Le mouvement de lutte contre l'insécurité à Mayotte, mené par une intersyndicale et un collectif, qui a paralysé l'île pendant six semaines, a considérablement affecté l'économie du territoire.
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A partir du 20 février, Mayotte a connu des manifestations de plusieurs milliers de personnes à Mamoudzou (chef-lieu), des ruptures fréquentes de la liaison maritime entre les deux îles principales, des opérations "île morte" et escargot. Le mouvement s'est durci au 1er mars avec plus d'une dizaine de barricades paralysant la majeure partie de la circulation routière, voire celle des piétons, et bloquant le port principal de l'île, tandis qu'un embargo sur le fret aérien était décidé.
Ses sept salariés auront un demi-salaire en avril et "ont peur" que la société mette la clé sous la porte, ce qui est "envisageable" en l'état, regrette-t-elle. "On n'arrive pas à se faire payer par nos clients et on ne peut pas payer les fournisseurs, on ne tourne toujours pas". "La grève nous tue", a déclaré Carla Baltus, la présidente du Medef local, à l'AFP. Début avril, l'organisation patronale affirmait que les "30.000 artisans et salariés du privé" qui font "vivre 200.000 personnes à Mayotte" sont "pour une majorité privés de revenus en mars".
Fin mars, une cellule de crise a été mise en place par la Chambre de commerce et d'industrie de Mayotte tandis que l'Iedom (Institut d'émission d'Outre-mer) propose désormais une médiation avec les banques.
"Il y a des dispositifs qui sont là mais c'est assez long" de les déclencher, "si vous n'avez de la trésorerie que dans deux mois, vous avez largement le temps de mourir", déplore Carla Baltus qui plaide pour des aides exceptionnelles et des fonds de solidarité. Selon elle, Mayotte représentait en 2017 le département français "qui avait le plus embauché proportionnellement", avec 1.700 emplois créés. "Ces emplois, on est en train de les perdre", se désole-t-elle, rejoignant le constat établi par l'Iedom : "L'exercice 2018 s'ouvrait sur une bonne trajectoire et (...) les observateurs anticipaient un nouveau raffermissement du climat des affaires. Le mouvement social général en début d'année, qui a entraîné (...) une crise de trésorerie sans précédent pour les entreprises est de nature à inverser la tendance". Selon la direction du Travail locale, en 2011, suite au mouvement de lutte contre la vie chère, 3.000 salariés ont perdu leur emploi.
"La grève nous tue"
Ces barrages ont été levés sur décision du préfet après six semaines, mais l'économie peine aujourd'hui à se remettre sur les rails. "Nos salariés étant de fait empêchés de se rendre à leur travail, les marchandises ne pouvant plus être livrées, notre activité est arrêtée", avaient alerté dix syndicats de patrons dans un courrier à la ministre des Outre-mer fin mars. "On a dû atteindre 4.000 euros de rentrée d'argent pendant le mois et demi de grève alors que, normalement, ce chiffre avoisine les 25.000 euros par semaine", témoigne une cheffe d'entreprise auprès de l'AFP.Ses sept salariés auront un demi-salaire en avril et "ont peur" que la société mette la clé sous la porte, ce qui est "envisageable" en l'état, regrette-t-elle. "On n'arrive pas à se faire payer par nos clients et on ne peut pas payer les fournisseurs, on ne tourne toujours pas". "La grève nous tue", a déclaré Carla Baltus, la présidente du Medef local, à l'AFP. Début avril, l'organisation patronale affirmait que les "30.000 artisans et salariés du privé" qui font "vivre 200.000 personnes à Mayotte" sont "pour une majorité privés de revenus en mars".
Médiation avec les banques
Selon la direction du Travail de Mayotte, au 18 avril, 255 entreprises (sur les 9.000 déclarées de l'île) ont déposé une demande de chômage partiel pour 3.629 employés, pour plus de 860.000 heures chômées. "Une partie immergée de l'iceberg" puisque de nombreuses entreprises n'ont pas la trésorerie suffisante pour avancer les salaires en attendant le remboursement dû par le dispositif de chômage partiel, tandis que d'autres, appartenant au secteur informel, ont certainement subi de plein fouet la crise mais ne peuvent se tourner vers les autorités pour demander de l'aide.Fin mars, une cellule de crise a été mise en place par la Chambre de commerce et d'industrie de Mayotte tandis que l'Iedom (Institut d'émission d'Outre-mer) propose désormais une médiation avec les banques.
Plusieurs mesures annoncées
Le préfet de Mayotte a annoncé début avril plusieurs mesures pour "permettre une reprise sans délais de l'activité", dont le décalage des paiements des frais de douanes, des moratoires sur les dettes fiscales et sociales des entreprises, la mise en place de prêts d'honneur, l'adaptation du dispositif type crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi à Mayotte, la récupération des heures perdues sans majoration, etc."Il y a des dispositifs qui sont là mais c'est assez long" de les déclencher, "si vous n'avez de la trésorerie que dans deux mois, vous avez largement le temps de mourir", déplore Carla Baltus qui plaide pour des aides exceptionnelles et des fonds de solidarité. Selon elle, Mayotte représentait en 2017 le département français "qui avait le plus embauché proportionnellement", avec 1.700 emplois créés. "Ces emplois, on est en train de les perdre", se désole-t-elle, rejoignant le constat établi par l'Iedom : "L'exercice 2018 s'ouvrait sur une bonne trajectoire et (...) les observateurs anticipaient un nouveau raffermissement du climat des affaires. Le mouvement social général en début d'année, qui a entraîné (...) une crise de trésorerie sans précédent pour les entreprises est de nature à inverser la tendance". Selon la direction du Travail locale, en 2011, suite au mouvement de lutte contre la vie chère, 3.000 salariés ont perdu leur emploi.