Les marchés maintenus en Nouvelle-Calédonie mais fermés en grande partie en Guadeloupe

"Les marchés alimentaires doivent rester ouverts", écrit Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture dans un communiqué du 19 mars. En Guadeloupe, certains communes ont préféré les fermer tandis qu’en Nouvelle-Calédonie, ils sont maintenus.

 
Cette semaine, les commerçants forains ont reçu le soutien du ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Didier Guillaume: il faut que les populations confinées puissent manger des produits frais. Le gouvernement entend soutenir les petits producteurs quand les ventes de la grande distribution ont elles enregistré une hausse "jamais vue": +38% en une semaine selon l'indicateur de référence Nielsen.


►Fermetures en Guadeloupe

Mais certaines communes qui manquent de personnels, de placiers ou de barrières pour organiser les flux, ont déjà fermé leurs marchés pour minimiser les risques. C’est le cas en Guadeloupe.
 
Le marché de Bergevin à Pointe-à-Pitre, avant la fermeture décidée par la mairie.

Les municipalités ayant compétence pour autoriser ou non la vente sur ces espaces ouverts et publics, c’est à elles qu’il revient de mettre en place les mesures sanitaires nécessaires (marquage au sol, agents de régulation des entrées…). En Guadeloupe, les communes estiment qu’il est compliqué d’appliquer ces mesures de distanciation, en particulier sur des sites peu spacieux et habituellement très fréquentés.

Les unes après les autres, les municipalités prennent donc des arrêtés de fermeture des marchés agricoles (de détail ou de gros) situés sur leur territoire. Tous les marchés de Pointe-à-Pitre sont ainsi fermés à compter du 20 mars. Annulés aussi les marchés du Moule le mercredi, de Sainte-Anne le jeudi, du Gosier et des Abymes le vendredi.

Les précisions de Josiane Gatibelza, maire de Pointe-à-Pitre, au micro de Josiane Champion :

Josiane Gatibelza


Des petits producteurs privés de vente

La fermeture des marchés de détail dans les communes impacte fortement les petits producteurs guadeloupéens qui ne peuvent plus écouler leurs légumes. Installée section La Plaine à Capesterre-Belle-Eau, Sonia Lami-Etienne cultive des légumes hors sol qu’elle vend exclusivement sur les marchés du Moule et du Gosier, aujourd’hui fermés . Elle livre notamment 100 à 150 paquets de cresson chaque mercredi au Moule. Conséquence : ses produits vont pourrir sur pied :

Sonia Lami-Etienne, agricultrice


Des paniers livrés sur rendez-vous

Le Marché des Mornes, qui se tient habituellement le vendredi à Baillif, est lui aussi fermé, sur décision des agriculteurs qui le gèrent, regroupés au sein de l’ADARSUB (Association pour le développement agricole et rural du Sud Basse-Terre). Mais pour continuer à fournir les clients qui le souhaitent et ne pas perdre leurs récoltes, ces producteurs vont mettre en place des points de rendez-vous, pour livrer des paniers de fruits et légumes (comme ils l’avaient fait lors de la crise sociale de 2009). Clotaire Amélaïse, agriculteur à Baillif et président de l’ADARSUB :
Clotaire Amélaïse, président de l'ADARSUB, qui gère le Marché des Mornes à Baillif

Clotaire Amélaïse, ADARSUB


Le cas délicat de Gourde-Liane

Le marché de Gourde-Liane à Baie-Mahault constitue un cas particulier, puisqu’il s’agit d’un marché toléré, mais non officiel. Le parking du vélodrome régional abrite pourtant aujourd’hui le seul marché de gros pour les maraîchers de toute la Guadeloupe. C’est là que s’approvisionnent chaque semaine (les mardis et samedis de 8h à 13h) les revendeurs de fruits et légumes, primeurs et restaurateurs.

Le marché a fonctionné mardi 18 mars. Depuis, les responsables de l’association AREA (Association régionale des exploitants agricoles) qui gère ce marché, sont en pourparlers avec la mairie de Baie-Mahault et la Région, pour tenter d’obtenir une nouvelle autorisation pour le mardi 23 mars.        
   

►Maintien en Nouvelle-Calédonie      

En Nouvelle-Calédonie, à ce jour, les marchés ont été maintenus. C’est le cas du marché broussard de Ducos où les commerçants et les clients ont changé leurs habitudes. La chambre d'agriculture a pris des dispositions pour garantir la sécurité sanitaire de tous en régulant notamment le flux de visiteurs.

Des étals tournés vers l'extérieur, un nombre de producteurs limité à 45 au lieu de 80 : autant de dispositions pour garantir la sécurité sanitaire. Le marché apprécié par population locale a été maintenu afin de permettre le ravitaillement en produits frais. 

 
Priorité aux produits frais

Pour l'occasion, une quarantaine de producteurs prioritaires ont été sélectionnés : tous proposent des produits alimentaires frais et donc périssables, comme Claude, responsable de la ferme laitière de Sarraméa, venu proposer près de 200 litres de lait frais et des yaourts fermiers.


"On est déjà heureux de pouvoir venir jusque-là. On fait aussi les grandes surfaces et des petits commerces de brousse mais pas tous. On va s'inquiéter au jour le jour, on va faire avec, il faut écouler la production"
-Claude, producteur laitier
 

Respecter les gestes barrières

Les distances et les gestes barrières ont été respectés. Le dispositif pourrait être maintenu pour les prochains week-ends, mais rien de certain. La chambre d'agriculture suivra les directives en cas de confinement de la population. 

Regardez le reportage d'Anne-Claire Lévêque et Laura Schintu ci-dessous :
©nouvellecaledonie