La présidente du FN, qui souhaite rebaptiser son parti "Rassemblement national", avait longuement vanté la nécessité de nouer des alliances lors du congrès du parti le week-end dernier à Lille, notamment pour les élections européennes de 2019.
Alors que son parti renvoyait dos à dos LR et le PS depuis des années et dénonçait "l'UMPS", elle donne un signe d'ouverture inédit en direction de la droite.
"Passer au dessus des étiquettes partisanes"
A Mayotte, a expliqué Mme Le Pen jeudi sur CNEWS, "nous n'avons pas réussi à trouver de candidat, ce qui d'ailleurs m'a fait prendre une décision. J'ai entendu M. Kamardine (député LR de Mayotte, NDLR) à la commission des Affaires Etrangères, il a pris tout à fait conscience de la gravité de la situation de l'île"."C'est la raison pour laquelle, compte tenu de la gravité de la situation, je pense qu'il faut passer au dessus de nos étiquette partisanes et je souhaite que les électeurs qui m'ont fait confiance à l'élection présidentielle à Mayotte se reportent sur le candidat de M. Kamardine", a annoncé la présidente du FN, sans mentionner explicitement le parti Les Républicains.
"Reniement total" selon Philippot
Souhaitée par certains membres de LR, comme l'ex-ministre Thierry Mariani, cette alliance a une nouvelle fois été repoussée par l'état-major du parti jeudi soir."Comme déjà évoqué nous préférerons toujours perdre plutôt que de gagner grâce à une quelconque alliance avec le FN. Nos valeurs ne se négocient pas à travers des accords électoraux honteux !", a prévenu sur Twitter Virginie Calmels, vice-présidente de LR.
Comme déjà évoqué nous préférerons toujours perdre plutôt que de gagner grâce à une quelconque alliance avec le FN. Nos valeurs ne se négocient pas à travers des accords électoraux honteux ! Soutien total à notre candidat Elad Chakrina ! #Mayotte https://t.co/YWIVYyasnx
— Virginie Calmels (@VirginieCalmels) 15 mars 2018
L'ancien bras droit de Marine Le Pen Florian Philippot a immédiatement qualifié la position de Mme Le Pen de "reniement total". Pour lui, "hors de question de choisir entre un mondialiste LR et un mondialiste PS ou équivalent".
On y est donc. Le reniement est total. Mais si prévisible depuis des mois.
— Florian Philippot (@f_philippot) 15 mars 2018
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Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, y a vu le "premier signe concret" de la "nouvelle culture de l'alliance" de Mme Le Pen et dénoncé sur Twitter "une main tendue qui en dit long sur la dangereuse pente sur laquelle Laurent Wauquiez entraîne son parti".
Premier signe concret de sa nouvelle « culture de l’alliance » : @MLP_officiel soutient le candidat @lesRepublicains à #Mayotte.
— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 15 mars 2018
Une main tendue qui en dit long sur la dangereuse pente sur laquelle @laurentwauquiez entraîne son parti.
Plus d'un sympathisant FN sur deux soutient une alliance avec LR
Sept Français sur dix ne souhaitent pas que le Front national "s'allie avec la droite" dans l'avenir, mais le pourcentage des partisans d'une telle alliance progresse, selon un sondage Odoxa diffusé jeudi et réalisé avant l'appel de Mme Le Pen.Plus d'un sympathisant FN sur deux (55%, +9) soutient une telle alliance, qui ne trouve en revanche que 33% (-2) de partisans chez les proches du parti Les Républicains, selon cette enquête avec Dentsu Consulting, pour France Info et Le Figaro.
Wauquiez accusé de "courir après le FN"
Régulièrement accusé, notamment au sein de son propre camp, de "courir après le Front national", M. Wauquiez a récemment accompli une visite de plusieurs jours sur l'île où il a dénoncé un "abandon" du gouvernement, un terme repris jeudi par Mme Le Pen.Sur place, M. Wauquiez a prôné une remise en cause du droit du sol sur le territoire, une mesure souhaitée de longue date par Mme Le Pen, y compris pour la métropole.
Huit candidats pour l'élection législative
Huit candidats se présentent au premier tour de cette élection législative partielle de la 1re circonscription de Mayotte prévu dimanche, dans une île en proie à de graves tensions. Les barrages mis en place par la population pour protester contre l'insécurité et l'immigration clandestine sont restés en place jeudi.L'élection, en juin 2017, de Ramlati Ali face à M. Chakrina avait été invalidée par le Conseil constitutionnel qui avait estimé "altérée" la "sincérité du scrutin" en raison du "faible écart de voix" entre les deux finalistes. Première femme députée mahoraise, Mme Ali avait recueilli 7.992 voix contre 7.938 voix pour son adversaire.
Elue sous l'étiquette PS, elle était passée dans le groupe de La République en marche (LREM). Elle a récemment été mise en examen pour complicité de fraude électorale, en protestant de son innocence.