Dans une question écrite au Bundestag cette semaine, l'AfD (Alternative für Deutschland) a appelé le gouvernement fédéral "à prendre position sur les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies selon lesquelles la France doit restituer l'archipel de Mayotte à l'Union des Comores". "L'AfD ferait mieux de s'occuper des problèmes de l'Allemagne et je suis fâchée de cette situation", a déclaré la dirigeante du RN à son arrivée. "Je vais leur expliquer la raison pour laquelle les Mahorais ont par trois fois déjà exprimé leur souhait d'être Français", a-t-elle ajouté.
Lors de la proclamation de l'indépendance des Comores, Mayotte a choisi de rester en France par deux référendums en 1974 et 1976. Un troisième référendum en 2009 a fait de Mayotte un département.
Un porte-parole de l'Afd, Matthias Moosdorf, a expliqué à l'AFP que son parti n'avait "pas imaginé que le RN serait contrarié par cette question", qui visait l'ambivalence, selon l'Afd, pratiquée par le gouvernement allemand sur les référendums d'autodétermination, ce dernier ne reconnaissant pas le résultat de celui organisé en Crimée en 2014. "Ce parallèle avec la Crimée est particulièrement maladroit", a jugé Mme Le Pen qui compte donner à ses alliés "quelques leçons de géopolitique".
Les relations entre les deux partis, qui siègent dans le même groupe "Identité et démocratie" au Parlement européen, sont tendues depuis la révélation d'un projet secret d'expulsion massive d'étrangers et de citoyens allemands réputés non-intégrés si l'AfD arrivait au pouvoir. L'affaire avait provoqué des manifestations d'ampleur contre l'extrême droite dans toute l'Allemagne. Et Marine Le Pen avait déclaré être "en total désaccord" avec cette idée.
"Wuambushu terriblement négatif"
En outre, sur les relations avec les Comores dont sont issus nombre d'immigrants arrivant sur Mayotte, Mme Le Pen a appelé à "siffler la fin de la récréation", les accusant de "vouloir récupérer Mayotte par la démographie". Elle a évoqué des mesures de rétorsion comme le gel des avoirs des dirigeants comoriens ou la suppression de visas.
Elle a déploré que le gouvernement n'ait "même pas engagé" d'action diplomatique envers les Comores, un "préalable absolument essentiel" dans le cadre de la lutte à mener contre l'immigration irrégulière et l'insécurité à Mayotte. Cinq jours après le lancement d'une opération "Mayotte place nette" sur l'archipel français de l'océan Indien, impliquant 1.700 gendarmes et policiers pour onze semaines, elle a accusé l'exécutif d'être "dans l'agitation, la communication".
"Les annonces, les Mahorais en ont soupé, ils veulent des résultats et (...) les résultats ne sont pas là", a-t-elle ajouté, estimant que le bilan de la précédente opération menée il y a un an contre l'insécurité, l'immigration irrégulière et l'habitat insalubre "Wuambushu" était "terriblement négatif".