La mosquée de Tsingoni à Mayotte, est la plus vieille mosquée de France. Extrêmement abimée par l'humidité, elle est actuellement en pleine rénovation et sera présentée aux Mahorais ce week-end pour les journées européennes du patrimoine.
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Faux plafond dégradé, infiltrations en saison de pluies, fissures, corrosion des éléments métalliques, moisissures dues à l'humidité et la poussière: l'ancienne salle de la plus vieille mosquée de France, celle de Tsingoni, à Mayotte, est en pleine rénovation. Dans l'ancienne capitale royale au centre de Mayotte, des fidèles à l'instar d'Abdillahi Salim continuent pourtant de faire leurs cinq prières quotidiennes dans cette salle aux murs blancs et bleu ciel. "C'est là que mon père et mon grand-père priaient. Je ne me vois pas prier ailleurs", insiste l'homme âgé d'une soixantaine d'années.
Un programme de rénovation estimé à deux millions d'euros, conduit par la mairie et soutenu par l'État est en cours pour cette mosquée classée aux Monuments historiques de France depuis 2016. Elle est la plus ancienne en activité en France. À Mayotte, département français de l'Océan indien, la majorité de la population (95%) est musulmane.
Mais "les fouilles de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) en vue de sa rénovation ont révélé une occupation du site dès le 13e siècle et l'existence d'un lieu de culte datant du 14e, ce qui en fait une contemporaine de Notre-Dame de Paris", s'enthousiasme-t-il.
C'est au début des années 1980 que les Tsingoniens ont pris conscience de l'architecture exceptionnelle qui a conduit à son classement aux Monuments historiques. "Son plan est spécifique, différent de celui des mosquées arabes. De plus, la présence de tombes autour de la mosquée, et donc à l'intérieur de la ville, marque une influence swahilie (zone côtière de l'Afrique de l'est du Kenya au Mozambique). Les tombes sont généralement installées à l'extérieur des villes arabes", explique Violaine Bressand, ingénieure chargée du patrimoine à la Direction des Affaires culturelles de Mayotte.
Les Tsingoniens pour leur part commencent à voir les conséquences du classement de leur mosquée. "Il y a de plus en plus de visiteurs. Un public scolaire, mais aussi des touristes. Cela participe au développement économique de notre territoire tout en sauvegardant l'aspect historique de la mosquée", affirme Ambass Ridjali. Une histoire qu'il racontera notamment lors des journées européennes du patrimoine qui se tiennent ce week-end.
Allergies
Badirou Abdou, la cinquantaine et élu de la commune, est plus à l'aise dans la nouvelle salle construite en 2004 à l'étage, où s'étalent des tapis rouges. "L'humidité, la poussière, le manque de ventilation, je ne supporte pas, j'ai développé des allergies. Et j'ai encore la forme pour monter les escaliers".Un programme de rénovation estimé à deux millions d'euros, conduit par la mairie et soutenu par l'État est en cours pour cette mosquée classée aux Monuments historiques de France depuis 2016. Elle est la plus ancienne en activité en France. À Mayotte, département français de l'Océan indien, la majorité de la population (95%) est musulmane.
500 ans
"Les inscriptions à côté du mihrab attribuent la construction de cette mosquée en 1538 par le sultan Insa. A part le côté ouest, l'architecture est restée la même depuis cette époque", explique Ambass Ridjali, directeur du service culturel de la commune de Tsingoni.Mais "les fouilles de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) en vue de sa rénovation ont révélé une occupation du site dès le 13e siècle et l'existence d'un lieu de culte datant du 14e, ce qui en fait une contemporaine de Notre-Dame de Paris", s'enthousiasme-t-il.
Corail et palétuvier
En ce moment, le bruit des marteaux-piqueurs se conjugue avec celui des pas des ouvriers sur les échafaudages placés autour du minaret. Ces derniers repeignent cette partie de la mosquée construite en 1994 et classée aux Monuments historiques en 2017. Le bulbe en cuivre, sur lequel repose un croissant de lune et une étoile, a été installé à la fin du mois d'août. Il remplace un dôme en béton qui se craquelait et risquait de s'effondrer. La fin des travaux est estimée pour fin 2020.C'est au début des années 1980 que les Tsingoniens ont pris conscience de l'architecture exceptionnelle qui a conduit à son classement aux Monuments historiques. "Son plan est spécifique, différent de celui des mosquées arabes. De plus, la présence de tombes autour de la mosquée, et donc à l'intérieur de la ville, marque une influence swahilie (zone côtière de l'Afrique de l'est du Kenya au Mozambique). Les tombes sont généralement installées à l'extérieur des villes arabes", explique Violaine Bressand, ingénieure chargée du patrimoine à la Direction des Affaires culturelles de Mayotte.
Augmentation des visites
"Il est également important de souligner que les constructions en dur sont assez rares à cette époque et réservées aux bâtiments à forte connotation sociale et symbolique. Le corail, ressource locale, a été employé pour la maçonnerie, ainsi que du bois de palétuvier pour les poutres, provenant de la proche mangrove", précise-t-elle.Les Tsingoniens pour leur part commencent à voir les conséquences du classement de leur mosquée. "Il y a de plus en plus de visiteurs. Un public scolaire, mais aussi des touristes. Cela participe au développement économique de notre territoire tout en sauvegardant l'aspect historique de la mosquée", affirme Ambass Ridjali. Une histoire qu'il racontera notamment lors des journées européennes du patrimoine qui se tiennent ce week-end.