Le grand sourire de Malia Métella illumine la piscine de Madrid, après avoir atteint le mur d’arrivée de la finale. Ce mercredi 12 mai 2004, place à l’épreuve reine féminine de ces championnats d’Europe, le 100 mètres nage libre. En séries, la Guyanaise décroche le meilleur temps. En demi-finale, elle prend la tête de la course et établit un nouveau record de France en 54 secondes 57. Forte de son titre européen du relais 4x100 m remporté deux jours avant, la détermination de Malia est exponentielle. Elle plonge dans le couloir numéro 4 du M 86 – M comme Madrid et 86 en souvenir des championnats du monde. Avant de s'élancer, elle martèle en apnée que « cette course est la sienne ».
Malia Metella bat le record de France du 100 m nage libre
Son départ n’est pas des plus rapides. Aux 50 mètres, l’ex-nageuse de l’USLM Pacoussines vire en quatrième position. La Guyanaise donne toutes ses forces, tout au long des derniers 25 mètres. Elle pose sa nage avec maîtrise. Sous un ciel pluvieux, elle accélère et refait son retard. Elle prend la tête de la course et trouve l’énergie de battre à nouveau le record de France, avec un chronomètre de 54 secondes 46. Elle devance la Néerlandaise Marleen Veldhuis et la Grecque Nery Mantey Niangkouara. A 22 ans, la fusée guyanaise devient la troisième Française à obtenir une couronne européenne sur cette distance, après Yvonne Godard, championne d’Europe en 1931, et Catherine Plewinski, en 1991.
Malia et ses coéquipières s‘imposent sur le 4X100 m nage libre dès la première journée des 27es championnats d'Europe de natation et clôturent la compétition en apothéose avec un troisième sacre continental sur le relais 4x100 m 4 nages. Au passage, elle s’octroie une médaille d’argent sur le 100 m papillon. Elle fait le plein de confiance.
Trois médailles d’or au championnat d’Europe grand Bassin, le bilan est exceptionnel et permet à Malia de surfer sur la bonne vague avant les Jeux Olympiques d’Athènes. Trois mois plus tard, la nageuse guyanaise remporte l'argent au 50 mètres nage libre aux Jeux Olympiques d'Athènes.
Une passion familiale
Dans le sillage de sa sœur Ismahane, à l’âge de 4 ans, la Cayennaise plonge dans le grand bain du club des Pacoussines, club de la capitale guyanaise. Malia rêve de faire comme son aînée. Férue de natation, Djamila, sa mère a transmis cette passion à ses trois enfants. Deux ans plus tard, la petite fille débute les compétitions. Pré-adolescente, elle s’entraîne deux fois par jour. La première séance est au lever du soleil, à 5h30. A sa majorité, elle quitte sa Guyane natale direction l’Hexagone. Elle surmonte les affres du climat et l’éloignement des siens pour atteindre ses objectifs. Licenciée au club des Dauphins du TOEC à Toulouse et logée à l’INSEP, elle nage 12 km par jour et enchaîne deux heures de musculation.
En dix ans, la Guyanaise connaît 9 succès consécutifs sur 50 m nage libre aux championnats de France et douze distinctions internationales. 2004 reste l’année de tous les exploits. Malia récolte une incroyable moisson de médailles, dont 4 titres de championne d’Europe, deux en individuel et deux aux relais 4x100 m nage libre. Sa deuxième place au 50 mètres aux Jeux Olympique d’Athènes demeure le point culminant de sa carrière. L’année suivante, aux mondiaux, elle obtient une médaille d’argent.
Dans le sillage de Malia, émerge à son tour son petit frère Medhy, champion du monde du 4x100 m nage libre et détenteur du record de France du 100 m papillon. Le 3 novembre 2009, la capitaine de l’équipe de France féminine met un terme à sa carrière.
En 2021, accompagnée de Théo Curin, athlète nageur paralympique et Mathieu Witwoet, militant écologique, elle traverse pendant onze jours le lac Titicaca à la nage, en tractant un radeau de 500 kilos. Cette incroyable aventure pour Malia Metella, femme de défis, devrait certainement appeler d’autres challenges à l’avenir.
Gestionnaire de patrimoine dans une société d’assurance, la Guyanaise Malia Metella a contribué à l’essor de la natation. La vice-championne olympique revient sur son parcours exceptionnel.