Ne leur dites pas que leur pari est fou : que deux poètes se mettent en tête de créer une maison d’éditions, de parier sur le livre, de miser sur la littérature et l’amour qu’elle suscite à ceux qui s’y adonnent, n’a rien d’insensé pour Nassuf Djailani et Jean-Luc Raharimanana. Tout au plus, c’est un pari audacieux, il faut bien le reconnaître : quand la culture n'est pas toujours considérée de nos jours comme un "produit de première nécessité", quand sur le plan économique et financier, il n'est pas toujours facile de tirer son épingle du jeu avec une entreprise culturelle, il en faut du courage pour lancer un tel projet.
Inauguration... à Paris
C’est dans la petite librairie Calypso, dédiée aux littératures et livres d'Outre-mer, nichée dans le 11ème arrondissement de Paris que les deux auteurs, maintenant éditeurs, ont choisi, ce samedi 11 septembre, de porter sur les fonds baptismaux leur bébé : une maison d’édition baignée d’océan Indien - ne serait-ce que par les origines mahoraises, pour l’un et malgaches, pour l’autre.
L’idée des éditions Project’îles est bel et bien inscrite dans son nom en forme de jeu de mots. Il peut se lire aussi bien comme la volonté de projeter loin très loin ces îles de l’Ocean Indien et leurs littératures pas assez connues ( or les auteurs et les textes sont légion dans la région…) ; mais aussi prendre le sens d'un projectile qui viserait, ciblerait de nouveaux auteurs, de nouveaux publics, de nouveaux horizons.
Océan Indien mais pas que...
Dans le même temps, le projet veut que tous se trouvent, se retrouvent et se parlent autrement que par le biais de la mère Métropole en remontant le fleuve des origines, de tout ce qui composent cette partie du monde, continents africain et indien compris. Des auteurs issus de ces contrées viendront donc nourrir également un catalogue encore à étoffer de la toute jeune maison d’éditions. Écoutez Nassuf Djailani, co-fondateur des éditions Project’îles évoquer l’importance d’une maison d’éditions dans l’océan Indien.
Pour Jean-Luc Raharimana, écrivain, poète et ami de Nassuf Djailani, c'est en toute connaissance de cause et en fin connaisseur du monde de l’édition qu'il a estimé qu'il fallait se lancer dans cette aventure. Project’îles, selon lui, vient combler un manque alors que la littérature existe et est bel et bien vivante dans cette région.
Déjà cinq titres à l'actif de la maison d'édition qui verra ses premiers livres garnir les rayons des librairies dès le 1er octobre : Johanna de Saindoune Ben Ali, Amère de Nadjim Mchangama, Rêve en carton de Dieudonné Niangouna, Lorsque les cerfs-volants se mettront à crier de Davina Ittoo et Deux mallles et une marmite de Ananda Devi.
De la poésie, un roman et un essai... et les tenants de Project'îles ne s'interdisent rien : romans, récits, beaux livres ou pourquoi pas bandes dessinées seront au programme pour les mois, voire les années à venir. C'est le souhait principal de ses créateurs : que Project'îles aille le plus loin possible dans ses ambitions et avec elle, les littératures liées à l'Océan Indien.