Législatives : une championne de kick-boxing d’origine comorienne veut bouter le FN hors de Marseille

Sarah Soilihi, candidate de La France insoumise dans la 3e circonscription de Marseille.
Doctorante en droit et championne du monde de kick-boxing, Sarah Soilihi porte les couleurs de La France insoumise dans la 3e circonscription de Marseille face au Front national Stéphane Ravier, qu'elle veut bouter hors de sa terre d'élection. 
"Sarah est une personne hautement représentative de ce que nous estimons être le plus brillant dans le pays et de ce que le Front national déteste le plus", résume Jean-Luc Mélenchon, candidat à Marseille. Le leader de la France insoumise estime qu'une victoire de sa protégée le 18 juin serait encore plus importante que son propre succès sur cette ancienne terre de gauche dominée par l'extrême droite.
 
A 24 ans, Sarah Soilihi est devenue une icône de la diversité marseillaise, le symbole aussi de la réussite d'une enfant de l'immigration dans ces quartiers nord de la ville souvent réduits à la violence endémique des règlements de comptes sur fond de trafic de drogue.
 

Doctorante en droit

Le CV de la candidate impressionne : doctorante en droit avec une thèse sur la cybercriminalité, chargée d'enseignements à l'université, responsable associative dans l'humanitaire, intervenante dans les écoles pour des actions de sensibilisation sur la discrimination et championne du monde de kick-boxing.
 
"Je ne suis pas un symbole, mais la porte-parole des habitants de ces quartiers où j'ai grandi", dit-elle. Issue de l'immigration comorienne, la jeune femme veut "ouvrir la porte" par son exemple à une jeunesse désorientée. "Beaucoup de jeunes ne s'intéressent plus à la politique car, chaque fois, on les renvoie vers ce qu'ils sont. Je veux leur montrer qu'un ailleurs est possible, qu'ils ne sont pas condamnés à la violence et au chômage", affirme-t-elle.
 

"Je ne fais pas de la politique par stratégie ou par envie d'un poste. Et mes convictions m'ont conduite à manifester pendant quatre ans contre les lois Macron et El Khomri" (Sarah Soilihi) 



Voix de la diversité

Son parcours de vie a forgé son caractère sur le ring et au quotidien, suscitant l'admiration de son entourage. "Elle est dans la vie comme sur le ring, elle ne triche pas", résume un habitué de la salle de boxe de Frais-Vallon qu'elle fréquente. "Le sport me permet de relativiser et de lâcher un peu la pression", souligne Sarah Soilihi, qui a été contrainte de réduire ses heures d'entraînement pour se consacrer à la politique, d'abord à travers la campagne présidentielle comme porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, puis comme candidate.
 
De son petit local de campagne du quartier de la Rose, dans le nord de Marseille, elle distribue directives, conseils et sourires à une trentaine de bénévoles. Celle qui se veut la voix de la diversité ne ménage pas ses efforts pour lutter contre l'abstention, son "ennemie n°1" qui pourrait aider le Front national à s'imposer dans cette circonscription qu'il n'a manqué que de 700 voix en 2012.
 

Engagement à La France insoumise

La députée divers gauche Sylvie Andrieux a depuis été mise hors-jeu par la justice qui l'a lourdement condamnée, fin 2016, pour détournement de fonds publics sur arrière-plan de clientélisme. "Le clientélisme est toujours de mise dans ces quartiers où certains promettent logement et emploi alors qu'un député n'a aucune prérogative dans ces domaines", dit Sarah Soilihi. "Je vois aussi ceux qui, par désespoir ou par colère, se tournent vers le Front national. On prend tous les jours cette colère en pleine figure".
 
Ex-porte-parole de Christophe Castaner, tête de liste PS aux régionales en Paca, la candidate n'a pas cédé aux appels du pied du désormais secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement pour rejoindre la majorité présidentielle. "Je ne fais pas de la politique par stratégie ou par envie d'un poste. Et mes convictions m'ont conduite à manifester pendant quatre ans contre les lois Macron et El Khomri", résume-t-elle pour justifier son engagement à La France insoumise.

La 3e circonscription s'étale sur une partie des 12e, 13e et 14e arrondissements de Marseille. Dix-sept candidats au total se présentent au scrutin des 11 et 18 juin dans ce secteur, le plus grand de la ville avec ses 70.000 électeurs.