Menacés de mort, un policier réunionnais et sa famille espèrent une mutation, en vain

De La Réunion aux cités de Gennevilliers : qui est Guillaume, le porte-parole des policiers en colère ?
Un homme a été condamné à six mois de prison ferme, jeudi, à Nanterre pour avoir menacé de mort le policier réunionnais Guillaume Lebeau et sa famille. Agent de la BAC à Gennevilliers, le policier demande sa mutation depuis 2005, sans succès. Pourtant, il se sent désormais en danger.
Le box des accusés était vide, jeudi 6 juin, à la 16e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre. Bilel B., 20 ans, ne s'est pas rendu à son procès. Il a pourtant été condamné à six mois de prison ferme pour avoir menacé de mort un policier réunionnais et sa famille. A la tête de l'association MPC, (Mobilisation des Policiers en Colère), Guillaume Lebeau est agent de la Brigade Anti-Criminalité au commissariat de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine.
 

Un contrôle qui tourne mal

Les faits remontent à la nuit du 17 février, en banlieue parisienne. Un contrôle de police sur un véhicule tourne mal, Guillaume Lebeau et ses collègues de la BAC sont appelés en renfort. Dès leur arrivée sur les lieux, ils se font insulter. Bilel B. n'est pas visé par l'interpellation, mais il s'en mêle et frappe les policiers. Guillaume Lebeau est blessé.

"Tant bien que mal, on a réussi à l'interpeller. Une fois au commissariat, l'individu m'a menacé de mort et de représailles si je portais plainte contre lui, raconte le policier réunionnais à La1ère.fr. Il m'a expliqué avoir vu mes enfants à l'école, il savait où j'habitais". Inquiet pour sa famille, Guillaume Lebeau refuse de céder au chantage d'un "caïd de la cité". "Je savais qui si je ne déposais pas plainte, il en profiterait par la suite".
 

Interview de Guillaume Lebeau

 

Trois balles dans la boîte aux lettres

Ce jeudi, le procureur a requis huit mois de prison de ferme contre Bilel B. Finalement, il a été condamné à six mois de prison ferme et 600 euros de dommages et intérêts. Avant d'arriver au procès jeudi matin, Guillaume Lebeau a, lui, trouvé dans sa boite aux lettres une enveloppe avec trois balles de pistolets.

"Je me sens en danger. Les menaces planent toujours. Ma famille est inquiète. Ici comme à La Réunion, tout le monde vit dans la crainte qu'il nous arrive quelque chose", souffle le policier. Chaque jour, Guillaume Lebeau essaie d'être le plus présent possible à la maison pour "protéger sa femme et ses enfants". Il est aussi "malheureusement, armé le plus souvent possible".
 

Refus de mutation à La Réunion

Depuis 2005, Guillaume Lebeau demande sans relâche sa mutation à La Réunion. Cette fois, elle devient "vitale", selon lui. Mais la veille du procès, mercredi soir, il a reçu un mail de la DGPN, Direction Générale de la Police Nationale, lui indiquant que sa demande allait une nouvelle fois être refusée.

"Je ne sais plus comment et à qui demander pour que le ministère de l'Intérieur accède enfin à ma demande de mutation, se désole-t-il. C'est la seule solution pour nous mettre en sécurité et souffler. D'autant que cette année encore, le ministère a accepté la mutation de collègues qui étaient eux aussi menacés".
 

Une sanction ?

Pour Guillaume Lebeau, pas de doute, il paie sa "liberté de parole" et son engagement dans MPC (Mobilisation des Policiers en Colère). Il est l'un des co-fondateurs de l'association, qui dénonce les conditions dans lesquels les 144.000 fonctionnaires de police exercent leur profession. Déjà convoqué à l'IGPN deux fois depuis 2016 pour "manquement à son devoir de réserve", le policier réunionnais n'a pas été sanctionné. Pourtant, aujourd'hui, il vit cette situation comme telle.

Sur Twitter, Guillaume Lebeau écrit "s'il m'arrive quoi que ce soit dans l'avenir, sachez que ce ne sera pas un accident et je compte sur ma famille et sur vous pour ne rien lâcher et demander que la lumière soit réellement faite. Mettez les mis en cause devant leur responsabilité, face à leur inaction".