'euros en Hexagone). Cette dette globale est en baisse de 5% sur un an pour les Outre-mer. "On est loin du pic à 86,2 millions d'euros en 2018/2019", conclut Patricia Raux.

⇒ Retrouver l'intégralité de l'enquête de l'IEDOM en cliquant ici.