Mine du futur : en Lorraine, Econick produit du nickel et des métaux grâce aux plantes

Scientifiques lorrains, calédoniens et australiens en Albanie pour étudier le mimosa jaune des Balkans, l'aspirateur à nickel.(Juin 2017)
On le sait, le nickel est extrait de mines et transformé dans trois grandes usines en Nouvelle-Calédonie. Mais on peut désormais produire de petites quantités de nickel à partir de plantes. Ce procédé intéresse les scientifiques et les industriels.
A Nancy comme à Nouméa la revégétalisation des sols miniers répond à un double enjeu. Nettoyer et revaloriser puis récupérer des métaux grâce aux plantes.
 

Daum, du cristal au nickel bio

C’est une usine plus que centenaire, une cristallerie française en Lorraine. Ici, on l’utilise tous les jours, le nickel. Le métal protège l’acier inoxydable contre la corrosion et il est l’un des principaux composants des batteries électriques, mais il a aussi de nombreuses autres propriétés…Des chercheurs français de l’université de Lorraine ont créé Econick, une start-up qui est un tout petit producteur de nickel. Ces scientifiques ont mis au point un procédé surprenant. La décoration de luxe est l’un des secteurs intéressés par le nickel écologique. Près de Nancy, la cristallerie Daum en utilise près de 100 kilos par an, pour ses créations. Mélangé à d’autres oxydes et aux ingrédients du cristal, le nickel bio permet d’obtenir une couleur grise avec une nuance bleutée. Un argument commercial qui permet de présenter un objet de luxe, un cristal teinté par du "nickel naturel", écologique...
©la1ere


Une plante jaune et son nickel

Cultivée en Albanie, l’Allysum Murale est une sorte d’aspirateur à nickel. Elle pousse sur des terres riches en métaux, ou sur d’anciens lieux de stockage de minerais à proximité de friches industrielles à la frontière de la Macédoine. Le "mimosa des Balkans", que l’on trouve aussi en Grèce et en Turquie, agit comme une sorte d’aspirateur, il puise le nickel dans le sol et le stocke dans ses tissus. Pour le récupérer, cette plante est d’abord transformée en cendres, dans un incinérateur. La chaleur est aussi récupérée pour chauffer le laboratoire, situé sur une ancienne friche industrielle près de Thionville.
 

Hydro-métallurgie des cendres

L’université de Lorraine possède une solide expertise dans l’étude des rapports biochimiques entre les plantes et les sols. Une expérience partagée avec les scientifiques calédoniens et qui porte sur les travaux de dépollution et de revitalisation des anciennes mines de Lorraine et de la Nouvelle-Calédonie. Et les sites aurifères en Guyane font aussi l’objet d’études environnementales. A Nancy, dans un laboratoire de l’université de Lorraine et du CNRS, après avoir lavé les cendres, on y ajoute l’acide sulfurique avant de neutraliser la solution. Un procédé finalement assez proche de celui utilisé dans l’usine hydro-métallurgique du Sud en Nouvelle-Calédonie. L’innovation a résidé dans la mise au point du procédé pour récupérer le nickel stocké dans la plante. Peu à peu, il apparaît en suspension dans le liquide, reste alors à le solidifier en ajoutant, notamment, de la soude. En quelques minutes, la chimie verte opère. Le nickel, une fois filtré, on obtient du sel et de l’oxyde de nickel pur. Cette technique de production de métaux à partir de plantes s’appelle l’agro-mine. Depuis le dépôt de leur brevet en 2016, les chercheurs ont lancé la start-up Econick. Une usine pilote pourrait voir le jour, tout est question de financement.


Des champs, des plantes, du nickel 

En Albanie, sur 1 hectare de culture, les scientifiques français réussissent à extraire 120 kilos de nickel. Longtemps sous-estimé, le potentiel des végétaux qui se nourrissent de métaux est loin d’avoir livré tous ses secrets. Les chercheurs lorrains et leurs collègues calédoniens, sont désormais sur la piste du platine, du manganèse, du zinc et du cobalt. L’agro mine est une activité industrielle et écologique prometteuse, un complément qui intéresse les industriels et les scientifiques en Nouvelle-Calédonie.