Les écarts de prix entre les DROM et l'Hexagone se creusent

Clients dans un supermarché, en Guadeloupe
Une nouvelle enquête de l'Insee confirme que les prix sont bien plus élevés Outre-mer, en particulier pour les produits alimentaires. Les différences de prix se sont accentuées depuis 2015, date de la dernière enquête de ce type.

+14% en Guyane et en Martinique, +9% à La Réunion, +10% à Mayotte, +16% en Guadeloupe. En moyenne, les prix sont bien plus élevés dans les DROM que dans l'Hexagone. C'est ce qui ressort de la dernière enquête de comparaison spatiale des prix de l'Insee. Pour élaborer son bilan, l'institution a effectué près de 80 000 relevés de prix entre mars et avril 2022.

L'écart le plus important concerne les produits alimentaires. Il frôle les 40% de plus en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, 37% de plus à La Réunion et 30% à Mayotte. Les différences de prix les plus élevées sont observées pour des produits comme l'eau en bouteille, la moutarde, les produits laitiers, le sucre ou le vinaigre. 

Les prix sont plus élevés dans tous les DROM en comparaison avec l'Hexagone.

Se soigner coûte aussi plus cher Outre-mer : +9% à La Réunion ou +17% à Mayotte par exemple. Les prix sont également nettement plus élevés en ce qui concerne les télécommunications : +12% à Mayotte et jusqu'à +37% en Martinique. L'écart est plus modéré pour les transports : les voitures coutent plus cher, mais le carburant est meilleur marché par exemple.

Des produits importés qui gonflent les factures

Lorsque l’on compare les prix entre la région parisienne et le reste de l’Hexagone, c’est sur les services que l’écart est le plus important. Cela s'explique par "le prix du foncier" et "le niveau des salaires", plus élevés dans la capitale.

Au contraire, dans le cas des départements d’Outre-mer et celui de la Corse, ce sont les biens, et non les services, qui coûtent nettement plus chers qu'ailleurs. "Cela vient essentiellement du fait que de nombreux produits ne sont pas produits localement et doivent être importés, ce qui engendre des coûts de transport, d’entrepôt, de logistique, explique Aurélien Daubaire, le chef du département des prix à la consommation de l'Insee. Le surcoût des biens dans les départements d’Outre-mer et en Corse concerne la quasi-totalité des produits et de manière assez homogène dans tous ces territoires."

Malgré une inflation plus forte dans l'Hexagone, des écarts qui perdurent

Non seulement les prix sont plus élevés dans les DROM, mais l'écart se creuse. La dernière enquête de l'Insee comparant les prix entre les territoires ultramarins et l'Hexagone date de 2015. À l'époque, les prix en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane était 12% plus élevés que dans l'Hexagone (contre respectivement 14%, 16% et 14% aujourd'hui). L'écart était de 7% à La Réunion et à Mayotte, contre 9 et 10% aujourd'hui.

Ce résultat peut sembler contre-intuitif dans la mesure où l'inflation qui touche la France depuis la guerre en Ukraine impacte plus violemment l'Hexagone que les Outre-mer. Comment expliquer que l'écart ne se réduise pas alors que les prix augmentent plus vite dans l'Hexagone ?

Pour Aurélien Daubaire l'explication se trouve dans "l'évolution des paniers de consommation" depuis 2015. "Lorsque l’on regarde en détail, l’évolution provient de l’évolution des produits consommés plutôt que de l’évolution du prix de chaque produit, explique-t-il. Par exemple, dans les départements d'Outre-mer, les ménages sont de plus en plus équipés en internet, ce qui peut accroître les écarts de prix moyen."