Le parquet de Cayenne a requis jeudi l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour "homicides involontaires et blessures involontaires" après la mort de trois militaires en Guyane en juillet 2019 lors d'une opération Harpie de lutte contre l'activité aurifère illicite.
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Le 17 juillet 2019, le sergent chef Edgar Roellinger, le caporal chef de 1ère classe Cédric Guyot, et le caporal chef Mickaël Vandeville, du 19e Régiment du Génie de Besançon, avaient trouvé la mort après être entrés dans une galerie dans le cadre d'une opération de destructions de puits et/ou galeries d'un site d'extraction d'or primaire illégal, dans le secteur Saint-Jean sur le Petit Abounami (sud-ouest guyanais). Cinq autres militaires avaient aussi été intoxiqués non mortellement.
L'hypothèse privilégiée des enquêteurs est une intoxication par le monoxyde de carbone émanant d'une galerie communiquant avec la galerie mortelle et qui avait été l'objet de deux opérations de destruction à l'explosif, le même jour. Le jour du drame, les trois militaires défunts s'étaient introduits vers 16h dans la galerie n° 6 du site, le second avait trouvé le premier inconscient, le troisième était venu à la rescousse. La galerie de 70 mètres était "obstruée par un éboulement 21 mètres après son entrée", selon le procureur.
"L'analyse effectuée par la direction générale de l'armement des différents types de gaz générés par la combustion des explosifs met en évidence la présence de monoxyde de carbone", a-t-il ajouté. Et "les expertises convergent vers une intoxication des militaires au monoxyde de carbone".
L'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane mobilise chaque jour plus de 500 soldats, gendarmes, douaniers, policiers ou gardes forestiers, déployés sur un territoire plus vaste que l'Écosse où sévissent environ 10.000 orpailleurs clandestins, souvent venus du Brésil.
Intoxication par le monoxyde de carbone
L'enquête, désormais confiée à un juge d'instruction, devra vérifier, précise le procureur de la République Samuel Finielz à l'AFP, si c'est "par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement", que l'opération militaire du 17 juillet en Guyane a abouti à la mort des trois militaires et aux intoxications des cinq autres.L'hypothèse privilégiée des enquêteurs est une intoxication par le monoxyde de carbone émanant d'une galerie communiquant avec la galerie mortelle et qui avait été l'objet de deux opérations de destruction à l'explosif, le même jour. Le jour du drame, les trois militaires défunts s'étaient introduits vers 16h dans la galerie n° 6 du site, le second avait trouvé le premier inconscient, le troisième était venu à la rescousse. La galerie de 70 mètres était "obstruée par un éboulement 21 mètres après son entrée", selon le procureur.
Double explosion
Plus tôt dans la journée, "une autre galerie, identifiée comme galerie n°5", avait "fait l'objet de deux destructions (...) à 11h30 puis à 15h15". "Les constatations" des "enquêteurs et des sapeurs-pompiers (...) à l'aide de fumigènes ont établi que la galerie n°5 communique avec la galerie n°6. Les gaz générés par cette double explosion ont par conséquent pu être présents dans la galerie n°6", au moment de l'intervention des trois militaires, qui devaient eux aussi diposer des charges explosives, a poursuivi le procureur."L'analyse effectuée par la direction générale de l'armement des différents types de gaz générés par la combustion des explosifs met en évidence la présence de monoxyde de carbone", a-t-il ajouté. Et "les expertises convergent vers une intoxication des militaires au monoxyde de carbone".
Protocole de sécurité
"Les investigations du juge d'instruction auront pour objectif de déterminer si les conditions de mise en oeuvre des protocoles militaires de sécurité applicables à ce type d'opération (...) ont été respectées ou pas", précise le procureur. Face au constat que les militaires ne portaient pas de masques respiratoires, le procureur a indiqué : "Si c'est effectivement l'un des sujets qui ont été évoqués dans le cadre de l'enquête préliminaire, c'est une question extrêmement complexe, qui sera du ressort du juge d'instruction, s'agissant d'équipements portés ou pas, en matière de réglementation".L'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane mobilise chaque jour plus de 500 soldats, gendarmes, douaniers, policiers ou gardes forestiers, déployés sur un territoire plus vaste que l'Écosse où sévissent environ 10.000 orpailleurs clandestins, souvent venus du Brésil.