"Pour la première fois, on va reprendre la main sur la démographie de Mayotte", se targue ce dimanche auprès de franceinfo Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, en visite depuis samedi dans le 101e département français.
Il juge "la situation très satisfaisante" dans l'archipel français, évoquant une reprise "du rythme d'expulsions vers les Comores et les autres États d'Afrique". Il affirme que "l'an dernier, 25.000 personnes" ont été expulsées de Mayotte, et promet que "cette année, ce sera plus et on va battre le record des expulsions".
Gérald Darmanin précise qu'en parallèle "grâce à une action coordonnée avec les Comores, il y a trois fois moins de kwassa kwassa qui viennent sur le sol" mahorais. "On aura expulsé plus cette année, trois fois moins de personnes viendront et pour la première fois, on va reprendre la main sur la démographie de Mayotte", se félicite-t-il.
Il souhaite "améliorer le développement des Comores et améliorer les visas". "Nous sommes d'accord pour que les Comoriens viennent à Mayotte et en métropole avec des visas et des papiers, mais arrêtons l'hypocrisie de l'immigration irrégulière", indique-t-il.
Faux certificats faits par des élus ?
Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer assure néanmoins qu'une "partie de la société mahoraise est complice de cette immigration irrégulière". "Toute la société mahoraise n'est pas exemplaire", dénonce-t-il. Le ministre évoque notamment "des faux certificats de paternité, des gens qui sont embauchés illégalement, des marchands de sommeil".
"Il faut aussi qu'ils fassent le ménage chez eux" et "c'est pour ça qu'on a mis beaucoup de moyens de police judiciaire pour les interpeller", explique-t-il. Il avance ainsi que les forces de l'ordre ont récemment interpellé "des personnes, notamment des élus de la mairie de Mamoudzou qui faisaient des faux certificats de paternité".
D'une manière générale, Gérald Darmanin estime auprès de franceinfo "qu'il faut désormais [...] qu'on soit beaucoup plus fort sur le judiciaire" à Mayotte "pour interpeller les filières [criminelles] et pas simplement pour rétablir l'ordre public, ce que nous avons fait".
"Il faut qu'on soit plus malin"
S'il a d'ores et déjà annoncé le prolongement de l'opération Wuambushu destinée à lutter contre la criminalité, l'immigration illégale et l'habitat insalubre, il a apporté des précisions : "1.800 gendarmes et policiers sont en ce moment à Mayotte et pendant un mois les choses vont continuer comme ça." Ensuite, les forces de l'ordre resteront présentes sur l'archipel mais il y aura "peut-être moins de gendarmes mobiles et un peu plus de gendarmes judiciaires".
Si les efforts se concentreront un peu plus sur le judiciaire, c'est parce que l'État s'est aperçu "que les filières criminelles s'organisent différemment devant la masse très importante de forces de l'ordre". "Il faut qu'on soit plus malin, qu'on s'organise davantage pour lutter contre la spirale de l'immigration irrégulière", lance le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.
Il rappelle que "la sécurité est la priorité numéro un de Mayotte". Ce n'est pas pour autant un "but en soi", mais plutôt "un moyen pour développer la vie économique, touristique et culturelle". Il considère en effet que "Mayotte est un archipel magnifique qui pourrait avoir cette activité touristique mais il ne l'a pas pour des raisons de sécurité".
275 bidonvilles détruits
Gérald Darmanin met aussi en avant la lutte contre l'habitat insalubre, qui est une autre des ambitions de l'opération Wuambushu avec la destruction de bidonvilles. Pour l'instant, "275 bidonvilles ont été détruits", selon le ministre qui réaffirme l'objectif "d'en détruire un millier d'ici la fin de l'année".
Il juge cette opération "importante car dans ces bidonvilles il y a un écosystème criminel, où il y a de la prostitution des mineurs, du trafic d'armes et où une partie de la population ne peut pas accéder". Il assure que s'il faut détruire ces bidonvilles, c'est aussi pour "reconstruire juste après du logement social et des lycées".