Installé à Rouen depuis bientôt 20 ans, Philippe Gouyer-Montout dit Philo travaille avec les tambours de la Caraïbe. Un projet artistique qui s’est concrétisé cette année par la sortie d’un album, enregistré chez Dédé Saint-Prix.
Ses doigts battent toujours un rythme. Sur le comptoir de sa cuisine, une table et surtout sur son tambour Bèlè. Partout Philippe Gouyer-Montout fait vivre les musiques qui peuplent ses pensées.
Le Martiniquais, originaire de l’Anse Dufour, est un passionné du Bèlè, musique traditionnelle martiniquaise, venue des anciens esclaves de l'île. Avec les mains et le talon, il joue sur son tambour, à la recherche de la transe :
"Quand je joue, je m’évade, comme si je disparaissais de l’univers. C’est une sensation qu’on ne peut pas trop expliquer."
Un projet artistique pour faire vivre le Bèlè
Arrivé dans l'hexagone à Montpellier pour poursuivre des études de philosophie, l'artiste déménage par la suite à Rouen : "Je suis arrivé pour vivre à Rouen en 2001. À partir de là, j’ai commencé sérieusement à construire mon projet artistique Philo et les voix du tambour."
Philo et les voix du tambour, un projet artistique autour de trois percussions de la Caraïbe : le tambour Bèlè de la Martinique, le tambour Ka de Guadeloupe et les Tumbas cubains. Cette année marque la sortie du premier album, en février 2020, enregistré chez Dédé Saint-Prix, grand nom de la musique antillaise.
Philo a rencontré l’artiste il y a plusieurs années. Le maître de la musique Chouval bwa l’invite alors à travailler sur un album. Après quelques années, Philo saute le pas : "En 2018, j’appelle Dédé : 'Dédé, j’aimerais bien venir enregistrer chez toi, ça serait un rêve'. Et Dédé me répond : 'Quoi mais tu n’es pas encore là ? Qu’est-ce que tu fais ?'. Et voilà, ça c’est fait comme ça."
Un album en hommage à son village
"Ces voix qui disaient aux marins pêcheurs de tirer, de hâler vaillamment, courageusement le grand filet, le grand filet qui devait nourrir tout un village"
Dans ses chansons, les paroles sont des hommages à son village de pêcheurs, au Sud-Ouest de son île natale. C’est là qu’il a découvert le Bèlè, d’abord en observant son grand-père.
Philippe Gouyer-Montout défend et valorise le Bèlè traditionnel au sein de son projet. Mais qu’il veut en même temps transformer, pour créer un nouveau genre, qu’il nomme l’afrobeat de la Caraïbe : "Je développe une vision du bèlè, non pas excluante, mais résolument ouverte. Au bèlè, j’intègre d’autres composantes caribéennes : gwoka, jazz, éléments de nos racines africaines."
Retrouvez le portrait de Philo réalisé par Chloé Borgnon, Emmanuel Morel, Bernard Blondeel et Anne Le Quéau :