Manifestation des soignants à Paris: les ultramarins mobilisés

Vaudreuil, Catherine et Wilfried, trois soignants d'origine antillaise qui ont participé à la mobilisation organisée jeudi 15 octobre à Paris.
Plusieurs centaines de personnels soignants se sont mobilisés à Paris ce jeudi 15 octobre, place Vauban, avant de partir en direction du ministère de la Santé. Ils exigent plus de moyens. Parmi les personnes mobilisées, des ultramarins, qui pensent aussi aux difficultés de leurs collègues là-bas.
Avec ou sans blouse blanche, plusieurs centaines de personnels soignants se sont mobilisés ce jeudi 15 octobre place Vauban à Paris. Les manifestants sont ensuite allés aux abords du ministère de la Santé, situé à environ 500 mètres. "Il faut armer les établissements de santé et d'action sociale": c'est ce qu'on peut lire sur une des banderoles où il est aussi inscrit: "des lits, des emplois, des financements". C'est ce que réclament aussi les ultramarins croisés dans le cortège.


"Je ne partirai pas là-bas parce que ça continue toujours"

Avec sa doudoune violette et son chapeau à carreaux noir et gris, Charlotte, d'origine guadeloupéenne, ne pouvait pas imaginer rater ce rassemblement. Celle qui est aide-soignante de nuit depuis 17 ans a tenu à faire le déplacement en faisant attention aux gestes barrière et en ayant bien son masque, coronavirus oblige. "On continue la lutte, c’est dans la rue qu’on gagne. Si on reste à la maison on n'aura rien, assure Charlotte. Et vu actuellement comment on travaille... Avec la crise sanitaire on est épuisé, on n'en peut plus."
 

C’est pour dire à Monsieur Macron qu’on n'en peut plus.

Charlotte, aide-soignante d'origine guadeloupéenne



Quand elle rentre chez elle, Charlotte est fatiguée. Heureusement, celle qui est aussi secrétaire du CHSCT de son établissement peut compter sur son mari qui l'aide beaucoup, "et mes enfants sont grands". Elle n'est pas retournée en Guadeloupe depuis 2015. Elle avait prévu de partir cette année, mais le coronavirus a changé ses plans. Pourtant, elle aimerait bien des vacances. "Ca me ferait du bien parce que justement, depuis la crise au mois de mars j’ai pris une semaine de vacances … Mais ce n’est pas suffisant. J’attends la fin d’année. Mais sûrement je ne partirai pas là-bas parce que ça continue toujours."
 


Une pensée pour les collègues ultramarins

Lorsqu'on demande à Wilfried son état d'esprit, il répond qu'il est en colère. Cet aide-soignant à l'hôpital Cochin à Paris est originaire de Martinique. "On est en colère parce que y’a des mesures liberticides qui sont mises en place. Mais ce n’est pas ça qui va améliorer les conditions de prise en charge des patients. Les conditions de prise en charge des patients seront améliorées le jour où les plans d’efficience s’arrêteront."
 

C’est pas tant le coronavirus qui est dangereux pour la santé, c’est surtout les plans d’efficience qui sont dangereux pour les patients.

Wilfired, aide-soignant d'origine martiniquaise


Wilfired pense aussi à la situation dans les Outre-mer, en particulier à la Guadeloupe où le CHU est sous tension.
 


"Ce sont de fausses économies"

Fabrice aussi pense à ses collègues ultramarins. Lui aussi est originaire de Martinique. Il est préparateur en pharmacie hospitalière et il souhaitait vraiment faire le déplacement. "C’est important pour soutenir tous les collègues des professions. Là ce qui se passe, c’est très compliqué. Au début c’était un problème de masque. Après on a parlé de tests. Maintenant on parle d’un manque de lits. Moi ça me parait aberrant parce que les lits, ils existent, ils sont là. Simplement les gouvernements successifs les ont fermés. Pourquoi ? Pour faire des économies. Mais en fait ce sont des fausses économies. Pourquoi ce sont de fausses économies ? Parce que là, regardez la crise dans laquelle nous sommes actuellement. Je pense que s’ils n’avaient pas fait ça en amont, on n'en serait pas là."
 


"La deuxième vague est là"

Parmi les personnes présentes dans le cortège, il y avait Pierre Kanuty, conseiller régional PS en Ile-de-France originaire de Martinique. Il a tenu à apporter son soutien car "la deuxième vague est là. On va vers un confienement sans le dire. Et elle est présente aussi bien dans l’Hexagone qu’en Outre-mer et c’est quelque chose de très très préoccupant."