Presque deux fois plus de jeunes touchés par la dépression en 2021 par rapport à 2017. Ce chiffre avait fait l'effet d'un électrochoc lors de sa publication par Santé publique France, début 2023. Les 18-24 ans sont en effet 20,8% à avoir souffert d'un trouble dépressif en 2021 (soit environ un sur cinq), contre 11,7% en 2017.
La cause de ce bond ? La crise sanitaire. Dans les conclusions du rapport, il est en effet indiqué que "le stress causé par la Covid-19 et par les restrictions imposées pour la contrôler apparaissent comme des facteurs explicatifs majeurs".
Le bulletin ne donne les statistiques que pour les majeurs. Mais d'après l'Assurance maladie, près de 8 % des 12-18 ans souffriraient d’une dépression.
Pas de précision non plus par tranche d'âge dans les Outre-mer, mais les DROM semblent un peu plus préservés : en regardant l'ensemble des 18-85 ans, 12,5% environ ont vécu un épisode dépressif en 2021 en France hexagonale contre 8,4% dans les Outre-mer. Retrouvez ici le détail par territoire :
Cette enquête, réalisée à partir d'un sondage, a des résultats similaires à ceux des bases de données médico-administratives (soit les passages aux urgences), ce qui confirme leur validité. Mais c'est parfois compliqué d'avoir des données fiables à partir de questionnaires, surtout quand il s'agit de dépression, et encore plus chez les jeunes et les adolescents où cette maladie ne se manifeste pas de la même façon que chez les adultes.
La dépression, c'est quoi ?
Contrairement à une déprime ou une baisse de moral qui sont passagères, la dépression est une maladie psychique qui s'accompagne d'un dysfonctionnement social et d'une souffrance personnelle majeurs, avec des conséquences parfois dramatiques, rappelle l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Elle se manifeste par des symptômes principaux :
- Tristesse quasi-permanente et intense, anxiété marquée
- Perte d’intérêt pour les activités de plaisir habituelles
Et des symptômes secondaires :
- Perte d’appétit, souvent associée à une perte de poids
- Troubles du sommeil, avec souvent une insomnie en 2e partie de nuit
- Agitation ou ralentissement psychomoteur (gestes plus lents)
- Perte d'énergie, fatigue, souvent plus marquée le matin
- Dévalorisation de soi, idées de culpabilités inappropriées
- Des troubles de l'attention, de la concentration, de la mémoire
- Des idées noires de mort ou de suicide
Si une personne présente l'un des symptômes principaux et quatre secondaires, pendant au moins deux semaines, alors il est diagnostiqué comme souffrant d'un trouble dépressif caractérisé.
Ne pas confondre avec la crise d'ado
Ces symptômes sont communs aux adultes, enfants et adolescents. Mais chez ces derniers, d'autres signes existent qui peuvent masquer la dépression ou la faire passer pour une crise d'adolescence. Voici les signaux qui peuvent alerter :
- Plaintes physiques vagues et non spécifiques fréquentes (maux de tête, de ventre, douleurs musculaires...)
- Absences fréquentes de l'école ou baisse des performances scolaires
- Projet ou tentative de fugue
- Débordement de colère, irritabilité ou agressivité non expliquée
- Abus d'alcool ou de substances
- Isolement social, difficultés dans les relations
- Peur de la mort
- Sensibilité extrême au rejet et à l'échec
- Comportement à risque
En fonction de ces symptômes, on peut parler de dépression masquée ou hostile ou encore mélancolique.
La difficulté de diagnostiquer cette maladie chez les jeunes est accrue car les adolescents ne parviennent pas toujours à exprimer leur ressenti, étant soumis à des bouleversements physiques et hormonaux lors de cette période de leur vie.
Quelles en sont les causes ?
Une dépression peut être déclenchée par un événement brutal (décès, maladie présentée comme incurable, séparation...) ou par des traumatismes précoces, notamment affectifs ou sexuels.
Il peut aussi y avoir une disposition génétique : "On sait par exemple qu’un individu a deux à quatre fois plus de risque de présenter un trouble dépressif caractérisé au cours de sa vie lorsque l’un de ses parents a des antécédents de trouble dépressif", indique l'Inserm.
Le trouble peut également venir d'un dysfonctionnement du cerveau, plus précisément d'un défaut de communication entre les neurones.
Dans tous les cas, il s'agit d'une maladie qui se soigne, il existe de nombreux traitements médicamenteux et de thérapies, comme la psychothérapie mais aussi la sismothérapie ou la stimulation magnétique transcrânienne. L'important est d'aller consulter un professionnel de santé pour établir le bon diagnostic et trouver la bonne solution.