Il y a les 72 mesures du Comité Interministériel des Outre-mer et les autres. Celles qui ne figurent pas dans le document de travail du gouvernement, mais qui, pour les élus ultramarins, représenteraient un vrai changement de cap dans la gouvernance.
Prenons par exemple la délivrance des visas économiques pour les investisseurs étrangers. Cette mesure, si elle devait être appliquée, permettrait aux capitaux étrangers de venir en Martinique ou en Guadeloupe.
Autre mesure demandée par les acteurs du bâtiment : la clause de préférence locale sur les marchés publics. Seulement cette disposition, qui permettrait à des entreprises locales, souvent plus petites, de se positionner, se heurte à la législation sur le code des marchés publics européens.
Sortir des économies de comptoirs
Pour permettre aux Antilles, à la Guyane, à Mayotte et à La Réunion de sortir d'une économie de comptoirs dépendante d’importations massives, les élus ultramarins parient sur leurs espaces économiques propres. Prenons le cas des Antilles. Cet espace s’appelle la CARICOM, la communauté des Caraïbes. Un marché qui regroupe Trinidad, Sainte-Lucie, la Barbade, la Dominique, la Jamaïque, le Guyana et le Surinam. Cette même CARICOM a voté l’adhésion de la Martinique : le contrat d’adhésion devrait être signé en février 2024.
Autre demande des élus des Antilles : un retour de la France au sein de la Banque de développement des Caraïbes (BDC). La sortie de la France de cet organe empêche des territoires comme la Guadeloupe et la Martinique d’y participer et d’y investir. Or les acteurs politiques et économiques savent que les plus gros investisseurs se trouvent au sein de la BDC. L’espace économique européen représente 600 millions d’habitants, quand l’espace caribéen représente 70 millions d’habitants. Additionner deux espaces vaut mieux qu’un seul espace d’échanges.
Étendre l'aide au fret
Autre revendication des acteurs économiques : la mise en place d’une plate-forme d’équivalence des normes. Par exemple, La Réunion pourrait importer des matières premières d’Afrique du Sud ou de Madagascar, et vice-versa. La Martinique pourrait vendre au Brésil des produits fabriqués sur son sol. Il faut pour cela réformer l’aide au fret, une aide accordée aux transporteurs du fait de l’éloignement des marchandises. Mais cette aide n’est valable que pour les produits en provenance de l’Hexagone et d’Europe. Elle ne fonctionne pas entre la Guadeloupe et la Martinique, ni même entre les autres départements et régions d’Outre-mer.
Autant de mesures portées par certains élus des DROM pour développer le droit à l’économie locale, à l’initiative, et pour réduire leur dépendance hexagonale et européenne.