Madagascar fait le pari du nickel

L'immense usine malgache de nickel.
C’est le projet d’investissement le plus important de l’histoire de Madagascar : 5,5 milliards de dollars pour la grande usine hydrométallurgique Ambatovy-nickel, située sur la côte est de "l’île rouge". Dans le même temps, les cours du nickel s’effondrent.
C'est l'aventure industrielle la plus ambitieuse de l'océan indien. Ambatovy, la grande usine de nickel de Madagascar, atteindra en 2015 un rythme annuel de 54 000 tonnes de métal. 
 

Ambatovy, des emplois et la renaissance de l'industrie malgache

Une production annuelle moyenne de 60.000 tonnes de nickel pur à 99,99 %, 5600 tonnes de cobalt pur à 99,8 % et 190.000 tonnes de sulfate d'ammonium est attendue sur une période de 30 ans. 2500 techniciens malgaches et 350 Canadiens participent au fonctionnement du centre industriel et minier.
 
Sherritt International Corporation, un industriel canadien, détient 40 % du projet. Le service de communication du groupe canadien, en anglais, renvoie vers le centre opérationnel de Sheritt, à Prétoria en Afrique du Sud. Selon les données fournies par Sheritt, le niveau d'extraction de minerai de nickel a atteint 417.412 tonnes en décembre 2014, soit 83 % de la capacité nominale, pendant que la production de métal de nickel a représenté 64 % de la capacité nominale : 37.053 tonnes.
 

Le développement de Tamatave vers le Japon et la Corée

Le site d'exploitation et d'extraction des minerais, lui, est situé près de la petite ville de Moramanga, à l'intérieur des terres, riches en nickel, dont les teintes ocre valent à Madagascar d’être surnommée "l’île rouge". La géologie et les couleurs ne sont pas sans rappeler la Nouvelle-Calédonie.
 
Après extraction, c'est un pipeline de 220 km qui transporte la pulpe de minerai latéritique vers l'usine de traitement située sur le port de Toamasina, à Tamatave, une ville portuaire située sur la côte est. Cette unité de Sherritt International Corporation (à procédé hydrométallurgie) transforme la pulpe de minerai en briquettes hautement concentrées de nickel et de cobalt. 

Le port de Toamasina pointé en rouge sur la carte de Madagascar.

Le port en eau profonde de Toamasina permet d'exporter la production vers les clients finaux, japonais et coréens. Les infrastructures portuaires ont été renforcées pour incorporer un nouveau terminal à combustible ainsi que des équipements de stockage pour importations de matières premières telles que le calcaire, le charbon, le soufre et l'ammoniac. En termes de fiscalité, le gouvernement malgache prélèvera impôts et taxes. Ces flux financiers dépendront du cours du nickel et du cobalt et du résultat opérationnel de la mine.
 

Un puissant partenariat financier

Le centre minier et industriel est détenu par un consortium associant Sherritt (40 %), Sumitomo Corporation (27,5 %), Korea Resources Corporation (27,5 %) et SNC Lavalin (5 %). Le financement du projet a été rendu possible par une longue liste de banques commerciales (banque de Tokyo-Mitsubishi, BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, ING Bank, Société Générale, Sumitomo Mitsui Banking Corporation ), des organismes de crédit à l'exportation et les banques internationales de développement (Banque Africaine de Développement, Banque Européenne d'Investissement, Export Development Canada, Export-Import Bank of Korea, Japan Bank for International Cooperation).
 

Une autre usine a vu le jour et les cours du nickel s'effondrent

Après l'entrée en service de l'usine hydrométallurgique de Vale à Terre Neuve, l'usine de Madagascar est la seconde unité à devenir opérationnelle en quelques mois. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les cours mondiaux du nickel. À Londres, la bourse des matières premières ( LME) enregistre une nouvelle hausse des stocks de métal. Dans ce contexte, la chute des cours du nickel, à 14.205 dollars, près de 1000 dollars perdus par tonne en une semaine, est à la fois logique et spectaculaire. La faiblesse historique de l'euro face à la monnaie américaine (-18 %) est une autre source d'inquiétude. Car le nickel produit notamment en Nouvelle-Calédonie est payé en dollars puis converti en euro. Dernière conséquence, la capitalisation boursière des trois entreprises présentes sur le territoire, Vale, Glencore et Eramet est en forte baisse.