Les dossiers qui attendent Jérôme Malet, le nouveau sous-préfet chargé de l'immigration clandestine à Mayotte

Jérôme Malet lors d'une cérémonie d'hommage à Clermont-Ferrand en décembre 2023
Blocage du bureau des étrangers, camp de migrants à Tsoundzou, hébergements d'urgence : Jérôme Malet aura fort à faire à son arrivée à Mayotte comme sous-préfet en charge de la lutte contre l'immigration clandestine. Il remplace Frédéric Sautron, qui occupait ce poste depuis deux ans.

Mayotte a un nouveau sous-préfet en charge de la lutte contre l'immigration clandestine. Le Réunionnais Jérôme Malet a été nommé par décret le 22 novembre pour remplacer à ce poste Frédéric Sautron, qui devient secrétaire général adjoint chargé de la cohésion sociale et de la jeunesse à La Réunion. Si son prédécesseur a dû gérer d'épineux dossiers comme le démantèlement du camp de migrants du stade de Cavani, le nouveau sous-préfet a aussi du pain sur la planche.

Rideau de fer maritime et blocage du bureau des étrangers

À son arrivée à Mayotte, il devra notamment faire avec des services au fonctionnement perturbé. Depuis le 14 octobre, le collectif des citoyens de Mayotte 2018 bloque une nouvelle fois l'accès au bureau des étrangers de la préfecture. Les militants demandent l'arrêt de la délivrance des titres de séjours, faisant un lien entre l'immigration clandestine et l'insécurité dans l'île. Des étudiants étrangers avaient notamment interpellé le collectif, demandant la levée du blocage pour qu'ils puissent obtenir leurs visas pour étudier dans l'Hexagone.

Le collectif bloque le bureau des étrangers de la préfecture

Si Frédéric Sautron avait commencé à plancher sur le dispositif du rideau de fer maritime, Jérôme Malet aura l'occasion d'être le sous-préfet qui le mettra en place. Promis par Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur, ce dispositif prévoit notamment l'installation d'un ponton à Mtsamboro pour faciliter l'intervention des intercepteurs des forces de l'ordre. Deux barges seront déployées avec des radars au nord et au sud de Mayotte pour augmenter les capacités de détection.

Éviter un nouveau camp

Sur terre, pour éviter la constitution d'un nouveau camp, les autorités veillent au grain pour déloger les attroupements de migrants. "Si ces individus peuvent ponctuellement se regrouper par affinités ou par nationalité, aucun point fixe ou tentative de pose de bâches ne sera toléré en quelque point du territoire", s'était engagée la préfecture. Malgré les interventions de police, ces derniers restent nombreux à se retrouver à Tsoundzou 1. Ils se rassemblent devant le village relais, réquisitionné par l'État comme centre d'hébergement d'urgence pour les migrants en attente d'examen de leur demande d'asile.

Le groupe délogé a trouvé refuge dans un parc de Tsoundzou 1

Héberger les demandeurs d'asile de plus en plus nombreux

C'est l'enjeu de fond qui se joue depuis plusieurs années : les opérations de démolition de logements illégaux et insalubres se multiplient et il faut des places pour reloger les familles décasées. Or, le traitement administratif de l'immigration a évolué à Mayotte. Les Comoriens et les Malgaches étaient auparavant majoritaires dans les demandes d'asile, une proportion qui s'est inversée entre 2022 et 2023. 

Le nombre de demandeurs d'asile éligibles au statut de réfugié a donc augmenté, obligeant l'État a trouvé des solutions d'hébergement, notamment le temps de l'examen de la demande. Depuis un an, le gouvernement s'est régulièrement engagé à travailler avec les pays d'Afrique des Grands Lacs pour trouver des accords pour faciliter la reconduction des déboutés. Une nouvelle loi immigration est également en préparation pour début 2025, le 119e texte sur le sujet depuis 1945.

Un sous-préfet spécialisé en économie

Jérôme Malet, le nouveau sous-préfet en charge de l'immigration clandestine à Mayotte, sera donc au cœur de ces enjeux, qui pourraient être une découverte. S'il a été directeur de cabinet du préfet de l'Aisne, puis du Puy-de-Dôme, le Réunionnais a surtout commencé sa carrière sur des sujets économiques. Après un parcours d'ingénieur dans le secteur bancaire, il a été chargé de mission à l'agence de développement économique de La Réunion en 2013 puis, en 2019, conseiller économique auprès du préfet de la Réunion.