"Je condamne absolument les propos de Salime Mdéré", a réagi sur Twitter le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco. Invité du journal du soir de Mayotte La 1ère, lundi, le passage du vice-président du Conseil départemental de Mayotte a tourné en boucle sur les réseaux sociaux, suscitant un énorme tollé. En direct, il a estimé qu'il fallait "peut-être [...] tuer [les "voyous"] pour qu'ils ne puissent pas" continuer leurs exactions. L'élu faisait référence à la situation à Tsoundzou, théâtre de violents affrontements entre bandes armées et forces de l'ordre. "Rétablir l'ordre et les principes fondamentaux doit se faire avec détermination, mais dans la sérénité : ces propos ne sont pas dignes de la République", a ajouté le ministre. De son côté, le préfet de l'île Thierry Suquet a indiqué sur France Culture que "de tels propos sont inadmissibles".
Élu aux élections départementales de juin 2021 sous une étiquette "divers centre", Salime Mdéré intervenait dans la foulée d'un reportage où des habitants témoignaient de la "terreur" imposée par les bandes rivales. L'homme a assuré qu'il s'agissait de "délinquants", de "voyous", de "terroristes". Tout en précisant qu'il "pèse (s)es mots", celui qui est premier vice-président du Conseil départemental a insisté : "Si y'en a pas un qui est tué, y'en aura toujours d'autres qui vont oser tenter à tuer [sic] des policiers".
Des propos condamnés à Paris
Dans un communiqué de presse, le parti Renaissance "condamne avec la plus grande fermeté les propos intolérables" tenus par Salime Mdéré. Le parti appelle "chacun à mesurer la gravité de ces mots qui sont une incitation au meurtre et à la violence". Renaissance rappelle qu'à ce titre, ces propos "peuvent être sanctionnés par les lois de la République".
Le député La France insoumise Thomas Portes a d'ailleurs annoncé saisir le procureur de la République après ces propos tenus sur le service audiovisuel public de Mayotte. Tout comme l'association SOS Racisme, qui dénonce "des propos indignes d'un élu de la République et qui nourrissent le chaos dans lequel l'opération Wuambushu plonge l'île".
De son côté, le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel dénonce sur Twitter des propos "honteux". "Voilà où conduit la politique de notre gouvernement. J’appelle à mettre un terme immédiat à cette opération [Wuambushu, NDLR]", a-t-il ajouté. "Le 1er Vice-Président du Conseil Départemental de Mayotte appelle à "tuer" des jeunes (...) Je ne vois pas comment il peut être maintenu dans ses fonctions", a critiqué sur Twitter la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier. "Voilà ce que déchaîne l'opération engagée par le gouvernement à Mayotte", s'est indigné le patron du PS Olivier Faure, appelant à "interrompre" les évacuations "avant le drame".
"Est-ce que les élus LREM vont condamner ces propos insupportables du vice-président LREM du Conseil départemental de Mayotte ?", a pour sa part demandé le coordinateur de LFI Manuel Bompard. Dans un communiqué, le parti de la majorité présidentielle assure que Salime Mdéré "n'est pas adhérent à Renaissance [nouveau nom de LREM], il n'a jamais obtenu l'investiture de notre parti et n'a d'ailleurs pas accordé son parrainage au Président de la République en 2022".
Face à l'indignation générale suscitée par son intervention, le vice-président du Conseil départemental a rétropédalé mardi en assurant que ses propos "ont dépassé (s)a pensée" et en présentant "bien volontiers" ses excuses "s'ils ont pu heurter".