De Londres à Shanghai, le nickel calédonien victime collatérale de la guerre commerciale

Principal métal des batteries électriques, premier alliage de l’acier inoxydable, le nickel subit les incertitudes pesant sur l’économie mondiale. Il évolue dans la zone de guerre commerciale qui oppose la Chine aux Etats-Unis.
 
En 2019, la production de la Nouvelle-Calédonie devrait être de 145.000 tonnes de nickel contenu, selon les prévisions de la banque américaine Morgan Stanley. Le Territoire est le sixième producteur mondial de ce métal placé sous les feux de l'actualité par son importance pour la transition énergétique et les véhicules électriques. La Nouvelle-Calédonie, berceau mondial de l'industrie du nickel, devrait dépasser l'Australie en 2021.
Le cours mondial du métal est fixé lors des séances quotidiennes de la Bourse des métaux de Londres. Il n’est pas forcément identique à celui fixé en Asie par la Bourse des métaux de Shanghai. Dans les deux cas, il s’agit des cours de la tonne de métal pur, les prix des alliages et des minerais sont proportionnés à leur teneur en nickel.

Attente
Toujours dans l’attente d’un premier accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis qui relancerait la demande en acier inoxydable, les cours du nickel poursuivaient lundi leur correction à la baisse. La forte hausse des mois de juin à septembre est effacée. En Asie, la bourse des métaux de Shanghai (SHFE) espère une pause même si "le nickel a entraîné les métaux de base en territoire négatif, il a perdu 2 % au cours de la séance de négociation matinale de lundi ", a constaté le correspondant du Metal Bulletin (Fastmarkets). Seule note optimiste, "le marché cherche apparemment à mettre fin à la baisse, mais il n’a pas encore trouvé comment" a ajouté Alastair Munro, cette fois depuis le back-office du négociant Marex Spectron à la Bourse des métaux (LME) de Londres.

Baisse
Même si la cocotte-minute du LME est un peu moins sous pression en ce début de semaine, le cours du nickel a perdu 21 % depuis son sommet du 4 septembre dernier. Ce lundi, Shanghai est dans le sillage de Londres où domine toujours un sentiment baissier alimenté par des vendeurs à découvert. Plus généralement, le nickel et les autres métaux industriels subissent également la forte aversion pour le risque qui caractérise le marché des matières premières. Les manifestations à Hong Kong et l'aggravation de la crise politique au cours du week-end ont inquiété les investisseurs. "Les métaux industriels, le nickel ou le cuivre, ont besoin d’un environnement mondial stable et favorable au commerce" a rappelé le professeur Philippe Chalmin lors de la présentation annuelle du rapport Cyclope.

Espoir
En écho aux propos de l’historien des matières premières, le marché est dans l’attente d’un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis qui pourrait faire rebondir les cours du nickel et des autres métaux. Samedi, l'agence Chine Nouvelle (Xinhua) a déclaré que le vice-Premier ministre Liu He avait parlé au représentant américain du Commerce, Robert Lighthizer, et avait eu "des discussions constructives sur les préoccupations fondamentales de chacune des parties concernant la première phase d'un accord commercial".

Regain d’optimisme ? Lundi en fin de matinée à Londres, une analyse commune du LME et du SHFE maintenait des niveaux prévisionnels de prix à 15.220 dollars la tonne. C'est toujours mieux que les cours affichés par la Bourse des métaux Londres en début d'après-midi.

Cours du nickel au LME de Londres à 14 H 15 GMT 14.732 dollars par tonne (6,68 $/l) en baisse de 1,47 %. Baisse sur 5 jours 5,36 %.