Mayotte : le gouvernement promet une "action ferme et déterminée" auprès du gouvernement comorien [Synthèse]

Après le rejet par les autorités comoriennes d'un bateau qui ramenait à Anjouan des clandestins expulsés de Mayotte, Paris promet une action "ferme et déterminée" auprès du gouvernement comorien. Déclaration de la ministre des Outre-mer à l'issue d'une réunion à Matignon. 
C'est Annick Girardin, la ministre des Outre-mer, qui l'a expliqué à la sortie d'une réunion à Matignon avec le Premier ministre concernant la situation à Mayotte, toujours paralysée après plus d'un mois de blocage. 

Le Premier ministre a déjà eu un contact avec le ministre des Affaires étrangères et a demandé que l'action auprès du gouvernement comorien soit ferme et déterminée. C'est ce qui sera fait dans les heures qui viennent. 

Annick Girardin, ministre des Outre-mer
 


La ministre des Outre-mer était en Facebook live sur La1ère :


Réaction du Quai d'Orsay

Dans le même temps, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a également réagi : 

La France déplore la circulaire du ministère des transports comorien qui interdit aux compagnies aériennes et maritimes de prendre à bord "toute personne considérée par les autorités qui administrent Mayotte comme en situation illégale".  Les termes de cette circulaire comme sa portée sont contraires à la relation que nous souhaitons entretenir avec les Comores. Nous avons immédiatement approché les autorités comoriennes pour que cette décision soit rapportée. 

- Agnès Von Der Mühll, porte-parole du Quai d'Orsay

La position des Comores

La crise diplomatique entre la France et les Comores a débuté mercredi 21 mars dans la soirée, lorsqu'un bateau ramenant 95 migrants clandestins à Anjouan en provenance de Mayotte s'est vu refuser d'accoster. Il a été renvoyé à Mayotte par les autorités comoriennes, en vertu d'une circulaire stipulant que "Pour des raisons de sûreté et de sécurité, il est interdit aux compagnies maritimes et aériennes (...) d'embarquer à destination des autres îles soeurs toute personne considérée par les autorités qui administrent Mayotte comme étant en situation irrégulière, et ce jusqu'à nouvel ordre". Voici cette circulaire : 


"La France n'a rien à faire à Mayotte"

Ce n'est pas la première fois que les Comores prennent ce type de décision. En 2008 et 2013, il y a déjà eu des différends diplomatiques de ce genre, réglés en quelques jours. Cette fois, le ministre comorien des Affaires étrangères déclare : 

Si la gendarmerie française n'est pas en mesure d'assurer la sécurité des gens, c'est catastrophique. Cela prouve que la France n'a rien à faire à Mayotte. Elle n'a qu'à nous rendre les clés.

- Mohamed El-Amine Souef, ministre comorien des Affaires étrangères.


Retour sur 43 années de relations diplomatiques tendues entre la France et les Comores, avec ce reportage de Mayotte la 1ère: 

©la1ere


Retour du bateau

Ce jeudi matin, le navire et ses 95 passagers était donc de retour à Mayotte, dans la rade de Dzaoudzi, comme a pu le constater le journaliste de Mayotte la 1ère Hakime Ali Saïd. 
©la1ere


Vive tension à Pamandzi

Dans les heures qui ont suivi le retour du bateau à Mayotte, décision a été prise par les autorités de loger provisoirement les 95 immigrés clandestins dans un gymnase de Pamandzi, ce qui a immédiatement provoqué une manifestation devant le gymnase. Le reportage de Mayotte la 1ère :
©la1ere

De son côté, le conseil municipal de Pamandzi a dénoncé, dans un communiqué, l'installation provisoire des clandestins dans un gymnase communal.. La réquisition du gymnase par la préfecture est "un affront à la population locale". Le conseil municipal "se désengage de toute responsabilité concernant l'accueil et la sécurité des personnes en situation irrégulière dans le gymnase de Pamandzi"

Réactions à cette crise

Dans le sillage du renvoi de ce bateau qui tentait d'accoster aux Comores et transportait selon lui "des immigrés clandestins de nationalité comorienne", le député de Mayotte Mansour Kamardine a appelé le gouvernement à des représailles immédiates, en arrêtant la délivrance de visa et de titre de séjour à tout ressortissant comorien par les consulats et préfectures de France. "La dernière fois que l'État comorien s'est agité de la sorte (...) la question a été réglée sans coup férir et en 48h par la suspension de la délivrance de visa au départ de Moroni", dit l'élu Les Républicains dans un communiqué.

Marine Le Pen a également réagi  : "Les Comores refusent de récupérer leurs compatriotes clandestins à Mayotte. Dans le quart d'heure, l'ambassadeur des Comores devrait être convoqué par les dirigeants français pour demander des explications", a déclaré la présidente du Front national. Selon elle, "s'il faut faire un bras de fer avec les Comores, eh bien faisons un bras de fer! Quand va-t-on enfin défendre nos propres compatriotes face à un comportement inadmissible des Comores ? Notre faiblesse est une incitation à ce type de comportement", a-t-elle ajouté.