« On va essayer de commencer l’année avec un putain de bon film ! » s’exclame Jimmy Laporal-Trésor devant une salle comble à quelques minutes de la projection en avant-première de son tout premier long-métrage Les Rascals à Paris. Le réalisateur appelle ensuite un à un les membres du casting du film, ovationnés par le public parisien.
A quelques jours de la sortie, toute la jeune bande d’acteurs commence à peine à réaliser. Jonathan Feltre est originaire de Bouillante en Guadeloupe, Ruddy est son premier 1er rôle au cinéma : « Il y a une espèce d’effervescence, une attente autour du film et c’est dingue de voir sa tête en haut de l’affiche. Ça fait plaisir. Je suis un peu curieux de savoir comment notre histoire va être réceptionné par le public. »
Une salle comblée
A l’issue de la projection, la ferveur de la salle ne laisse aucun doute. Le public est comblé. « Je trouve que le film montre bien cette période-là des antillais dans les années 80, ça me rappelle un peu mon histoire familiale estime Wesley, martiniquais de 38 ans résidant en région parisienne. Et on n’a pas l’habitude d’entendre du créole dans les films français, poursuit-il, c’était plutôt une belle surprise, ça fait toujours plaisir d’entendre sa langue natale. »
Pour d’autres c’est l’émotion qui prime. « C’est vraiment une claque je pense que tout le monde est d’accord » sourit une jeune spectatrice qui voit déjà le film pour la seconde fois. « On vient de sortir donc on est encore un peu dans l’émotion, renchérit une autre. Mais le film est super, c’est des sujets auxquels j’étais un peu sensibilisé mais je trouve que c’est hyper cohérent, c’est bien mis en scène. »
Une pluie de commentaires aussi sur les réseaux sociaux après cette projection parisienne.
A la sortie de la projection, le plus jeune acteur de la bande Emerick Mamilonne, 18 ans, ne sait plus où donner de la tête: « D’un côté ça fait bizarre, réagit-il timide. Tu vois pleins de gens te regarder, ça met le stress mais ça fait plaisir en même temps. »
L’histoire d’une époque
« Les Rascals, c’est l’histoire d’une époque, explique Jimmy Laporal-Trésor. D’une époque qui change, d’une époque en crise : il y a le chômage, le début d’une crise politique, la montée du Front National, du racisme dans la rue. » Dans ce cadre très politique, que les scénaristes ont voulu le plus factuel possible, évoluent une bandes de « loulous » comme les présente le réalisateur, et une jeune femme montée à Paris pour ses études. « Ils vont rencontrer ce que j’appelle Le cauchemar Français, raconte Jimmy-Laporal-Trésor, qui est symbolisé par une bande de bone heads. Et l’insouciance des Rascals va entrer en collision avec cette violence. »
Un film dans lequel la violence tient certainement une place importante, mais qui évoque aussi des thèmes tels que le déracinement de cette famille antillaise au cœur du scénario. « On est en 1984, le BUMIDOM n’est pas loin, rappelle Mylène Wagram comédienne martiniquaise qui joue le rôle de la mère antillaise. L’immigration c’est quelque chose de lourd que tu sois de la Martinique mais que tu viennes de l’Espagne, du Portugal. Il y a toutes ces choses qui parlent à une France mélangée, comme l’est cette bande de copains. »
Les Rascals sort en salles aux Antilles, en Guyane et dans l’Hexagone le 11 janvier prochain.