Le Martiniquais Mathieu Grébille oublie le confinement grâce au street art et à sa fille Lia

Mathieu chez lui en pleine création
Confiné à Montpellier, le Martiniquais, ailier gauche de l’équipe de France de handball, a trouvé de quoi s’occuper pendant cette crise sanitaire. Le street art et sa fille Lia ne lui laissent aucun moment de répit. Récit d’une double passion.
 

Dans cette crise sanitaire que nous traversons, certains sportifs ont tout le matériel à la maison, entre rameur, vélo d’appartement ou haltères. D’autres préfèrent s’occuper l’esprit en priorité. Mathieu Grébille fait partie de cette dernière catégorie. Paradoxalement, il a déjà connu des situations analogues, où, blessé, il a dû rester chez lui, sans bouger, pendant plusieurs semaines. Ce confinement n’est pas la chose la plus difficile qu’il ait vécu.

Effectivement j’ai connu pire avec mes blessures, étant obligé de rester chez moi parce que je ne pouvais pas du tout marcher, j’avais mal. Là, aujourd’hui, je suis obligé de rester chez moi, mais je suis en bonne santé et c’est pour éviter que d’autres personnes soient malades. Ce n’est clairement pas la chose la plus difficile qu’on m’ait demandé.

 

Handballeur tranquille

À demi-mot, Mathieu Grébille avoue ne pas avoir démarré illico presto le programme donné par le préparateur physique du Montpellier Handball. Mais il va le faire avec des séances de crossfit, notamment, qui vont lui permettre de s’entretenir.
le lob de l'artiste des parquets face à la Roumanie en Juin 2019
 

Papa poule et street artist

À Montpellier, le temps passe donc entre le confinement avec sa compagne Sandra dans un appartement muni d’une grande terrasse, la livraison de ses courses en drive. Le handball est mis un peu de côté, juste un peu. Et très vite se dresse un nouvel emploi du temps pour Mathieu, jeune papa de 28 ans d’une petite fille de 15 mois.

Si je n’avais pas d’enfant, j’aurais un million de choses à faire, écouter de la musique, regarder des spectacles comme celui de Fary, des séries sur Netflix  comme "How I met your mother" ou "Peaky Blinders. Mais comme j’ai la petite dont il faut occuper toute la journée, je me retrouve à dormir ou récupérer quand j’ai un peu de temps à moi, et surtout à dessiner.


Âgée d'un peu plus d'un an, la petite Lia est entourée de tout l’amour de ses parents. Son handballeur de papa en est déjà gaga. L’ailier de l’équipe de France fait des pyramides en carton avec elle, lui fait découvrir les livres, les animaux. Il joue sur la terrasse avec le petit vélo. Mais ce dont il est le plus fier est que sa fille sait déjà tenir un stylo entre les mains.

Lia tient très bien le stylo pour son âge, elle peint aussi, en fait ce qu’elle fait c’est un peu abstrait pour le moment, mais le plus beau est qu’elle sait dire papa maman.

 

Un héritage de Ducos en Martinique

Surprenant ? Pas tant que cela. En Martinique à Ducos où il vivait enfant avec une maman danseuse de modern jazz et un cousin guadeloupéen qui fait du graffiti, Mathieu s’est vite trouvé une âme d’artiste. Rony Bourgeois son cousin l’initie au graffiti pendant les vacances.

Aux Antilles, on est très américanisés, musiques, fringues et style etc… Au collège, j’ai vite adhéré à l’univers hip hop. Et le street art, c’était quand j’avais le temps et quand l’inspiration venait.

 
L'artiste qu’il est ne peut pas s’empêcher de penser qu’il a inculqué cela à sa fille, lui-même le tenant de son père très bon dessinateur. Tout s’explique donc.
 

Le déclic

En 2017 à Strasbourg survient le déclic. Alors qu’il se promène avec sa compagne dans les rues de la ville alsacienne juste avant Noël, il voit un magasin entièrement décoré avec des tableaux colorés de street art. Mathieu décide alors de s’y mettre plus sérieusement. D’abord en décorant son appartement, puis en rencontrant des artistes du street art, comme Salamech à Montpellier.
La rencontre de Mathieu avec le street artiste Salamech à Montpellier
 

J’ai acheté des Poscas, des feutres de peinture et je fais ça sur ma tablette, puis je projette mon dessin sur une toile que je repeins. Il faut être aussi concentré que dans un match de handball, c’est cool!


Une oeuvre pour la Maison du Handball

Postés sur son compte Instagram, ses premiers tableaux ont attiré l’œil de la fédération française de handball, qui lui a demandé de décorer une des salles de soins de la maison du handball à Créteil. Mathieu a presque terminé cette commande, très bleu blanc rouge. Et ce n’est sans doute pas fini.

"Je suis parti du coq français, puis je me suis inspiré de symboles du hand avec les lèvres rouges pour les filles, ou les mascottes du mondial Roc et Coulette. Au départ, j’avais fait du multicolore, ensuite j’ai vite nuancé autour du bleu blanc rouge, et j’ai rajouté des trucs décalés comme le fantôme et la fusée. Le résultat n’est pas mal, non ?"
 
Un tableau très bleu blanc rouge

L’artiste qu’il est devenu sur le terrain, avec ses arabesques d’ailier (alors qu’il était plutôt un fonceur au poste d’arrière gauche) l’est aussi dans la vie. Dans quelques années, Lia suivra peut-être le destin doré de son papa champion d’Europe et champion du monde. À moins qu’elle ne devienne une artiste. Au niveau inspiration, elle aura de qui tenir.

D’ici là le champion martiniquais lance aussi son appel aux fans de sport face à la crise du Covid-19 : 

Soyez patients, on ne va pas vers une reprise rapide, vu comme ça part, et la priorité n’est pas sur le handball. Restez chez vous, il faut faire ce qu’on nous a demandé en tant que citoyen. La santé des miens et de tous est primordiale.