Mayotte : un "réseau de passeurs" de clandestins à l'aéroport impliquant des agents de la PAF

Un "réseau de passeurs" de clandestins, impliquant des agents de la police aux frontières de l'aéroport de Mayotte a été découvert, a annoncé jeudi le procureur de la République au cours d'une conférence de presse. 
 
Huit personnes "sont ou vont être mises en examen" dans cette affaire dont "une tête de réseau à Lyon", a précisé le procureur Camille Miansoni. Le 101ème département français subit une forte pression migratoire en provenance des îles voisines des Comores et a procédé en 2018 à plus de 15.000 reconduites aux frontières, selon la préfecture.
 

Des agents de la PAF impliqués ?

D'après les premiers éléments de l'enquête, des agents de la police aux frontières travaillant à l'aéroport de Mayotte "facilitaient le passage (...)" de clandestins munis de pièces d'identité "ne leur appartenant pas", afin qu'ils puissent se rendre en métropole ou à La Réunion, a expliqué le procureur.
Une instruction est ouverte, qui devra "déterminer l'ampleur du réseau", selon le magistrat.
 
Deux adjoints de sécurité de la police aux frontière (PAF) sont mis en examen pour "aide à l'entrée ou au séjour d'étrangers en situation irrégulière en bande organisée" ainsi que "corruption passive". Une autre personne chargée de "trouver (...) des candidats au voyage" et des "loueurs de pièces d'identité" - les documents utilisés étant de vraies pièces d'identité "prêtées" par des complices - serait également impliquée, ainsi qu'un "coordonnateur" général et un "trésorier". 
 

Un trafic juteux    

"Il y a des milliers d'euros en jeu, (...) c'est un véritable business", a dénoncé Camille Miansoni. Les passagers payaient entre 4.000 et 5.000 euros pour se voir fournir une pièce d'identité et obtenir un passage facilité aux contrôles de police. Les premiers soupçons sont apparus après que la police aux frontières à l'arrivée à Paris, a de nombreuses fois interpellé des étrangers en provenance de Mayotte, a révélé jeudi le directeur départemental adjoint de la PAF, Cyril Nadal.
    
Les passeurs encourent jusqu'à dix ans d'emprisonnement. "La lutte contre l'immigration clandestine, ce n'est pas seulement en interpellant les flux, il faut aussi casser les réseaux", a martelé le procureur de la République.