Les élèves de Parallel 1 Académy représentent la Martinique au Festival international du film d'animation d'Annecy

Depuis plusieurs jours, une dizaine d'étudiants martiniquais sont à Annecy à l'occasion du festival international du film d'animation. Pour ces étudiants caribéens, ce voyage au cœur de l'industrie mondiale de l'animation est l'opportunité de présenter leur parcours et l'originalité de leur formation. 

Sortie pédagogique

L'école opère ces voyages pédagogiques pendant le festival depuis trois ans. Annecy pour le cinéma d'animation, c'est un peu the place to be pour Yoane Pavadé, co-fondateur de l'école Parallel 1 Academy et Saïdou Bernabé, directeur de l'école. "En Martinique, on est un peu isolés dans ce domaine. Partir à Annecy avec nos étudiants, c'est l'opportunité de faire une veille sur les évolutions de l'industrie de l'animation, de voir aussi comment on réadapte notre pédagogie par rapport à ces évolutions."

"Pour le moment, je le vois davantage comme un enseignement très enrichissant pour la suite, raconte Lilian Ibou, l'un des étudiants à avoir fait le voyage avec son école. C'est un peu comme si je me faisais des pré-contacts, je les prends, mais les liens vont vraiment se faire quand j'aurais terminé." Le jeune homme est actuellement en troisième année et n'aura fini son cursus qu'à la fin de l'année prochaine. 

Mais partir engage des frais. S'ils sont soutenus par les pouvoirs publics locaux, la seule école d'animation de la Caraïbe doit aussi compter sur ses fonds propres pour financer ce projet de voyage pédagogique. "On déploie beaucoup de moyens, précise Yoane Pavadé. Ça doit se traduire par des stages pour nos étudiants ou une meilleure compréhension de l'industrie et puis une plus grande visibilité pour l'école qui peut intéresser des étudiants de l'Hexagone ou internationaux."

Marché international 

Avec ses 17 000 visiteurs accrédités, le festival d'Annecy est le lieu où tous les professionnels de l'animation se retrouvent. Au programme des étudiants et de leurs accompagnateurs : rencontre avec des professionnels et prospection pour leur avenir. "C'est vraiment un moment sur une semaine où le marché de l'animation et de la formation de l'animation se retrouve, donc c'est cette opportunité-là pour nous d'être au contact du monde de l'industrie", complète le directeur de l'école. 

Depuis leur stand sur le Marché international du film d'animation au sein du festival, les étudiants peuvent présenter leur portfolio vidéo et espérer repartir avec des contacts. C'est le cas de Lilian Ibou, étudiant en 3ᵉ année à l'école Parallel 1 Academy en Martinique qui a aussi assisté à des conférences de professionnels de l'animation. "Ils nous ont donné pas mal de conseils, comme savoir travailler en équipe. Ils ont aussi insisté sur le fait qu'il faut y aller, ne pas être inquiet et s'investir."

Dans les allées du marché du film, Parralel 1 Academy côtoie d'autres écoles d'animations : de potentielles futures partenaires. "On est lauréat France 2030 de La grande Fabrique de l'Image, précise Yoane Pavadé. Il y a d'autres écoles qui le sont, donc on nous incite beaucoup à créer des ponts et des partenariats, donc Annecy, c'est l'occasion de se rencontrer."

Un écosystème en structuration

L'animation caribéenne et les studios sont encore embryonnaires en Martinique et dans les Antilles plus généralement. "Nous sommes en pleine structuration", explique Yoane Pavadé, également président de la fédération internationale des acteurs de l'image animée de Martinique. "L'écosystème est vraiment en train de se créer en Martinique", poursuit-il. Un écosystème qui gagnera prochainement la Guadeloupe avec l'ouverture d'une école Parallel 1 Academy.

Ce que les membres de l'école revendiquent : c'est le style "caribéen" de leurs productions. "Le Japon a fait un hold-up mondial avec les mangas, mais rien n'empêche d'autres pays de faire de même avec leur culture et leur animation", estime Lilian Ibou. "Nos connaissances ne sont pas les mêmes qu'au Japon ou qu'en France : sur les paysages, les plantes, sur comment on construit la personnalité de nos personnages : et je pense que c'est ça qui fait notre pâte." L'un des rêves presque inavouables de Lilian : créer un studio d'animation en Martinique.