Le Théâtre d'Outre-mer en Avignon fait "Comme l'oiseau"

"Comme l'oiseau" de Bérékia Yergeau
Dans cette pièce écrite et mise en scène par Bérékia Yergeau et présentée au TOMA, il est question des "mules", ces passeurs de drogues qu'ils ingèrent, entre la Guyane et l’Europe mais aussi du désarroi qui s’empare des proches de ceux et celles qui se soumettent à cette pratique dramatique.

« Fais comme l’oiseau, ça vit d’air pur et d’eau fraîche, un oiseau… » chantait dans les années 70 Michel Fugain flanqué de son Big Bazar. Les "mules" en Guyane, elles, tentent de vivre des boulettes de cocaïne qu’elles ingèrent. On est donc loin des oiseaux de paradis et l’autrice et metteuse en scène, Bérékia Yergeau préfère s’intéresser à l'enfer que vivent ces hommes et ces femmes-valises, transporteurs d’une cocaïne (dans de petits sacs qu’ils ingèrent) qui ronge tous ceux qui la touchent - à l’exception notables des dealers qui fournissent. 


Dans Comme l’oiseau, tout joue sur des symboles, voire sur une certaine poésie, pour contourner les clichés et éviter que l’histoire ne retienne qu’un seul aspect des questions que soulève l’existence des mules en Guyane. Un thème qui retient l’attention du public, dit Bérékia Yergeau : 

Bérékia Yergeau, metteuse en scène de "Comme l'oiseau"

Belle tentative de la metteuse en scène Bérékia Yergeau de décrypter à sa manière les rouages d’un système qui enrichit tout le monde au premier abord mais qui, très vite, montre les limites de sa propre perversion. En scène, une jeune fille tentée par l’argent facile devient "mule" et des parents plongés dans le désarroi quand ils apprennent ce que leur fille a fait. La mère-courage décide alors, pour sauver sa fille, de prendre un vol un Cayenne-Orly, la peur et les boulettes de coke au ventre ; et à l’arrivée, la même corruption s’empare d’elle. Le père, lui, s’avère incapable de préserver la cohésion et l’intégrité familiale.


Bref, ce sont des archétypes, évoluant dans une scénographie jouant habilement de cages dorées suspendues, symboles d’une liberté perdue. Et un rappel constant que ces gens qui se transforment en passeurs de coke, aspirent tous, d’une façon ou d’une autre, à une vie meilleure, à être libres... comme l’oiseau. La pièce vise indirectement à donner une image différente de la Guyane, selon l’une des comédiennes de « Comme l’oiseau », Noémie Petchy :

Noémie Petchy, l'une des comédiennes de "Comme l'oiseau"

Les trois comédiens défendent leurs personnages, suffisamment pour faire entendre le message que l’autrice et metteuse en scène Bérékia Yergeau a voulu délivrer, avec au passage une coquetterie qui tranche avec le propos puisque la pièce est écrite tout en vers ! Un pari donc : au public de dire si le message sur le drame de ces mules en Guyane est bien passé. 
L'occasion de vous faire votre propre opinion le 27 juillet prochain puisque le Portail des Outre-mer vous proposera de découvrir Comme l'oiseau !

Comme l’oiseau de Bérékia Yergeau, à La Chapelle du Verbe Incarné au Théâtre d’Outre-mer en Avignon (TOMA), jusqu’au 28 juillet.