Que faut-il retenir du second tour des élections municipales dans les Outre-mer ? La participation plus forte que dans l'Hexagone, la progression de la parité, l'échec de LREM et l'absence de vague verte. Synthèse.
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♦ La place des femmes
Pour la parité hommes/femmes, la situation dans les Outre-mer est contrastée : si tous les maires élus à Mayotte sont désormais des hommes, les trois plus grandes communes ultramarines en nombre d'habitants sont toutes dirigées par des femmes. A La Réunion, Ericka Bareigts l'emporte à Saint-Denis (148.000 habitants), Huguette Bello reconquiert Saint-Paul (105.000 habitants). Sonia Lagarde, maire de Nouméa, avait été réélue dés le premier tour. Deux femmes avaient été également élues dés le premier tour dans les deux plus grandes villes de Guyane : Marie-Laure Phinéra-Horth à Cayenne et Sophie Charles à Saint-Laurent du Maroni.A La Réunion, quatre femmes sont élues : outre Ericka Bareigts et Huguette Bello, Vanessa Miranville est réélue à La Possession et Juliana M'Doihoma devient la nouvelle maire de Saint-Louis. Quatre femmes maires, du jamais vu dans l'île qui dans toute son histoire politique n'avait connu que trois femmes édiles.
En Nouvelle-Calédonie, une liste menée par une femme l'a pour la première fois emporté dans les îles Loyauté : Maryline Silewani (UC-FLNKS) est arrivée en tête avec 50,5% à Maré.
En Martinique, Aurélie Nella, 35 ans, est élue à Ducos.
En Polynésie, Joëlle Frébault a battu le maire sortant d'Hiva Oa, île des Marquises. Elle est devenue la première femme Hakaiki (maire) des Marquises, la Terre des Hommes.
♦ Pas de vague verte
Contrairement au phénomène massif observé dans l'Hexagone, où les écologistes ont conquis de nombreuses grandes villes (Bordeaux, Lyon, Grenoble, Besançon notamment), pas de tsunami vert à signaler dans les Outre-mer, hormis à Pointe-à-Pitre. La commune guadeloupéenne a élu Harry Durimel, avec 42,7% devant l'ancien maire Jacques Bangou (40,1%). Harry Durimel se présentait sous l'étiquette "Oxygène". Il avait été à plusieurs reprises candidat sur les listes EELV lors d'élections précédentes. Autre élue qui se revendique écologiste, la maire réélue de La Possession, Vanessa Miranville, à La Réunion.Ailleurs Outre-mer, pas de vague verte, même si la thématique environnementale n'a pas été absente de la campagne électorale. A Mayotte par exemple, la question de la propreté a été au centre des débats dans toutes les communes mais pas l’écologie en général.
♦ Une participation plus forte que dans l'Hexagone
Si au niveau national, la participation atteint un chiffre historiquement faible (environ 40% de votants pour ce second tour), la participation a été très élevée à Mayotte avec 73% de participation. Regardez le taux de participation avec notre partenaire Politic Data :♦ Nouvel échec de LREM
Le parti d'Emmanuel Macron ne parvient toujours pas à s'implanter dans les Outre-mer. Le maire sortant de Mamoudzou, à Mayotte, soutenu par LREM a été battu lors de ce second tour. Deux autres candidats en lice à Mayotte, soutenus par LREM, ont été battus. Ailleurs, lors du premier tour, deux députés étiquettés LREM avaient été sèchement battus : Olivier Serva en Guadeloupe et Lenaïck Adam en Guyane. La députée Modem de Guadeloupe Justine Bénin avait elle aussi chutée dés le premier tour au Moule.♦ Des sortants réélus et de nouveaux venus
Ces municipales 2020 Outre-mer auront été un savant dosage entre prime aux sortants et renouvellement. Si en Martinique de très nombreux maires ont été réélus dés le premier tour, de nouveaux venus l'ont emporté au second tour. Dans les autres territoires ultramarins aussi, beaucoup de nouveaux venus : c'est le cas de Juliana M'Doihoma, nouvelle maire à Saint-Louis de La Réunion qui a balayé les deux anciens maires Claude Hoarau et Cyrille Hamilcaro. En Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf, 32 ans, l'emporte à La Foa. Il est le plus jeune maire de Calédonie. La tendance au renouvellement se confirme à Mayotte : sur les 17 maires de l'archipel, 15 se représentaient en 2020 et cinq seulement ont été réélus. En Guadeloupe, 28 maires sortants se représentaient sur les 32 communes. 14 ont été réélus, il y a donc 18 nouveaux maires. Parmi les défaites à retenir, celles de Marie-Luce Penchard à Basse-Terre, de Jacques Bangou à Pointe-à-Pitre ou de Joël Beaugendre à Capesterre-Belle-Eau.Mais certains maires vétérans ont réussi leur pari : Paul Néaoutyine rempile pour un 6ème mandat à Poindimié, en Nouvelle-Calédonie. A La Réunion, à l'âge de 80 ans, l'inamovible André Thien-Ah-Koon est réélu pour un sixième mandat au Tampon. En Polynésie, Michel Buillard, maire de Papeete depuis 1995 est réélu.