L'assassinat avait eu lieu le soir du 8 janvier 2016, dans une petite ruelle mal éclairée de Villeurbanne située à deux pas du boulevard périphérique. La Cour a également prononcé 7 ans de suivi sociojudiciaire contre l'auteur du crime.
La préméditation retenue
Jean-Ludovic Mithra avait entraîné Ingrid Gonfo dans la rue Faÿs, à Villeurbanne, avant de la poignarder sauvagement avec un couteau de 27 cm soigneusement caché dans un sac.Des éléments sur lesquels s'est appuyé l'avocat général pour retenir le caractère prémédité du crime commis par le Réunionnais qui a ensuite cherché à tromper la police en signalant la disparition de sa compagne. Un scénario monté de toute pièce jusqu'au moindre détail : un mot laissé sur la porte de leur appartement sur lequel il avait écrit "Chérie, je suis sorti, je t'aime".
139 coups de couteau
"Elle était méconnaissable". Reprenant le rapport du médecin légiste mentionnant les 139 coups de couteau portés à la victime, dont 60 à la tête, l'avocat général a souligné que Ludovic Mithra avait agi avec un "acharnement que l'on voit rarement"."Un crime d'amour-propre"
L'assassinat d'Ingrid Gonfo est un crime "d'amour-propre" pour la magistrate qui réfute le terme de crime passionnel. La victime lui avait sûrement annoncé son intention de le quitter.
Selon elle, Jean-Ludovic Mithra est un individu "égocentrique", incapable d'avoir un mot de compassion à l'égard de la victime. Porte fermée à clé, téléphone coupé... Le traitement qu'il réservait à sa compagne préfigurait une forme de "séquestration". Le mobile du crime, quant à lui, s'enracine dans les profondeurs de la jalousie et de la possession.
Lors de sa plaidoirie, l'avocat de la défense, Me Djema, s'est lui appuyé sur le rapport de l'expert-psychologue. Son client auraitété "happé par une force destructrice".
109 victimes en 2016
Ludovic Mithra, ancien champion de kickboxing, s'était déjà montré violent envers sa petite amie. Des violences qui ont été évoquées à l'audience : il l'avait déjà fait tomber violemment au sol en lui tirant les cheveux.
L'accusé encourait la peine de réclusion criminelle à perpétuité. La représentante du Ministère public a requis une peine de 25 ans, assortie d'une peine de sûreté des deux tiers. Finalement, la cour a répondu du manière plus nuancée. Ce sera 20 ans. Mais ce que le magistrat attendait du verdict était un message plus général. "Les femmes sont en droit d'attendre de la société une protection maximale" a-t-elle lancé.
En 2016, année de l'assassinat d'Ingrid Gonfo, 109 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints.