Raul Castro vient de céder la présidence de Cuba à Miguel Diaz-Canel, mais le révolutionnaire de 86 ans et son héritier de 58 ans veilleront à ce que l'héritage castriste survive à cette transition, même si des réformes sont aussi urgentes qu'indispensables.
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La sortie de Raul Castro, de grande portée symbolique puisqu'elle vient tourner la page de six décennies de pouvoir de la fratrie Castro, n'annonce pas de grands bouleversements sur l'île, du moins à court terme. Lors d'une passation historique jeudi, l'ancien et le nouveau président ont insisté sur la continuité du régime, qui sera notamment garantie par le maintien de Raul Castro à la tête du Parti communiste de Cuba (PCC), coeur du pouvoir cubain, jusqu'en 2021.
Miguel Diaz-Canel a même souligné dans son premier discours que "Raul Castro présidera aux décisions de grande importance pour le présent et l'avenir de la Nation". "Il n'y a pas d'espace pour une transition qui ignore ou détruit le legs de tant d'années de lutte", a-t-il insisté. De même, le Conseil d'Etat, l'organe exécutif suprême qu'il préside, a été partiellement renouvelé. Mais plusieurs représentants de la vieille garde comme Guillermo Garcia Frias, 90 ans, Leopoldo Cintra Frias, 76 ans, ou Ramiro Valdes, 85 ans, y sont encore solidement ancrés.
Le président sortant a profité de son allocution jeudi pour annoncer qu'une réforme constitutionnelle allait resurgir des cartons afin d'adapter la loi fondamentale "aux transformations politiques, économiques et sociales" du pays. Ce projet, qui pourrait faire l'objet de la création d'un poste de Premier ministre, sera soumis à référendum, mais Raul Castro n'a pas donné de délai. Et il a précisé qu'il ne s'agissait aucunement de "modifier le caractère irrévocable du socialisme", ni "le rôle supérieur du PCC".
"Le plus urgent est de lancer les réformes (...) de réunification monétaire et de décentralisation économique. Le plus complexe sera d'affronter les conséquences politiques de ces réformes et la pression en faveur d'autres changements qu'elles pourraient générer", juge l'expert cubain Arturo Lopez-Levy, professeur à l'Université du Texas Rio Grande Valley. Au sujet de la suppression de la dualité monétaire, un système unique au monde qui provoque depuis 1994 des distorsions dans l'économie, Raul Castro a avoué qu'elle donnait "de sérieux maux de tête" aux dirigeants cubains depuis plusieurs années.
A ceux qui anticipent une mutation de Cuba vers un modèle à la vietnamienne ou à la chinoise, M. Diaz-Canel a prévenu que "sous cette législature il n'y aura pas d'espace pour ceux qui aspirent à une restauration capitaliste". "Cette législature défendra la révolution et poursuivra son perfectionnement", rien de plus.
En attendant l'annonce de la composition du conseil des ministres, repoussée à juillet, se pose dès lors la question de la dynamique autour de laquelle s'articulera le duo au sommet de l'Etat cubain. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, le président du Conseil d'Etat et des ministres ne cumulera pas ses fonctions avec celles de premier secrétaire du parti unique.
"Evidemment le comportement de Raul sera observé à la loupe, mais s'il dénigre Diaz-Canel, cela sera vu comme un aveu de choix erroné, et donnerait l'impression de la remise en cause d'une transition. Raul a beaucoup investi en Diaz-Canel, et il a besoin qu'il réussisse", estime Paul Webster Hare, professeur de relations internationales à Boston et ex-ambassadeur britannique à Cuba.
Miguel Diaz-Canel a même souligné dans son premier discours que "Raul Castro présidera aux décisions de grande importance pour le présent et l'avenir de la Nation". "Il n'y a pas d'espace pour une transition qui ignore ou détruit le legs de tant d'années de lutte", a-t-il insisté. De même, le Conseil d'Etat, l'organe exécutif suprême qu'il préside, a été partiellement renouvelé. Mais plusieurs représentants de la vieille garde comme Guillermo Garcia Frias, 90 ans, Leopoldo Cintra Frias, 76 ans, ou Ramiro Valdes, 85 ans, y sont encore solidement ancrés.
Certains changements sur les rails
Dans ces conditions, "il est difficile d'imaginer qu'un changement et des réformes surviennent soudainement à un rythme accéléré", anticipe Peter Hakim, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington. Mais si une remise en cause du système est à exclure, des changements sont nécessaires, et certains sont d'ailleurs déjà sur les rails.Le président sortant a profité de son allocution jeudi pour annoncer qu'une réforme constitutionnelle allait resurgir des cartons afin d'adapter la loi fondamentale "aux transformations politiques, économiques et sociales" du pays. Ce projet, qui pourrait faire l'objet de la création d'un poste de Premier ministre, sera soumis à référendum, mais Raul Castro n'a pas donné de délai. Et il a précisé qu'il ne s'agissait aucunement de "modifier le caractère irrévocable du socialisme", ni "le rôle supérieur du PCC".
Economie encore stagnante
Ingénieur en électronique, Miguel Diaz-Canel n'est pas un spécialiste de l'économie, mais il aura pour principale charge de poursuivre les réformes instillant une dose d'économie de marché dans un système largement étatisé, où le salaire mensuel moyen ne dépasse pas 30 dollars. Cette "actualisation" esquissée avec Raul Castro doit impérativement être approfondie pour redresser une économie encore stagnante -- en dépit d'une hausse du PIB de 1,6% en 2017 -- et fortement dépendante des importations et de l'aide de son allié vénézuélien, aujourd'hui très affaibli."Le plus urgent est de lancer les réformes (...) de réunification monétaire et de décentralisation économique. Le plus complexe sera d'affronter les conséquences politiques de ces réformes et la pression en faveur d'autres changements qu'elles pourraient générer", juge l'expert cubain Arturo Lopez-Levy, professeur à l'Université du Texas Rio Grande Valley. Au sujet de la suppression de la dualité monétaire, un système unique au monde qui provoque depuis 1994 des distorsions dans l'économie, Raul Castro a avoué qu'elle donnait "de sérieux maux de tête" aux dirigeants cubains depuis plusieurs années.
A ceux qui anticipent une mutation de Cuba vers un modèle à la vietnamienne ou à la chinoise, M. Diaz-Canel a prévenu que "sous cette législature il n'y aura pas d'espace pour ceux qui aspirent à une restauration capitaliste". "Cette législature défendra la révolution et poursuivra son perfectionnement", rien de plus.
La composition du conseil des ministres en juillet
"Cela ne va pas se faire en deux jours", prédit le politologue cubain Esteban Morales, qui ne voit pas "Diaz-Canel se lancer immédiatement dans une série d'actions". "Le projet rencontre des difficultés, des déficiences. Il faut l'améliorer, le perfectionner (...) mais cela ne pourra pas être l'oeuvre d'un seul homme, il faudra beaucoup d'unité, de cohérence", ajoute-t-il.En attendant l'annonce de la composition du conseil des ministres, repoussée à juillet, se pose dès lors la question de la dynamique autour de laquelle s'articulera le duo au sommet de l'Etat cubain. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, le président du Conseil d'Etat et des ministres ne cumulera pas ses fonctions avec celles de premier secrétaire du parti unique.
"Evidemment le comportement de Raul sera observé à la loupe, mais s'il dénigre Diaz-Canel, cela sera vu comme un aveu de choix erroné, et donnerait l'impression de la remise en cause d'une transition. Raul a beaucoup investi en Diaz-Canel, et il a besoin qu'il réussisse", estime Paul Webster Hare, professeur de relations internationales à Boston et ex-ambassadeur britannique à Cuba.