Les Malgaches sont appelés aux urnes mercredi pour le premier tour de la présidentielle, où trois anciens chefs de l'Etat font figure de favori, un scrutin test pour cette île extrêmement pauvre, coutumière des crises post-électorales.
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"L'enjeu de l'élection cette année est de consolider la paix" après les crises politico-militaires sanglantes de 2002 et 2009 et les tensions du printemps dernier autour de lois électorales contestées, explique à l'AFP Sahondra Rabenarivo, membre de cette association.
Depuis l'indépendance de la Grande Ile en 1960, rares sont les élections qui n'ont provoqué "ni contestations radicales ni violences post-électorales", note l'Observateur malgache de la vie publique (Sefafi).
Une profusion de candidats qui témoigne, selon le Sefafi, de "la faiblesse des partis politiques" dans cette démocratie fragile.
Le "self-made man", qui fait partie des plus grosses fortunes de Madagascar selon le magazine américain Forbes, a fait une entrée fracassante en politique en décrochant en 1999 la mairie de la capitale. Deux ans plus tard, il arrache la présidence au sortant Didier Ratsiraka, à l'issue d'une élection contestée dont il force l'issue au prix de violentes manifestations de rue.
Mais pendant que ses partisans vantent son efficacité, ses détracteurs dénoncent sa dérive autoritaire. Des critiques qui virent à l'épreuve de force. Le 7 février 2009, sa garde présidentielle réprime dans le sang une marche vers le palais présidentiel des partisans du jeune maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina. Lâché par l'armée, Marc Ravalomanana cède le pouvoir à un directoire militaire, qui finit par le remettre à son rival Rajoelina. Il est contraint à l'exil jusqu'en 2014.
Connu pour ses seules activités d'organisateur de soirées en vue dans la capitale, ce qui lui valu d'être aussi baptisé le "disc jockey", le jeune patron de sociétés publicitaires crée la surprise en étant élu cette année là maire d'Antananarivo.
Ses partisans défient ouvertement le régime dans la rue et finissent, avec le soutien implicite des militaires, par chasser le chef de l'Etat en 2009. Dans une interview cette année à l'AFP, Andry Rajoelina s'est une nouvelle fois défendu d'être arrivé au pouvoir par un coup d'Etat. "C'était un soulèvement populaire, a-t-il affirmé. Le seul regret que j'ai, c'est que je n'étais pas préparé pour diriger le pays."
Président non-élu, le quadragénaire élégant au visage poupin peine toutefois à rassembler pour sortir le pays de la crise. Ses adversaires lui reprochent "de fermer les yeux" sur le pillage des ressources naturelles. Sous la pression de la communauté internationale, il ne se présente pas à la présidentielle de 2013.
Sa présidence (2014-2018) n'a cependant pas échappé à l'instabilité. Il a survécu à deux tentatives de destitution et à une fronde populaire qui a fait deux morts.
A ce ministère, il a réussi à gérer tant bien que mal les finances publiques d'un régime privé de l'aide internationale. Il est aussi parvenu à maintenir la stabilité la monnaie nationale.
Mais, selon ses détracteurs, il a également fermé les yeux sur divers trafics - bois de rose et pierres précieuses notamment - dont était accusé l'entourage de M. Rajoelina.
Pour la présidentielle de 2013, ce quasi inconnu du grand public avait profité de l'interdiction faite à MM. Ravalomanana et Rajoelina de se présenter. Une fois élu, il a surpris en attendant deux mois pour former un gouvernement... après avoir lancé un appel public à candidatures pour pourvoir les ministères. Il a démissionné début septembre pour se conformer à la constitution, afin de briguer un nouveau mandat.
Une vingtaine de candidats ont par ailleurs dénoncé de nombreuses irrégularités, selon eux, sur les listes électorales et appelé en vain à un report de l'élection. Les favoris se sont tus sur le sujet, mais pourraient l'exploiter en cas de défaite, préviennent les observateurs.
Depuis l'indépendance de la Grande Ile en 1960, rares sont les élections qui n'ont provoqué "ni contestations radicales ni violences post-électorales", note l'Observateur malgache de la vie publique (Sefafi).
Des candidats éclectiques...
Mercredi, 36 candidats sont en lice pour la magistrature suprême. Parmi eux, figurent quatre anciens présidents, plusieurs ex-Premiers ministres, deux pasteurs ou encore un chanteur très populaire.Une profusion de candidats qui témoigne, selon le Sefafi, de "la faiblesse des partis politiques" dans cette démocratie fragile.
...pour une bataille entre 3 hommes
Mais la bataille se joue avant tout entre trois hommes, tous anciens présidents - Marc Ravalomanana (2002-2009), Andry Rajoelina (2009-2014) et Hery Rajaonarimampianina (2014-septembre 2018) -, selon les observateurs et un sondage interdit de parution à Madagascar fin septembre.Ravalomanana, le millionnaire revanchard
Marc Ravalomanana, 68 ans, n'a toujours pas digéré son éviction du pouvoir en 2009 et entend bien prendre cette année sa revanche dans les urnes.Cet ancien livreur de lait a bâti sa notoriété dans les affaires en créant à partir du yaourt Tiko un empire agroalimentaire.Le "self-made man", qui fait partie des plus grosses fortunes de Madagascar selon le magazine américain Forbes, a fait une entrée fracassante en politique en décrochant en 1999 la mairie de la capitale. Deux ans plus tard, il arrache la présidence au sortant Didier Ratsiraka, à l'issue d'une élection contestée dont il force l'issue au prix de violentes manifestations de rue.
Mais pendant que ses partisans vantent son efficacité, ses détracteurs dénoncent sa dérive autoritaire. Des critiques qui virent à l'épreuve de force. Le 7 février 2009, sa garde présidentielle réprime dans le sang une marche vers le palais présidentiel des partisans du jeune maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina. Lâché par l'armée, Marc Ravalomanana cède le pouvoir à un directoire militaire, qui finit par le remettre à son rival Rajoelina. Il est contraint à l'exil jusqu'en 2014.
Rajoelina, le retour du "TGV"
Surnommé "TGV" pour son côté fonceur, Andry Rajoelina, aujourd'hui âgé de 44 ans, est apparu sur la scène politique en 2007.Connu pour ses seules activités d'organisateur de soirées en vue dans la capitale, ce qui lui valu d'être aussi baptisé le "disc jockey", le jeune patron de sociétés publicitaires crée la surprise en étant élu cette année là maire d'Antananarivo.
Ses partisans défient ouvertement le régime dans la rue et finissent, avec le soutien implicite des militaires, par chasser le chef de l'Etat en 2009. Dans une interview cette année à l'AFP, Andry Rajoelina s'est une nouvelle fois défendu d'être arrivé au pouvoir par un coup d'Etat. "C'était un soulèvement populaire, a-t-il affirmé. Le seul regret que j'ai, c'est que je n'étais pas préparé pour diriger le pays."
Président non-élu, le quadragénaire élégant au visage poupin peine toutefois à rassembler pour sortir le pays de la crise. Ses adversaires lui reprochent "de fermer les yeux" sur le pillage des ressources naturelles. Sous la pression de la communauté internationale, il ne se présente pas à la présidentielle de 2013.
Rajaonarimampianina, économiste et poète
Fidèle à sa réserve, Hery Rajaonarimampianina, 60 ans mardi, est le candidat le plus discret des trois favoris. Lors de son accession au pouvoir après la présidentielle de 2013, cet économiste, expert-comptable de formation et poète à ses heures comptait incarner une nouvelle voie après des années de crise politique.Sa présidence (2014-2018) n'a cependant pas échappé à l'instabilité. Il a survécu à deux tentatives de destitution et à une fronde populaire qui a fait deux morts.
A ce ministère, il a réussi à gérer tant bien que mal les finances publiques d'un régime privé de l'aide internationale. Il est aussi parvenu à maintenir la stabilité la monnaie nationale.
Mais, selon ses détracteurs, il a également fermé les yeux sur divers trafics - bois de rose et pierres précieuses notamment - dont était accusé l'entourage de M. Rajoelina.
Pour la présidentielle de 2013, ce quasi inconnu du grand public avait profité de l'interdiction faite à MM. Ravalomanana et Rajoelina de se présenter. Une fois élu, il a surpris en attendant deux mois pour former un gouvernement... après avoir lancé un appel public à candidatures pour pourvoir les ministères. Il a démissionné début septembre pour se conformer à la constitution, afin de briguer un nouveau mandat.
"Risques de dérapage"
La campagne a été calme, mais "les risques de dérapages" existent, préviennent les observateurs. "Il est très important que le résultat soit crédible (...) et que le troisième accepte" de ne pas être qualifié pour le second tour le 19 décembre, souligne Mme Rabenarivo.Une vingtaine de candidats ont par ailleurs dénoncé de nombreuses irrégularités, selon eux, sur les listes électorales et appelé en vain à un report de l'élection. Les favoris se sont tus sur le sujet, mais pourraient l'exploiter en cas de défaite, préviennent les observateurs.