C'est une rentrée peu commune pour Johnny Hajjar. À 49 ans, le professeur de mathématiques dans un collège de Martinique foule pour la première fois les pavés de la Cour d'honneur du Palais Bourbon à Paris. "Je découvre les lieux avec beaucoup d'humilité et de sérénité", déclare le nouveau député martiniquais.
Samedi 18 juin, le Foyalais a été élu avec 58,7% des suffrages exprimés face à l'élu de l'Assemblée de Martinique, Francis Carole. Soutenu par la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES), Johnny Hajjar affirme qu'il siègera "clairement" à gauche dans l'Hémicycle. "Je ne sais pas encore où je vais siéger à l'intérieur de la NUPES. Nous avons une histoire commune avec le PS, mais il y a aussi les autres... Je prendrai ma décision dans peu de temps", précise-t-il.
Pour ce qui est du groupe "UTiles" imaginé par le député guadeloupéen Olivier Serva, Johnny Hajjar se veut prudent : "J'observe, j'essaie de ne pas me fier aux apparences. Il faut réfléchir avant d'agir, comme je le dis souvent à mes élèves. J'analyserai la situation pour avoir le meilleur positionnement."
Des valeurs humanistes et "césairistes"
Johnny Hajjar est une personnalité politique connue de Martinique. Membre du Parti progressiste martiniquais (PPM) depuis plus de 20 ans, le professeur des collèges est aussi adjoint au maire de Fort-de-France et secrétaire général du PPM. "J'ai une solide expérience politique, j'ai occupé des multiples fonctions locales. Je connais bien les rouages des institutions", affirme le nouveau parlementaire.
J'ai une philosophie de vie basée sur un idéal césairiste, humaniste et solidaire.
Johnny Hajjar
Autonomiste, le Foyalais compte bien faire valoir l'identité martiniquaise durant les séances à l'Assemblée : "Je pense que l'autonomie est la traduction de la réalité de notre territoire. Par rapport à notre situation géographique, nous sommes dans un environnement caribéen où nous devons pouvoir discuter, échanger et partager avec notre voisinage", précise Johnny Hajjar. Le député estime que le développement de la Martinique ne peut pas être celui de la France hexagonale et qu'il faut "faire valoir les capacités de développement du territoire martiniquais dans la République."
Nos réalités locales nous sont propres, ainsi que nos contraintes. Je conçois un développement au plus près de nos réalités, dans le respect de notre identité.
Johnny Hajjar
Sa mallette de député en main, le Martiniquais est désormais prêt à siéger dans l'Hémicycle. "Nous sommes français, c’est un symbole important que de recevoir cette mallette. Maintenant, je sais aussi que je suis martiniquais, donc ça reste un symbole", insiste-t-il.
Rentrer dans le vif du sujet
Après la visite du Palais Bourbon, Johnny Hajjar n'attend qu'une seule chose : exercer son rôle de parlementaire. "Je suis pressé de rentrer dans le vif du sujet des propositions, des rencontres avec les ministères et avec tous ceux qui travaillent pour la République", sourit-il. Néanmoins, il sent qu'un temps d'adaptation est nécessaire : "Il faut que je m’habitue à l'espace, que je puisse identifier les personnes-ressources en fonction de mes demandes..."