A 28 ans, Mehdi Darlis vient de publier un livre intitulé "Manman" qu’il présente en ce moment à Paris. Dans ce recueil, quarante-trois personnalités des Antilles, de la Guyane et de l’île Maurice parlent de leurs mères. Pami elles : Tanya Saint-Val, Raphaël Confiant et Laura Flessel.
A la veille de la fête des mères, Mehdi Darlis, 28 ans, a choisi de revenir dans l’Hexagone présenter son livre "Manman" sorti en novembre dernier aux éditions Jasor. Dans ce recueil, quarante-trois personnalités parlent de leurs mamans respectives.
Mehdi Darlis et son hommage à la femme créole par la1ere
Lucette Michaux-Chevry, ex-ministre parle de sa mère comme d’une femme forte. Elle raconte un épisode particulièrement dur : "un jour, j’avais plaidé (NDLR Lucette Michaux-Chevry était avocate) pour un homme qui avait violé sa fille, elle m’avait critiqué. "J’espère que ce n’est pas toi qui plaide ça !" J’avais dit non, mais c’était bien moi qui plaidais. Quand je suis arrivée, elle m’a tapée, j’avais déjà 52 ans, elle m’a giflée devant tout le monde, alors que j’avais un enfant dans les bras".
Eli Domota, syndicaliste : "Maman-mwen sé on madanm ki trè senp, tè diskret, trè jantiy, kon yo ka dit kréyol, sé on madanm ki pa'a pilé on foumi".
René Bélénus, historien : "ma mère est une référence, une vraie bibliothèque, quelqu’un d’absolument fabuleux qui a eu une vie exceptionnelle et exceptionnellement originale, pour la raison toute simple qu’elle a eu quinze enfants, je devrais même dire seize, car l’un d’entre eux est mort très tôt".
Benzo, conteur, dit sur sa mère : "lorsqu’elle raconte des souvenirs d’antan, elle précise la couleur et même le temps qu’il faisait. Elle a une capacité à tenir les gens en haleine".
Jocelyne Béroard, chanteuse du groupe Kassav : "Je me souviens d’un jour ou je rouspétais parce qu’un problème de mathématique était trop difficile. Elle m’a dit : "plus c’est difficile, plus la victoire est belle". Ces mots-là me servent encore".
Bernard Lama, ex-footballeur : ma mère, "un véritable potomitan. S’il n’est plus là, tout s’écroule. Le monde s’écroule".
Henri Joseph, spécialiste de botanique tropicale et co-fondateur de Phytobozaz : "ma mère était très fière qu’un de ses fils soit devenu pharmacien. Pour elle, c’était inespéré parce qu’elle n’avait pas les moyens. C’est peut-être l’un des plus beaux cadeaux que j’ai pu lui faire parce qu’elle voulait que ses enfants "arrivent", comme on dit chez nous".
Pierre-Edouard Décimus, fondateur de Kassav se souvient en particulier de "la prière des oiseaux". Ma mère "a eu plusieurs fois l’occasion de me l’expliquer et le jour où j’ai compris, c’était un moment extraordinaire".
Jacob Desvarieux, musicien de Kassav : "le potomitan, c’est ce qui retient le toit de la maison, qui empêche que l’on soit exposé aux intempéries, le potomitan aux Antilles, c’est la personne qui protège les autres, et ma mère a été cette personne". Jacob Desvarieux raconte aussi comment sa mère a décidé de partir vivre avec ses enfants en Afrique, au Sénégal car elle voulait voir par elle-même. Et c’est là-bas qu’il a appris à jouer de la guitare.
►En bonus "maman Kreyol" de Patrick Saint-Eloi
Une aventure de trois ans
Comment Mehdi Darlis s’est-il lancé dans une telle aventure ? Pendant trois ans, ce réalisateur de documentaires a mené des entretiens pour mettre au point ce livre. Cette idée de rendre hommage aux mères créoles lui est tombé dessus un peu par hasard. Etudiant en commerce international à Monaco, une amie l’a entraîné écouter une conférence.Professeure en Afrique du Sud
"Dans un amphithéâtre, Marion Keim, professeure en Afrique du Sud, parlait, explique Mehdi Darlis. Elle avait recueilli plusieurs témoignages de personnalités sud-africaines sur leurs mères, dont Nelson Mandela. J’ai trouvé qu’il y avait une vraie similitude entre la femme antillaise et ces femmes d’Afrique du Sud".Mères face au capitalisme
Par la suite, l’étudiant en commerce international a parlé à ses professeurs de ces témoignages. "Je voyais mal comment intégrer cette recherche dans mon mémoire, raconte Mehdi Darlis. Et puis c’est devenu évident. Certaines mères, en transmettant de vrais valeurs permettent de lutter contre le système capitaliste qui nous a conduit à une crise économique et environnementale. J’ai étudié le sujet pendant six mois, recueillis des témoignages. Lors de la présentation de mon mémoire, il y a eu deux membres du jury qui se sont mis à pleurer".Mères "potomitan"
Après une telle expérience, Mehdi Darlis s’est dit qu’il fallait publier un livre sur ces "mères créoles qui dans les années 50-60 ont su relever la dure tâche d’élever leurs enfants seules, le père étant souvent absent ou parfois inconnu au bataillon. Ces femmes appelées potomitan". Il en a fait la proposition aux éditions Jasor qui ont souscrit immédiatement au projet. Aujourd’hui, l’ex-tennisman de compétition espère toucher les jeunes avec ces témoignages. Il s’en explique dans cette vidéo :Mehdi Darlis et son hommage à la femme créole par la1ere
Héros de Belle et Sébastien
Sur la couverture de son livre, Mehdi Darlis a choisi une photo de sa grand-mère, Robertine. Son propre père lui rend hommage dans l’ouvrage. "C’est à elle que je dois mon prénom Mehdi, elle adorait le feuilleton Belle et Sébastien et on m’a donné le prénom de Mehdi el Glaoui, le jeune acteur (fils de Cécile Aubry) qui interprétait le rôle de Sébastien. Comme elle, je ne souris pas, mais ça ne veux pas dire que je suis froid !"Pour acheter le livre à Paris, il faut se rendre à la librairie Présence Africaine dans le 5e arrondissement.
Les quarante-trois témoignages du livre sont tous très émouvants. La1ère.fr a sélectionné pour vous quelques extraits :
Lucette Michaux-Chevry, ex-ministre parle de sa mère comme d’une femme forte. Elle raconte un épisode particulièrement dur : "un jour, j’avais plaidé (NDLR Lucette Michaux-Chevry était avocate) pour un homme qui avait violé sa fille, elle m’avait critiqué. "J’espère que ce n’est pas toi qui plaide ça !" J’avais dit non, mais c’était bien moi qui plaidais. Quand je suis arrivée, elle m’a tapée, j’avais déjà 52 ans, elle m’a giflée devant tout le monde, alors que j’avais un enfant dans les bras".
Eli Domota, syndicaliste : "Maman-mwen sé on madanm ki trè senp, tè diskret, trè jantiy, kon yo ka dit kréyol, sé on madanm ki pa'a pilé on foumi".
René Bélénus, historien : "ma mère est une référence, une vraie bibliothèque, quelqu’un d’absolument fabuleux qui a eu une vie exceptionnelle et exceptionnellement originale, pour la raison toute simple qu’elle a eu quinze enfants, je devrais même dire seize, car l’un d’entre eux est mort très tôt".
Colloque 70 ans de départementalisation, René Belenus : En 1899 et 1919, on a évoqué la cession des Antilles aux EU. pic.twitter.com/hi6b24f5un
— La1ere.fr (@la1ere) 18 mars 2016
Benzo, conteur, dit sur sa mère : "lorsqu’elle raconte des souvenirs d’antan, elle précise la couleur et même le temps qu’il faisait. Elle a une capacité à tenir les gens en haleine".
Jocelyne Béroard, chanteuse du groupe Kassav : "Je me souviens d’un jour ou je rouspétais parce qu’un problème de mathématique était trop difficile. Elle m’a dit : "plus c’est difficile, plus la victoire est belle". Ces mots-là me servent encore".
Bernard Lama, ex-footballeur : ma mère, "un véritable potomitan. S’il n’est plus là, tout s’écroule. Le monde s’écroule".
Henri Joseph, spécialiste de botanique tropicale et co-fondateur de Phytobozaz : "ma mère était très fière qu’un de ses fils soit devenu pharmacien. Pour elle, c’était inespéré parce qu’elle n’avait pas les moyens. C’est peut-être l’un des plus beaux cadeaux que j’ai pu lui faire parce qu’elle voulait que ses enfants "arrivent", comme on dit chez nous".
Pierre-Edouard Décimus, fondateur de Kassav se souvient en particulier de "la prière des oiseaux". Ma mère "a eu plusieurs fois l’occasion de me l’expliquer et le jour où j’ai compris, c’était un moment extraordinaire".
Jacob Desvarieux, musicien de Kassav : "le potomitan, c’est ce qui retient le toit de la maison, qui empêche que l’on soit exposé aux intempéries, le potomitan aux Antilles, c’est la personne qui protège les autres, et ma mère a été cette personne". Jacob Desvarieux raconte aussi comment sa mère a décidé de partir vivre avec ses enfants en Afrique, au Sénégal car elle voulait voir par elle-même. Et c’est là-bas qu’il a appris à jouer de la guitare.
►En bonus "maman Kreyol" de Patrick Saint-Eloi