Matières premières : l’Ukraine pousse le nickel [calédonien] à un nouveau record

Wagons de fret et de transport des métaux industriels bloqués en gare de Munich.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie et la multiplication des sanctions économiques contre Moscou faisaient flamber lundi les cours du gaz et de métaux comme le nickel, l'aluminium, le cuivre et le palladium, les poussant à de nouveaux records historiques.

Le nickel est proche d'atteindre ses sommets de 2007, et progressait de plus de 61% dans la journée, à plus de 48.550 dollars la tonne, au LME de Londres. 

Le nickel ukrainien paralysé

Aux dernières nouvelles, le blocus du port d'Odessa par la marine russe interdit toute importation de minerai à une grande usine de ferronickel dont la production tourne au ralenti, accentuant le risque d'approvisionnement des aciéries européennes de l'inoxydable.

Usine Pobuzhsky Ferronickel Ukraine, entre Kiev et Odessa

Eramet solidaire de l'Ukraine

Eramet, le groupe français de la transition énergétique, a décidé de contribuer aux actions humanitaires menées notamment par la Croix-Rouge par un don d'1 million d'euros pour venir en aide aux victimes du conflit en Ukraine.

Le Groupe, présent en Nouvelle-Calédonie par sa filiale SLN, grand producteur mondial de ferronickel, indique dans son communiqué ne pas avoir de salariés ni d'activités industrielles en Ukraine, ni en Russie.

La direction suit avec attention l'évolution de la situation et ses impacts sur les activités du Groupe. Eramet applique les sanctions mises en place par l'Europe et suit strictement les recommandations, quelles que soient les conséquences économiques indique la direction.

Flambée des matières premières

Le baril de Brent de la mer du Nord avait frôlé pour sa part les 140 dollars en début de séance asiatique, proche de son record absolu de 147,50 dollars atteint en juillet 2008, avant que les prix de l'or noir ne se calment un peu, a indiqué l'AFP

Les États-Unis et l'Union européenne "discutent très activement" de la possibilité d'interdire les importations de pétrole russe en réponse à l'invasion de l'Ukraine, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est cependant montrée plus prudente, évitant dimanche de mentionner des interdictions d'importation alors que la Russie fournit 40% du gaz consommé dans l'UE et encore davantage en Allemagne.

La peur de voir les approvisionnements en hydrocarbures et en matières premières encore plus limités dans un marché déjà en surchauffe a entraîné un "phénomène de panique (qui) a fait flamber les prix", résume Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

Le cours du gaz européen de référence, le TTF néerlandais, a bondi à un nouveau record, à 345 euros le mégawattheure (MWh). Vers 09H05 GMT (10H05 à Paris), il gagnait 45% à 280 euros.

Nickel : une hausse "monstrueuse"

Dans le sillage des prix de l'énergie, ceux des métaux produits en Russie grimpaient, l'aluminium dépassant pour la première fois la barre des 4.000 dollars la tonne tandis que le cuivre et le palladium ont touché de nouveaux plus hauts historiques à 10.845 dollars la tonne et 3.442,47 dollars l'once respectivement. Le nickel, dont la Russie est le troisième producteur mondial connait une "hausse monstrueuse", commentait un analyste de Marex en Asie. La Nouvelle-Calédonie est le cinquième producteur mondial. Le cours du métal est désormais en vue des 50.000 dollars, c'est historique.

La situation en Ukraine a aussi fait flamber l'or, valeur refuge qui a dépassé les 2.000 dollars l'once lundi matin, atteignant son plus haut niveau depuis septembre 2020.

LME Nickel le 07/03/22 cours provisoire 48.546 dollars/tonne (+61,56%)