Aurélien Gaborit, commissaire de l'exposition et responsable des collections Afrique, souligne que l'art n'était pas purement artisanal et que des ateliers de sculpteurs s'étaient constitués sur la Grande Ile. "La vision à corriger, c'est celle d'un homme qui s'improvise artiste, qui la veille va aux champs et le lendemain à la pêche. Or, il y avait de vrais artistes à qui l'on passait commande, par exemple pour des portes et des volets sculptés", explique-t-il à l'AFP. "Aux XIXème et XXèmes siècles, ce sont ces mêmes artistes qui fourniront les colons et les riches bourgeois malgaches", insiste-t-il.
Les amulettes "ody" préparées par le "ombiasy" guerriseur et devin, servent à protéger les individus. Elles mélangent matières végétales, minérales et animales, à des objets manufacturés. Elles apportent succès ou guérison à son détenteur. #ExpoMadagascar pic.twitter.com/lq0k11TzRh
— musée du quai Branly - Jacques Chirac (@quaibranly) 17 septembre 2018
La singularité de ces sculptures, c'est qu'elles sont "très séduisantes, ne s'imposent pas. C'est un art délicat qu'il faut prendre le temps de regarder", dit-il. Elles n'ont pas l'aspect de l'art d'Afrique centrale, et pas non plus "la délicatesse de l'art de l'Asie lointaine", alors que les influences arabes, persanes ou d'Indonésie sont visibles ici et là.
Cette exposition présente des poteaux funéraires de plusieurs mètres de haut, souvent très fins et élaborés.
Le rapport avec les mondes invisibles et le monde des morts marque profondément l'art de Madagascar. Et ces hommages majestueux aux ancêtres illustrent une vision de la mort singulière, non perçue comme une fin en soi, mais comme un autre voyage", souligne M. Gaborit.
Sur l'un de ces poteaux, au-dessus de crânes de bovidés sacrifiés pour assurer la protection des âmes des défunts, une figure féminine tient un petit garçon le visage caché, image de la vie qui renaît, puis tout en haut, deux oiseaux évoquent l'âme des ancêtres. Autre symbole fort qui revient dans cet art malgache : le zébu. Cet animal est omniprésent, car il évoque la richesse et le pouvoir. Sculpté sur les mortiers, sur les plats rituels, etc... La corne de zébu a servi à confectionner des amulettes et les livres ont été reliés en peau de zébu.
Connaissez-vous le zébu ? Omniprésent sur l'île de Madagascar, le bovin se retrouve sur de nombreux objets, et ponctue le parcours de l'#ExpoMadagascar. Il est figuré dans des objets comme ce mortier, et ses cornes et sa peau servent aussi à la confection de nombreux objets. pic.twitter.com/iY3voOVETa
— musée du quai Branly - Jacques Chirac (@quaibranly) 17 septembre 2018