Celle qui a fait de la mode pour femmes petites sa spécialité a relévé pendant le confinement un nouveau défi : la confection de masques pour enfants pour la ville de Saint-Denis dans le 93. La Martiniquaise Méghane Monatus est entrée dans l'aventure grâce à un réseau de couturières solidaires.
Albane Lussien•
Vendredi dernier, elle a livré ses 300 premiers masques. Des masques pour enfants commandés par la ville de Saint-Denis (93). La créatrice de mode martiniquaise Méghane Monatus a intégré pendant le confinement un réseau de couturières et couturiers solidaires ( ils sont une quarantaine ) lancés dans l’aventure "Les savoir-faire solidaires de Plaine Commune", une “chaîne de confection artisanale” mise en place il y a un mois.
L’objectif de la chaîne "Les savoir-faire solidaires de Plaine Commune" est de fournir des masques alternatifs en tissu aux structures locales et de promouvoir les artisans locaux dont l'activité a pu être durement impactée par la crise sanitaire.
Ainsi, les couturières et couturiers sont rémunérés, 4 euros TTC par masque, en sachant qu’ils sont livrés en matière première. On leur fournit des “kits” qui contiennent chacun tout le nécessaire pour 50 masques.
Les masques sont ensuite vendus 7 euros aux collectivités. “Avec les 3 euros restants, on paie la matière, les ateliers de découpe, le lavage, le repassage, le conditionnement et la logistique générale", explique Laurence Tocco à l’origine de ce réseau.L’artiste plasticienne raconte: “J’en ai eu ras le bol de voir mes copines couturières faire des masques presque gratuitement… et puis il y avait ce constat que le gouvernement avait foiré”.
Se monte alors mi-avril une espèce de comité de pilotage. Avec l’aide de la Régie de quartier de Saint-Denis, l’association Artefact 93, Laurence lance le projet et bénéficie au départ d'une enveloppe de 10 000 euros fournie par Plaine commune ( le regroupement des communautés de communes du 93) : de quoi acheter les premiers rouleaux de tissus et rémunérer les postes de coordination.
Une boucle solidaire se forme. Laurence résume: “les masques sont fabriqués, contrôlés, lavés, repassés, mis sous pochette et livrés à vélo !” Et d’ajouter : “Maintenant, on livre aussi les petites structures (comme la librairie Folies d’encre à Saint-Ouen, ndlr) pour que les particuliers puissent aussi s’en procurer. Parce que c’est important pour les gens d’avoir un masque fabriqué sur leur territoire”
La tâche va en tout cas occuper encore quelque temps la créatrice qui a dû mettre entre parenthèse l’élaboration de sa nouvelle collection pour femmes petites. Pour l'instant, elle a conçu une dizaine de pièces.
Avant le confinement, j’étais moi-même déjà confinée depuis la mi-février parce que l’inspiration m’était venue! -Méghane Monatus
"Cela faisait un an et demi, voire deux ans que je n’avais pas créé, précise celle qui développe une mode pour les femmes petites. Entre temps, j’avais pris un travail de baby-sitter pour avoir des fiches de paie et trouver mon atelier."
Atelier qu’elle a enfin trouvé il y a un an, sur l’Île-Saint-Denis. C’est l’écrin que Méghane recherchait depuis longtemps. Un lieu où elle se sent bien. Elle s’y s’épanouit au point de se lancer de nouveaux défis... Et le dernier en date : habiller un homme... qui aime s'habiller en femme ! C'est une première pour Méghane. Elle s’y attelera après les masques.
► En bonus, regardez ce reportage consacré à Méghane Monatus, tourné par France Ô en 2016 :