En plus de quelques membres de la Fondation, Françoise Vergès, militante féministe et autrice est venue s'exprimer sur l'écologie décoloniale. Elle a souhaité rappeler "que c'est en France aussi qu'il y a eu une externalisation de la pollution." Mais où en France ? En Outre-mer. Ces territoires "ont été absolument dévastés, que ce soit par le nickel en Nouvelle-Calédonie, l'or en Guyane, le chlordécone aux Antilles". Elle a dénoncé l'absence de la question de la conservation en Outre-mer.
Ecrire sur l'écologie décoloniale
Le vécu de Malcom Ferdinand l'a beaucoup influencé dans son approche des questions d'écologie. "Grandir sur une île, c'est grandir avec une confrontation direct aux limites d'une territoire", a-t-il déclaré, au début de sa présentation, à propos de sa terre natale, la Martinique. A travers ses idées, il souhaite inclure l'histoire coloniale dans la pensée écologiste.Il utilise l'arche de Noé pour illustrer ses propos. Pour lui, l'arche est une image salvatrice, sauf que "l'on occulte la sélection et on ne sait pas ce qui se passe à l'intérieur." Il met cette image en parallèle avec les navires négriers, très présents dans l'imaginaire des Amériques.
Si nous sommes dans un même bateau, nous ne sommes pas dans les mêmes conditions.
Alors il incite à se poser la question suivante : dans quel navire sommes-nous aujourd'hui ? Et pour lui, c'est ce navire tout entier qu'il faut changer.
"Franchement, je ne m'y attendais pas"
"Plus qu'un prix individuel, je pense qu'à travers ce choix, la Fondation pour l'Ecologie Politique indique finalement une contribution ou une manière de créer des alliances entre différents groupes pour penser la question écologique", a déclaré Malcom Ferdinand.Il rappelle aussi la richesse naturelle des Outre-mer, au niveau de leur biodiversité. "On ne va pas rester dans ce fantasme exotisant, il y a aussi des personnes qui y habitent". Pour lui, la meilleure façon de préserver l'écologie en Outre-mer est de respecter la dignité de celles et de ceux qui y vivent.
On n'est même plus habitués dans l'Hexagone à ce qu'il se passe en Outre-mer.
"Il fait un certain nombre de propositions pour penser un monde qui sort de la catastrophe écologique"
En remettant le prix à Malcom Ferdinand, Benoît Monange a souligné la richesse du livre, que ce soit sur le plan intellectuel et aussi de l'écriture, car l'auteur donne de lui dans son oeuvre. "On a vraiment trouvé que le livre "Une écologie décoloniale" était marquant pour l'état de la pensée écologiste à l'heure actuelle". Il a en effet noté la capacité de l'auteur a lier les questions d'inégalités raciales aux questions environnementale, pour permettre de penser la question écologiste d'une nouvelle manière.Un livre qui fait émerger d'autres voix, longtemps niees et bafouées, pour protéger la planète et l'égale dignité humaine... : bravo à Malcom Ferdinand à qui nous remettions ce soir le prix de la @fondationecolo pour son ouvrage "L'écologie decoloniale" pic.twitter.com/VScOsXOzDi
— Marie Toussaint 🌍🌏 (@marietouss1) February 4, 2020
Le choix du livre, c'était aussi une manière de porter l'attention sur les territoires d'Outre-mer et de bien voir, notamment au travers de la question du chlordécone un impact très fort d'une injustice environnementale qui a été en grande partie occultée en France métropolitaine.
Le politologue continuera de concentrer ses recherches sur les questions environnementales. Son prochain livre portera sur le chlordécone.