"Les favélas de la Martinique", c'est ainsi que Lydia aime appeler son quartier à Fort-de-France. Trenelle, c'est le quartier populaire par excellence avec des maisons bâties à flanc de colline comme à Rio de Janeiro. Bien loin d'en avoir honte, elle revendique son attachement à cet endroit avec ses souvenirs. "J'ai été élevée par ma mère et ma grand-mère et ce côté d'avoir toujours la famille à côté, l'entraide c'est très important pour moi. Quand ils m'ont accompagnée à l'aéroport, je me rappelle très bien que je tends mon billet en me disant que je serai là dans deux ans. Pour moi c'était impossible qu'il en soit autrement ".
Lydia sait qu'elle n'a pas le choix si elle veut gagner en compétence pour travailler et apporter à son île, elle doit absolument partir faire ses études dans l'Hexagone. "L'objectif était que j'arrive, que j'ai mes diplômes, que je travaille et que je rentre." Mais tout ne se passe pas comme prévu, impossible de revenir au pays après ses études faute d'expérience professionnelle. Elle postule en vain sur des postes qui correspondent pourtant à son profil. Elle décroche finalement un poste de cadre en informatique dans un grand groupe de la distribution en région parisienne. L'expérience dure 9 ans et Lydia bâtit sa vie dans l'Essonne. Elle achète un pavillon et y élève ses trois enfants.
"Je découvre que mes enfants développent des plaques d'eczéma. Aucun des produits proposés en parapharmacie ne leurs conviennent ". Lydia se retrouve à fabriquer elle-même des produits cosmétiques pour les soigner en se rapprochant du naturel. D'un autre côté son employeur lui propose un plan de licenciement qu'elle accepte. Elle y voit un signe du destin et se lance en montant sa structure, Madin' beauty qui propose des conseils et des soins à partir d'éléments naturels.
Aujourd'hui Lydia est toujours à la tête de son entreprise. La question du retour au pays ne se pose pas pour l'instant. En attendant elle travaille beaucoup avec les femmes de sa communauté. "Si nous femmes de la communauté nous ne nous soutenons pas, qui va le faire ?".